Atelier 26 : Scènes anglophones contemporaines (RADAC)
Responsables de l’atelier
Marianne Drugeon
Université Paul-Valéry Montpellier 3
marianne.drugeon@univ-montp3.fr
Aloysia Rousseau
Sorbonne Université
aloysia.rousseau@orange.fr
Elisabeth Angel-Perez
Sorbonne Université
elisabeth.angel-perez@paris-sorbonne.fr
L’ailleurs dans le dernier texte pour musique de Martin Crimp, Picture a Day Like This : Repenser l’exotique, délocaliser les arts : vers un humanisme universaliste et militant.
Biographie
Professeure de littérature anglaise (théâtre) à Sorbonne-Université, Elisabeth Angel-Perez a publié abondamment sur le théâtre moderne et contemporain. Ses domaines de prédilection sont théâtre et politique, théâtre du traumatisme, la voix au théâtre (Howard Barker, Edward Bond, Martin Crimp, Caryl Churchill, Jez Butterworth, debbie tucker green) ou encore les nouvelles modalités de la tragédie (Martin Crimp, Caryl Churchill, Tom Stoppard, Nick Gill). Sa dernière monographie s’intitule Le Théâtre de l’oblitération, essai sur la voix photogénique, un concept qui permet d’appréhender sous un jour nouveau les écritures qui frustrent le regard pour ne donner à voir que des voix. Elisabeth Angel-Perez a également traduit de nombreux textes pour le théâtre ou l’opéra (Barker, Crimp, Churchill, Gill, Harrower, Kirkwood, Mamet, Payne, etc.).
Abstract à venir
Lisa Bertucco
Sorbonne Université
lisa.bertucco6@gmail.com
Stratégies politiques de déplacements dans salt. de Selina Thompson (2017) et stoning mary de debbie tucker green
Les questions de déplacements de frontières sont centrales à salt. de Selina Thompson (2017), où la dramaturge retrace la route du commerce triangulaire et exhume sur scène le passé colonial du Royaume-Uni, et stoning mary de debbie tucker green (2005), qui montre une violence cyclique à travers la figure de mary, qui tue l’assassin de ses parents et est condamnée à la mise à mort par lapidation. stoning mary opère un déplacement critique dans la mise en scène, puisque la dramaturge transpose des problématiques associées, dans l’imaginaire collectif, à l’Afrique subsaharienne (inégalité d’accès aux soins pour le SIDA, peine de mort légale, enfants soldats), sur des corps blancs – un déplacement d’identité accentué par la langue dans laquelle les acteurs blancs s’expriment, qui reproduit l’accent jamaïcain. Chez Selina Thompson, ces déplacements se situent principalement au niveau de la forme : salt. oscille entre pièce de théâtre et performance sans jamais se situer précisément dans l’une de ces catégories, jouant ainsi sur la porosité des formes. Nous voulons démontrer ici que les frontières floues de salt. cherchent à appuyer un flou identitaire : la dramaturge met en scène son récit personnel au sein d’un récit collectif, celui de la diaspora, et tente d’y trouver sa place en tant que personne et artiste. Quant à debbie tucker green, elle s’inscrit dans l’esthétique théâtrale qu’Elisabeth Angel-Perez appelle « in-yer-ear », où la langue et la poétique prennent en charge le politique, un mouvement qui prend ses distances avec le « in-yer-face » en déplaçant le vecteur de la violence sur scène (du corps à la voix). Cette communication s’attachera donc à montrer en quoi ces pièces mettent en scène des stratégies de déplacements pour souligner la porosité d’une double frontière – celle de l’identité et celle de la forme théâtrale.
Biographie
Agrégée d’anglais, Lisa Bertucco débute cette année une thèse en théâtre contemporain à Sorbonne Université sous la direction du professeur Elisabeth Angel-Perez et d’Aloysia Rousseau. Ses recherches portent sur le concept de l’identité sur la scène britannique contemporaine, entre les identités manifestes et les identités collectives, et comment la forme dramatique évolue à l’aune de ce nouveau théâtre de l’identité.
Dominic Chamayou-Douglas
Université de Lille – Kent University
dominicdouglas@protonmail.com
Christopher Hampton as translator in the borderland between the UK and France
The Debatable Lands were a section of the border between England and Scotland which, during the 13th to the 16th century, remained outside of the control of the crowns to the North and South, instead being run by local clans, a law unto themselves. Susan Bassnett has used the Debatable Lands as an analogy to describe the space within which the translator must work, a type of no man’s land that exists along many borders. In this space a translator is trusted by neither side and yet responsible for bridging the lack of understanding between groups unable to communicate directly by transporting the text across the border, whether real or imagined.
A renowned writer and director, Christopher Hampton has been a presence on British stages for over fifty years. His oeuvre of original work is considerable but recently he has had more of an impact in theatre through his work as a translator and adaptor. Trained as a linguist in French and German, his work with French texts began with an adaptation of Les Liaisons Dangereueses, before becoming the long-term translator of both Yasmina Reza and Florian Zeller, achieving massive commercial and critical success in the UK and USA. Hampton’s success and renown is such that Zeller has recently chosen to debut his plays in London using a Hampton translation rather than in France in the original French. Due to the impact of these works, Hampton’s translations form a body of work representative, not only of these French playwrights, but more broadly of how contemporary French playwrighting is perceived on UK and US stages.
This paper will examine Hampton’s role as a translator of French playwrighting with the aim of assessing the fidelity, approach and style of translation in his more notable works. The translations will be compared to assess whether Hampton is adapting to each writer and play or whether traces of a Hampton-style may be detected across the translated pieces. Acting as a defacto emissary of French contemporary playwrighting, has Christopher Hampton accurately represented the source texts or, through a process of domestication, has a distinct Anglophone variant of these French texts been created?
Biographie
Dominic Chamayou-Douglas is a PhD Researcher at the Universities of Kent (UK) and Lille (Fr) whose areas of interest include contemporary playwrighting, translation, narratology and writer-technology interactions. He is a practicing playwright, translator and theatre maker whose work has been performed in the UK and France. He also co-founded and produced the Paris Fringe festival from 2016- 19, an international festival of contemporary theatre.
Marianne Drugeon
Université Paul-Valéry Montpellier 3
marianne.drugeon@univ-montp3.fr
Florence March
Université Paul-Valéry Montpellier 3
florence.march@univ-montp3.fr
Communication en binôme avec Florence March
Présentation de traduction collaborative – The Chibok Girls : Our Story/Les Filles de Chibok : notre histoire de Wolé Oguntokun
La pièce, créée à Lagos, Nigéria, en 2015, renouvelle le théâtre documentaire. Écrite à partir des récits de personnes enlevées par Boko Haram et de membres de leurs communautés, elle raconte la violence qui sévit au Nigéria, l’enlèvement et l’asservissement des lycéennes, les enfants soldats, les massacres de villages entiers et la dispersion des survivants.
Ce matériau brut est retravaillé par l’auteur : après une première partie proprement dramatique, composée de deux scènes qui rejouent l’enlèvement des lycéennes de Chibok et le situent dans le temps et dans l’espace, la deuxième partie consiste en un recueil de poèmes-monologues inspirés de témoignages. Écrit en vers libres dans une langue percutante, extrêmement rythmée, qui joue des résonances et multiplie les images aussi surprenantes que saisissantes, ce texte dur, violent, montre sans concession la barbarie dont l’homme est capable au nom d’une idéologie.
Pour le traduire, nous avons opté pour un travail en binôme, et avons collaboré avec Béla Czuppon, metteur en scène et comédien, spécialisé dans l’exercice particulier de la lecture à voix haute, attentif à la lettre des textes tout autant qu’à leur esprit.
Biographies
Marianne Drugeon est maîtresse de conférences en théâtre britannique contemporain à l’université Paul-Valéry Montpellier 3 et membre d’EMMA (Etudes Montpelliéraines du Monde Anglophone). Spécialiste du théâtre des XIXe-XXe siècles, elle a publié de nombreux articles sur Oscar Wilde, Samuel Beckett et Tom Stoppard entre autres, a co-écrit un ouvrage sur L’Importance d’être constant (Atlande, 2014) et édité Medieval and Early Modern England on the Contemporary Stage (Cambridge Scholars, 2021) Elle a co-traduit The Invention of Love/L’Invention de l’amour de Tom Stoppard avec Xavier Giudicelli (Nouvelles Scènes – anglais, PUM, 2022). Elle participe à de nombreuses expériences de traduction collaborative pour la scène et travaille sur le théâtre amateur et communautaire au Royame-Uni depuis les années 1970.
Florence March est Professeur en Théâtre britannique des XVIe et XVIIe siècles à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 et directrice de l’Institut de recherche sur la Renaissance, l’Âge classique et les Lumières, l’IRCL (UMR 5186 CNRS / Université Paul-Valéry / Ministère de la Culture). Elle travaille notamment sur les dynamiques contemporaines des héritages dans un monde globalisé. Elle a co-dirigé Shakespeare on European Festival Stages (Bloomsbury/Arden 2022). Parmi ses monographies figurent Shakespeare au Festival d’Avignon (L’Entretemps, 2012) et La Comédie après Shakespeare (Presses Universitaires de Provence, 2010). Elle est co-directrice de la revue internationale Cahiers Elisabéthains, co-rédactrice en chef de la revue en ligne Arrêt sur Scène / Scene Focus (OpenEdition) et traductrice à la Maison Antoine Vitez, Centre International de la Traduction Théâtrale.
Marianne Drugeon et Florence March ont intégré le comité anglophone de la Maison Antoine Vitez en 2015. Elles ont co-traduit en 2016 avec cinq autres traductrices (Dominique Hollier, Gisèle Joly, Aurore Kahan, Sophie Magnaud et Kelly Rivière) la pièce de Helen Benedict, Seules – Paroles de Soldates en Iraq qui a obtenu une bourse de la Maison Antoine Vitez et figure à son répertoire. Ensemble, elles ont co-traduit la pièce de Tom Stoppard, The Hard Problem/Au coeur du problème (Nouvelles Scènes – anglais, PUM, 2017)
Agathe Faucourt
Sorbonne Université
agathe.faucourt@etu.sorbonne-universite.fr
La question migratoire dans le théâtre de l’ère Trump : Repousser les frontières du théâtre politique chez Robert Schenkkan et Arian Moayed
Comment représenter sur scène la politique migratoire du gouvernement Trump pour mieux la critiquer ? À cette question les dramaturges Robert Schenkkan et Arian Moayed répondent de façon diamétralement opposée. En 2017, Schenkkan prend le chemin de la dystopie avec Building the Wall : à travers un dialogue à huis clos entre deux personnages fictifs – Rick, gérant d’un centre de détention à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, et Gloria, historienne afro-américaine venue chercher des réponses – la pièce laisse entrevoir les dérives néo-nazies auxquelles pourraient aboutir les mesures anti-migratoires du candidat républicain. Deux ans plus tard, Moayed choisit pour sa part d’exploiter le genre du théâtre documentaire dans The Courtroom: A Reenactment of One Woman’s Deportation Proceedings. Avec la compagnie Waterwell, il entre en contact avec des avocats spécialistes en droit de l’immigration et propose une « reconstitution » de la procédure d’expulsion d’une immigrée philippine, Elizabeth Keathley. Le texte est donc issu de la transcription de cette procédure mais il est également joué sur des scènes peu conventionnelles – telles que des tribunaux ou des écoles de droit, dans la tradition du site-specific theatre – avec une distribution quelque peu surprenante – de véritables juges viennent officier la cérémonie de citoyenneté qui vient clore la représentation. Tandis que Schenkkan pousse la fiction à son extrémité et prend ainsi le risque de verser dans la propagande, Moayed rejette tout excès de théâtralité et nous ramène fermement à la réalité. Dans un cas comme dans l’autre, la notion de frontière est donc thématisée, puis repoussée sur le plan générique. En s’appuyant à la fois sur les textes, leurs représentations, et leur réception, cette communication aura pour objectif d’explorer la frontière entre un théâtre politique fondé sur le primat de la fiction et un théâtre politique qui prétend donner à voir la vérité du monde réel.
Biographie
Ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, Agathe Faucourt a obtenu l’agrégation d’anglais en 2021. Pour son dernier mémoire de master intitulé « Le Théâtre du ricochet : le trumpisme à l’épreuve du féminisme sur la scène américaine chez Halley Feiffer, Aleshea Harris, Emily Mann et Heidi Schreck », elle a travaillé sur le potentiel renouvellement du théâtre féministe à l’ère Trump. Elle débute cette année une thèse sous la direction de Madame Élisabeth Angel-Perez et de Madame Julie Vatain-Corfdir à Sorbonne Université où elle élargit l’analyse à un ensemble de pièces créées et/ou mises en scène sous la présidence Trump et tente ainsi de repenser le lien qui unit le théâtre au politique.
Martine Pelletier
Université de Tours
martine.pelletier@univ-tours.fr
De Dancing at Lughnasa à Dancing in Corsica : Où une pièce irlandaise iconique traverse bien des frontières
Cette communication (qui s’inscrit dans un projet plus vaste d’étude de la diffusion et de la réception du théâtre de Brian Friel en France) s’attachera au double déplacement d’une œuvre iconique du théâtre irlandais, Dancing at Lughnasa (1990) du dramaturge irlandais Brian Friel, (1929- 2015) mise en scène à l’été 2023 en Haute-Corse par Nathanaël Maïni et devenu simultanément l’objet d’un long métrage documentaire.
Ballybeg, village fictif cadre de maintes œuvres de Brian Friel, est fortement inspiré de Glenties, la petite ville du Donegal où enfant, l’auteur allait passer ses vacances estivales dans sa famille maternelle ; à moins que par la magie de créateurs passionnés et au gré d’une aventure humaine extraordinaire, Ballybeg ne soit désormais un village de Haute-Corse nommé Rogliano…
Danser à Lughnasa est probablement l’œuvre du dramaturge irlandais la plus connue et la plus représentée en France avec notamment deux traductions publiées, plusieurs mises en scène, de celle d’Irina Brook (1999) à celle d’Eva Freitas (2023). L’année 2023 a vu le comédien et metteur en scène Nathanaël Maïni proposer aux comédiens de Cap in Scena, troupe d’amateurs de Rogliano, de monter Danser à Lughnasa ; la pièce a été jouée en Corse à l’été 2023 et a été invitée au théâtre An Grianan de Letterkenny (Donegal) pour une représentation exceptionnelle en français le 22 novembre 2023.
Le projet théâtral s’est rapidement doublé d’un projet cinématographique à l’initiative de Ramona Productions (en co-production avec Planet Korda Productions, Irlande), avec la réalisation d’un long métrage documentaire de Julie Bonan et Jean-Pierre Alessandri intitulé Dancing in Corsica (https://www.ramonaproductions.com/copie-de-bleau ) et actuellement en cours de tournage.
Ce film, nourri par la richesse et la puissance des réactions des comédiens de Rogliano à l’œuvre de Friel, vise notamment à mettre en lumière « une aventure humaine et collective (…) associant ce qui est usuellement dissocié, le « monde rural » et le « monde du théâtre », comment cette troupe, mue par une force d’adhésion aveugle et sauvage, appréhende et réinvente la culture en purs autodidactes. » (Dossier de Ramona Productions aimablement communiqué à l’auteur).
Cette communication (qui s’appuiera sur des échanges suivis avec Nathanaël Maïni et Jean-Pierre Alessandri) s’efforcera de cerner les caractéristiques et mécanismes qui permettent à cette œuvre de franchir les frontières et de se réinventer, comme c’est le cas ici, dans ce riche dialogue interculturel entre Corse et Donegal.
Biographie
Martine Pelletier est Maître de Conférences à l’Université de Tours et membre de l’équipe de recherche ICD (EA 6297). Elle est l’auteur du livre Brian Friel : Histoire et histoires publié par Septentrion en 1997 ainsi que de nombreux articles sur le théâtre irlandais contemporain pour diverses revues et ouvrages français et internationaux.
Elle a rédigé les préfaces aux dix traductions françaises par Alain Delahaye des pièces de Brian Friel parues aux éditions L’Avant-scène Théâtre (2009-2010).
Ses publications les plus récentes sont avec Carine Berbéri, le volume Ireland : Authority and Crisis, paru en 2015 dans la collection « Reimagining Ireland » chez Peter Lang et avec Valérie Peyronel le numéro spécial d’Etudes Irlandaises, « La Crise ? Quelle crise ? / Crisis? What Crisis?» (Hiver 2015).
Elle travaille actuellement à un projet de recherche sur la traduction, la diffusion et la réception de l’œuvre de Brian Friel en France.
Déborah Prudhon
Aix-Marseille Université
deborah.prudhon@gmail.com
Crossing Boundaries: A Graphic Novel on Stage in Tim Crouch’s Total Immediate Collective Imminent Terrestrial Salvation (2019)
In his plays, Tim Crouch explores and blurs the boundaries between the real here and now and the fictional elsewhere. He also bends generic boundaries to create hybrid objects: a show that is a cross between object theatre, a performance and a lecture (My Arm), a hypnosis act (An Oak Tree), a guided tour through an art gallery (ENGLAND), a falsely autobiographical play (The Author), and a one-man show which plays with the codes of stand-up comedy and virtual reality (Truth’s a Dog Must to Kennel).
This paper focuses on Total Immediate Collective Imminent Terrestrial Salvation (2019). As the members of the audience enter the theatre, they are seated on chairs arranged in two concentric circles. On each chair, there is a book. The play is presented as a collective act of reading. Members of the audience are invited to turn the pages together, follow the actors’ text and sometimes read a passage out loud. The story unfolds both on the page, in the form of text and illustrations, on stage and in the mental space of the audience. Salvation is a doubly hybrid theatrical object, as the play is at the crossroads of performance and collective reading, while the book itself is at the crossroads of play text and graphic novel.
In this paper, I examine the collaborative work of Tim Crouch and illustrator Rachana Jadhav. I explore the interactions between image, performance and text, and the impact on the audience’s experience, in order to show how Salvation crosses generic boundaries to celebrate the liveness and collectiveness of theatre.
Biographie
Déborah Prudhon enseigne à Aix-Marseille Université et est membre du laboratoire de recherche LERMA. Elle est l’autrice d’une thèse en études théâtrales, « Entre réel et fiction : les nouveaux théâtres anglais contemporains », soutenue à Sorbonne Université en 2020.
Elle a publié plusieurs articles sur le théâtre de Tim Crouch, co-organisé une rencontre avec le dramaturge et sa traductrice Catherine Hargreaves au Festival d’Avignon en 2023, et signé la préface de la traduction française de Truth’s a Dog Must to Kennel, publiée aux Solitaires Intempestifs.
Aloysia Rousseau
Sorbonne Université
aloysia.rousseau@orange.fr
La double casquette dramaturge/scénariste : la porosité des frontières entre scène et écran en Angleterre aujourd’hui
Cette communication propose d’explorer une tendance qui caractérise le théâtre anglais contemporain de ces dernières années à savoir une fuite des dramaturges vers le monde du cinéma. Si les raisons de ce transfert sont entre autres lucratives, il s’agira de s’interroger sur d’autre logiques à l’œuvre peut-être stylistiques/structurelles (l’écriture dramatique est-elle de plus en plus scénaristique ?), conjoncturelles (les dramaturges s’adaptent-ils à une attente d’un public de plus en plus féru de séries télévisées ?) ou culturelles (par comparaison avec les frontières hermétiques entre théâtre et cinéma en France par exemple).
Biographie
Aloysia Rousseau est Maîtresse de conférences à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université où elle enseigne la littérature britannique et américaine. Ses travaux de recherche portent sur le théâtre anglais contemporain (XXIe siècle principalement), sur le brouillage des catégories génériques et sur le lien entre esthétique, éthique et politique. Elle a récemment coédité le numéro de Théâtre/Public consacré aux scènes britanniques et irlandaises contemporaines (2021) ainsi que l’ouvrage The New Wave of British Women Playwrights (De Gruyter, 2023). Elle prépare actuellement une monographie consacrée au dramaturge Dennis Kelly (à paraître au printemps 2024 chez Routledge).
Eleanor Stewart
Avignon Université
eleanorcstewart25@gmail.com
Moving beyond borders at Britain’s National Theatre: Staging a migrant journey in « The Boy with Two Hearts » (2022)
By focusing on The Boy with Two Hearts, produced on the Dorfman stage in 2022, this paper seeks to discuss some of the ways in which the National Theatre transcends national borders. The play, adapted by Phil Porter from the autobiographical account by Hamed Amiri, tells the true story of the Amiris, an Afghan family forced to flee the Taliban after the mother, determined to fight for women’s freedom and agency, gives a speech in public in support of women’s rights and becomes the object of an execution order. First performed at the Wales Millennium Centre, it transferred to the Dorfman, reflecting the National’s attempts to engage with theatre companies and attract plays from outside London and beyond England’s borders. Being available on the NT’s streaming platform has also widened the play’s potential reach across the UK and beyond. The decision to include the Amiris’ story in their repertoire is part of the National’s drive to embody multicultural Britain, in its performance practices and subject matter and is testimony to the impact of migratory movements on the theatrical landscape. Performed by an Afghan cast, the play powerfully stages the family’s hazardous journey from Afghanistan and across several borders to make a new home in Cardiff, where the elder brother is cared for by the NHS. Ultimately, it represents a positive asylum story, challenging the narrative of marginalisation and victimhood.
The migration narrative follows a trajectory of forced departure, loss of home, periods spent in transit and periods of waiting, the process of “moving on” and finally successful relocation. The characters are in a state of spatial (evoked by border camps, detention centres and border crossings), temporal and emotional liminality until they official declare themselves refugees in the UK. The paper will demonstrate how the National’s production stages the experience of migration: physical theatre, creative captioning, musical interludes and video projections and lighting effects suggestive of different locations combine to give the audience a sense of the eighteen-month journey across continents and the immersive effect is reinforced by the use of both Farsi and English. Identity appears as a fragile, ever-changing concept and one which is often decided by cross-cultural encounters. The first half is punctuated by a series of border crossings where the characters have to either conceal themselves entirely or cancel their identity and negotiate a new one. The paper also discusses to what extent The Boy with Two Hearts contributes to our understanding of experiences of displacement through its staging of a range of emotions characteristic of migrant narratives. The use of the autobiographical reinforces the humanity of the story and by giving a human face to the often faceless refugee story, the play succeeds in arousing the audience’s compassion. It offers an alternative depiction to the one framed in political or legal discourse, at best in numbers and targets and at worst in dehumanising metaphors.
The Boy with Two Hearts stages a story of hope and, by giving voice to the voiceless, transcends boundaries. At the start of the play, Fariba’s defiant speech to the crowd in Herat (“This is not normal for me to stand on stage and speak my mind”) transgresses Taliban rules and triggers the family’s exile. However, by the end, the Dorfman stage has become a safe space where refugees have become subjects, can speak out and tell stories from their perspective. This production has the potential to recall Jill Dolan’s belief in the power of theatre as a communal process which can create moments of human connection between performers and the audience.
Nevertheless, it is also important to explain why this production is a timely reminder of how political events can influence the reception of a play. Although the events narrated took place in 2000, the press night coincided with the then Home Secretary Suella Braverman’s announcement of her plans to prevent asylum seekers reaching the UK via irregular routes. In the light of the current political discourse, staging the Amiri story takes on a new potency. The father’s relief on arrival in Dover (“This is it. Our safe haven. The UK!”), and the characters’ final direct address to the audience in which they express their gratitude to the NHS, the “circle of millions” who made them feel welcome, take on an uncomfortable irony. The overwhelming hospitality towards the Amiris represented in the play (the hostile experience of the UK detention centre is glossed over in the stage version) is at odds with the reality facing many refugees in Britain today.
Ultimately, the play marks a shift of so-called “minority stories” from the periphery to the centre. Collaboration on the script enabled the former refugee to contribute to the artistic production, marking a step towards greater visibility, recognition and integration within a national cultural institution.
Biographie
Eleanor Stewart is a lecturer in contemporary British civilisation and Anglophone theatre at Avignon University and member of the research group ICTT (“Cultural Identity, Texts and Theatricality”). Her research focuses on women and theatre and the relationship between theatre and politics in the 20th and 21st centuries. She has published articles on suffrage dramatists and contemporary dramatists (Rebecca Lenkiewicz, Lucy Prebble). She is author of the book La Nouvelle Femme dans le théâtre britannique: 1890-1814 (L’Harmattan) and has just written a chapter on suffrage comedies which will be published in the forthcoming Routledge Companion to Twentieth-Century British Theatre (edited by Catherine Hindson, Claire Cochrane, Lynette Goddard and Trish Reid).