Les notions de « frontières » et « déplacements », bien souvent pensées dans leur sens géographique, résonnent dans le monde anglophone comme synonymes de limites et franchissements de ces dernières. Les frontières, qu’elles soient des lignes limitatives imaginaires ou des obstacles géographiques physiques, appellent au franchissement de ces limites et donc au déplacement. Déplacement humain ou encore déplacement du regard, ce dernier semble une approche nécessaire pour le jeune chercheur en quête d’élaboration d’une recherche innovante et de qualité et ainsi faire naître une relecture d’un domaine ou d’un aspect.

Les axes de réflexion possibles autour de l’expression « frontières et déplacements » demeurent non exhaustifs que ce soit dans les domaines méthodologiques, pédagogiques, littéraires, linguistiques encore civilisationnels.

Le/La jeune chercheur.euse en études anglophones est forcément confronté à cette problématique de frontières et de déplacements dès le début de ses recherches. Quelles sont les limites du sujet (géographiques, bornes chronologiques, portée disciplinaire) ? Comment placer sa recherche dans la littérature existante de son domaine ? Un pas de côté (un déplacement) n’est-il pas nécessaire pour réactualiser une recherche préexistante ?

Autant de questions que le/la jeune chercheur.euse se pose quel que soit son sujet dans la perspective de devenir un chercheur confirmé dans un monde académique toujours en proie aux questionnements des normes et à l’étude du renouvellement, du dynamisme et de la fluidité des modèles d’une époque et/ou d’un domaine donnés.

Les propositions de 500 mots maximum, accompagnées d’une courte notice biblio-biographique, rédigées en français ou en anglais, devront être envoyées à l’adresse suivante (college.doctorants.saes@gmail.com) avant le 8 décembre 2023. Les Doctoriales sont une occasion pour tous les doctorants de nous enrichir de leur travail de thèse, que ce dernier s’insère dans le thème « frontières et déplacements » ou non. Si vous souhaitez nous parler de votre sujet, n’hésitez pas à envoyer également un abstract.

Formalités admistratives : Les doctorant.e.s retenu.e.s devront être membres de la SAES (et donc anglicistes) ET inscrits au Congrès en amont du 30 mai 2024 pour pouvoir participer aux Doctoriales.
Atelier "Association des Médiévistes Anglicistes de l'Enseignement Supérieur (AMAES)

Le texte général de cadrage est disponible à l’adresse suivante : https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

Responsables de l'atelier :
· Colette STÉVANOVITCH colette.stevanovitch@univ-lorraine.fr
· Fanny MOGHADDASSI f.moghaddassi@unistra.fr

Atelier "XVI-XVIIe"

L’atelier XVIe-XVIIe, placé sous l’égide de la Société Française Shakespeare, aura le plaisir de vous accueillir lors du 63ème Congrès de la SAES qui se tiendra à l'Université de Lorraine, sur le site de Nancy, du 30 mai au 1 juin 2024. Le thème choisi est celui de « Frontières & déplacements ». Le texte de cadrage peut être consulté ici, https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

Sur la période qui nous concerne, on pourra s’intéresser notamment aux questions suivantes :

· La frontière comme élément géographique et / ou géopolitique ; cartographie, paysages et territoires :
    • Frontières naturelles dans une large acception ; éléments topographiques : fleuves, montagnes, rivières, mais aussi les haies (enclosures), les chemins, routes, murs délimitant les domaines privés ; les forêts quand leur accès est limité ;
    • Espaces des confins ; espaces liminaux ; marges ; notion de borderspace (Shimanski) ;
    • Frontières dans l’espace urbain (frontières juridiques avec les juridictions de la Couronne, des municipalités, des paroisses) ; frontières dans l’habitat privé ; frontières physiques entre espaces publics et privés ;
    • Cartographie et iconographie : matérialisation des lignes et frontières ;
    • Perspective éco-critique : évolution des frontières naturelles ; frontières entre l’humain et le non-humain.
· Mobilités transnationales : habiter la frontière ; franchir les frontières. Qui franchit les frontières et comment ? (diplomates, armées, voyageurs, marchands, exilés et réfugiés, etc .) ; correspondances entre citoyens ; littérature de voyage, récits d’exploration.

· Frontières et déplacements littéraires :
    • Le franchissement des frontières sur la scène, la frontière comme élément dramatique (on pourra penser par exemple aux lignes naturelles entre la France et l’Angleterre dans Henry V, "two mighty monarchies/ Whose high uprearèd and abutting fronts/ The perilous narrow ocean parts asunder" ; aux lignes de partage qui divisent le royaume de Lear sur la carte déployée dès la première scène ; aux frontières locales et nationales dans Cymbeline) ;
    • Limites et spatialisation de la persona poétique ;
    • Les tropes comme déplacement du sens.

· Frontières génériques; frontières entre publications populaires et élitistes, entre imprimés et manuscrits ; le canon et ses frontières littéraires.

· Frontières religieuses ou intellectuelles – comment s’expriment-elles sur le territoire, dans l’espace physique et mental ?

· Géographie culturelle : déterritorialisation (Deleuze) ; hétérotopies (Foucault) ; frontières et identité ; construction de l'altérité et rapport à l'autre (dont approches postcoloniales, décoloniales, critical race studies...) ; frontières et "sentiment national" (Kennedy).

· Frontières linguistiques : bilinguisme et plurilinguisme , controverses sur la langue et son évolution ; variétés des langues (langue littéraire, commune, variations régionales) ; histoire de la traduction.

· Histoire matérielle : géographie des théâtres dans l’espace de la ville ; formes théâtrales à la cour; représentations théâtrales privées dans l’espace domestique (closet drama) ; typographie et imprimerie (manifestations de lignes de démarcation sur la page ; éditions bilingues ou multilingues) ; le rapport du livre à l'espace (espace intérieur du livre ; usages du livre dans l'espace privé ou public ; le voyage des textes) ; cadres (arts visuels) et formats éditoriaux.

· Études théâtrales, cinématographiques, et audio-visuelles: traduire et transmettre le théâtre de la première modernité par-delà les frontières des régions anglophones ; frontières sociales et culturelles : théâtre de la première modernité et lieux alternatifs (Shakespeare en prison) ; frontières physiques et accessibilité (disability studies) ; le théâtre en mouvement (Global Shakespeare).

Les propositions de communication (250 mots), accompagnées d'une courte bio-bibliographie, sont à nous adresser pour le 30 novembre 2023 : vuillem@unistra.fr, sophie.lemercier-goddard@ens-lyon.fr
Les doctorant.es sont chaleureusement encouragé.es à nous envoyer leurs propositions.

Lien vers le site du congrès: https://congres2024.saesfrance.org

Bibliographie indicative

Badcoe, Tamsin, Spenser and the Romance of Space, The Manchester Spenser (Manchester : Manchester University Press, 2019)

Blank, Paula, Broken English: Dialects and the Politics of Language in Renaissance Writings, (Londres, New York : Routledge, 1996).

Calvi, Lisanna and Maddalena Pennacchia (eds), "Shakespeare and European geographies : borders and power", Cahiers élisabéthains 108 (2022)

Coldiron, Anne, Printers Without Borders: Translation and Textuality in the Renaissance (Cambridge: Cambridge University Press, 2015)

Demetriou, Tania et Rowan C. Tomlinson (eds), The Culture of Translation in Early Modern England and France, 1500-1660 (Houndsmills, Basingstoke ; New York : Palgrave Macmillan, 2015)

Dimmock, Matthew, Elizabethan Globalism: England, China and the Rainbow Portrait (New Haven, CT : Yale University Press, 2019).

Drouet, Pascale, Shakespeare and the Denial of Territory: Banishment, Abuse of Power and Strategies of Resistance (Manchester : Manchester University Press, 2021)

Ellis, Roger et Liz Oakley-Brown, Translation and Nation: Towards a Cultural Politics of Englishness, coll. Topics in translation 18 (Clevedon, UK ; Buffalo, NY : Multilingual Matters, 2001).

Games, Alison, Web of Empire: English Cosmopolitans in an Age of Expansion, 1560-1660, coll. Oxford Scholarship (Oxford : Oxford University Press, 2008).

Gallien, Claire et Ladan Niayesh (eds), Eastern Resonances in Early Modern England: Receptions and Transformations from the Renaissance to the Romantic Period (Palgrave Macmillan, 2019)

Gillies, John, Shakespeare and the Geography of Difference (Cambridge : Cambridge University Press, 1994)

Hackett, Helen (ed.), Early Modern Exchanges: Dialogues Between Nations and Cultures, 1550-1750 (Londres, New York: Routledge, 2016).

Hadfield, Andrew, Literature, Travel, and Colonial Writing in the English Renaissance, 1545-1625 (Oxford : Clarendon Press, 1998)

Hampton, Timothy, Fictions of Embassy: Literature and Diplomacy in Early Modern Europe (Ithaca, Londres : Cornell University Press, 2009)

Helgerson, Richard, « The Land Speaks: Cartography, Chorography, and Subversion in Renaissance England », Representations, vol. 16, n° 1, 1986, p. 50‑85.

Henke, Robert and Eric Nicholson (eds), Transnational Exchange in Early Modern Theater (Aldershot, Burlington (Vt.) : Ashgate, 2008)

Hopkins, Lisa, Shakespeare on the Edge: Border-Crossing in the Tragedies and the "Henriad" (Aldershot, Burlington (Vt.) : Ashgate, 2005)

Houston, Chloë, New Worlds Reflected: Travel and Utopia in the Early Modern Period (Farnham : Ashgate, 2010)

Jowitt, Claire, Voyage Drama and Gender Politics, 1589-1642: Real and Imagined Worlds (Manchester ; New York : Manchester University Press, 2003)

Kennedy, William J., The Site of Petrarchism: Early National Sentiment in Italy, France, and England (Baltimore : Johns Hopkins University Press, 2003)

Lawrence, Jason, "Who the Devil Taught Thee So Much Italian?" Italian Language Learning and Literary Imitation in Early Modern England (Manchester : Manchester University Press, 2005)

Lefebvre, Henri, La Production de l'espace (Paris : éditions Anthropos, 1974)

Loomba, Ania, Shakespeare, Race, and Colonialism, coll. Oxford Shakespeare topics (Oxford ; New York : Oxford University Press, 2002)

Matei-Chesnoiu, Monica, Re-imagining Western European Geography in English Renaissance Drama (Londres : Palgrave Macmillan, 2012).

Mehely, Hassan, The Poetics of Literary Transfer in Early Modern France and England (Farnham, Burlington : Ashgate 2010)

Pirillo, Diego, The Refugee-Diplomat: Venice, England, and the Reformation (Ithaca, Londres : Cornell University Press, 2018)

Pratt, Mary Louise, Imperial Eyes: Travel Writing and Transculturation, 2e édition (Londres ; New York, : Routledge, 2007)

Prescott, Anne Lake, French Poets and the English Renaissance: Studies in Fame and Transformation (New Haven, Londres : Yale University Press, 1978)

Saenger, Michael, Shakespeare and the French Borders of English (New York : Palgrave Macmillan, 2013)

Sanders, Julie, The Cultural Geography of Early Modern Drama, 1620-1650 (Cambridge : Cambridge University Press, 2011)

Schimanski, Johan and Stephen Wolfe (eds), Border Poetics De-limited (Hanovre : Wehrhahn, 2007)

Schimanski, Johan and Stephen Wolfe (eds), Border Aesthetics : Concepts and Intersections (New York, Oxford : Berghahn, 2017)

Shrank, Cathy, Writing the Nation in Reformation England, 1530-1580 (Oxford, New York, Auckland : Oxford University Press, 2004)

Soja, Edward, Thirdspace: Journeys to Los Angeles and Other Real-and-Imagined Places (Londres : Blackwell, 1996)

Thomson, Ayanna (ed.), The Cambridge Companion to Shakespeare and Race (Cambridge : Cambridge University Press, 2021)

Wyatt, Michael, The Italian Encounter with Tudor England: A Cultural Politics of Translation (Cambridge : Cambridge University Press, 2005)

Atelier "SEAA XVII-XVIII"

À l'occasion du prochain congrès de la SAES, qui aura lieu du 30 mai au 1er juin 2024 à l'Université de Lorraine (Nancy), l’atelier de la Société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles accueillera des communications portant sur le thème retenu cette année, « Frontières & Déplacements ».

Le texte de cadrage est disponible à l'adresse ci-dessous :
https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

Les propositions de communication, en français ou en anglais, d’une longueur de 250 mots environ, ainsi qu’une courte bio-bibliographie (250 mots maximum), sont à envoyer simultanément à Nathalie Collé (nathalie.colle@univ-lorraine.fr) et à Pierre Lurbe (pierrelurbe@gmail.com) avant le 8 décembre 2023.

Les travaux qui seront présentés dans le cadre de notre atelier ont vocation à être publiés, après expertise selon la procédure habituelle, dans la Revue XVII-XVIII. Les articles soumis pour publication devront respecter les normes de rédaction figurant sur le site de la Revue (https://journals.openedition.org/1718/700). Ils seront accompagnés d'un résumé en anglais et en français, de 5 mots-clés en anglais et en français, ainsi que d'une courte notice bio-bibliographique, et devront être remis à cette adresse: rseaa@1718.fr avant le 1er novembre 2024.

Atelier "Société d'Études Victoriennes et Édouardiennes (SFEVE)"

À l'occasion du prochain congrès de la SAES, qui aura lieu du 30 mai au 1 juin 2024 à l'Université de Lorraine, l’atelier de la Société Française d'Études Victoriennes et Édouardiennes (SFEVE) accueillera des communications portant sur le thème général du congrès, « Frontières et déplacements ».

Le texte général de cadrage peut être consulté à l'adresse suivante :
https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

Les propositions de communication, en français ou en anglais, de 300 mots environ, ainsi qu’une notice biographique, sont à envoyer à Laurence Roussillon-Constanty (laurence.roussillon-constanty@univ-pau.fr) et à Fabienne Moine (fabienne.moine@wanadoo.fr) avant le 30 novembre 2023.

Une sélection d’articles sera publiée dans le volume 101 des Cahiers Victoriens et Edouardiens au printemps 2024.

Atelier "Société d'Études Anglaises Contemporaines (SEAC) / La Nouvelle de langue anglaise"

In Ali Smith’s Spring (2019), a character proposes a redefinition of the border: “What if, the girl says. Instead of saying, this border divides these places. We said, this border unites these places. This border holds together these two really interesting different places. What if we declared border crossings places where, listen, when you crossed them, you yourself became doubly possible” (196). Our workshop at the 2024 SAES conference proposes to explore the paradoxical nature of the border (which can be geographical, political, social, mental, generic, aesthetic, linguistic, stylistic, narratological etc…) as a line which marks a separation but may nevertheless be crossed. The title of Salman Rushdie’s collection of essays Step Across this Line (2002) specifically draws attention to the close bond between the border and its transgression, reminding us that the discreet or triumphant pleasure of illicit crossing cannot be experienced unless the line has previously been drawn. The border may therefore be considered as both rigid (corresponding to Deleuze and Guattari’s molar lines or lines of segmentarity) and shifting (opening onto lines of flight and deterritorialization), constraining and challenging, necessary and dispensable.

In her analysis of borderline stories (“Explorer la frontière” in the original French title), Diane Gagneret confirms the ambiguity of the border which both includes and excludes (12) and refers to Quaderni’s 1995 special issue “Penser la frontière” in which Yves Winkin and Tomke Lask define the border as Janus-like: “objet à double face […] la frontière contient autant qu’elle repousse” (60). In his Theory of the Border (2016), Thomas Nail also highlights the two interlinked dynamics of the border as “expansion” and “expulsion” (21). This ambivalence is emblematized by the distinction between the frontier as limes (a hermetic boundary that prevents any crossing) and as limen (a porous border or threshold). On the one hand, borders impose order (b/ordering to use Anna Krasteva’s split term) and tend to “other” whatever or whoever stands on the other side (see Henk van Houtum and Ton van Naerssen, “Bordering, Ordering and Othering”, 2002). In The Origin of Others (2017), Toni Morrison mentions “[t]he spectacle of mass movement [which] draws attention inevitably to the borders, the porous places, the vulnerable points where the concept of home is seen as being menaced by foreigners” (94). On the other hand, as mentioned above, borders may authorize or even encourage crossing and transgression, making it possible to revisit concepts related to margins and center.

Often perceived as key notions within the fields of postmodernism and postcolonial studies, borders, migration and globalization permeate earlier literary and artistic contexts, and particularly modernism. Assessing in 2008 the evolution of modernist literary scholarship over the previous decade, Douglas Mao and Rebecca L. Walkowitz made it clear that “there can be no doubt that modernist studies is undergoing a transnational turn” (738). Although modernism had long been associated with exile or expatriation (a swarm of figures immediately come to mind, among whom Henry James, T. S. Eliot, F. Scott Fitzgerald, Ezra Pound, James Joyce or Ernest Hemingway, to mention but the most famous of the modernist “émigrés”), Mao and Walkowitz insisted that the recent transnational turn of modernist studies was truly innovative in its avoidance of Eurocentrism and tended to “globalize modernism both by identifying new local strains in parts of the world not always associated with modernist production and by situating well-known modernist artifacts in a broader transnational past” (739). Such “increasing emphasis on transnational exchange,” they predicted, “is […] crucially transformative and will certainly remain so for many years” (738). A decade and a half later, one must admit the prediction has not been proven wrong and that the focus on transnationalism and border crossing is still very much alive in modernist studies, as evidenced by the topic of the 2022 EAM (European Network for Avant-Garde and Modernism Studies) conference – Globalising the Avant-Garde – or by the incoming publication of studies such as The Wanderings of Modernism (eds. Yasna Bozhkova, Olivier Hercend and Diane Drouin).

While borders are often examined in relation to the limits of nation-states and explored by migration and diaspora studies, they can extend to a great variety of domains. In terms of aesthetics, the notion of borders and their crossing can be useful to explore the shift from modernism to postmodernism and beyond. In The Location of Culture (1994), Homi Bhabha writes that we live “on the borderlines of the ‘present’, for which there seems to be no proper name other than the current and controversial shiftiness of the prefix ‘post’: postmodernism, postcolonialism, postfeminism” (1). The prefix ‘post’ seems to encompass the ambivalence of the border and its relation to what is situated beyond which, for Bhabha, is “neither a new horizon, nor a leaving behind of the past” (1-2). The ‘post’ or ‘beyond’ may therefore map out a poetics of displacement or “overrun” as “dé-bordement” to quote Jacques Derrida in “Living On” (68), a process which entails a constant shift of limits and borders, be they aesthetic, generic, gender-related, geographical, mental or social. The prefix ‘trans’ likewise points to the crossing of borders between texts (transtextuality), languages (translation), nationalities, communities, cultures, arts, literary genres or genders, thereby challenging notions of binarity as well as rigid categorizations.

While prescriptive and normative theories of literary and artistic genres have tended to erect hermetic borders between categories, practitioners have highlighted the porosity of generic frontiers in works of art that resist framing and let various literary forms (fiction, essay, biography, historiography…) and semiotic systems (text and image for instance) interact, leading to the creation of such hybrid genres as biofiction, the graphic novel, prose poems, documentary theatre or hydrid art when artists work with frontier areas of science and emerging technologies. In the 1993 Bristol art exhibition Disrupted Borders and his edited book Disrupted Borders: an Intervention in Definitions of Boundaries, photographer Sunil Gupta reflects on ‘otherness’ and endorses the plurality of art-making practices, while in his 2021 experimental collection about:blank, Adam Wyeth, the SAES conference guest writer, defies categorisations by interweaving prose, poetry and drama. In this respect, Wyeth follows in the footsteps of famous modernists such as Virginia Woolf, who famously conceived of her novel The Waves as a play-poem and endeavoured to blur the boundary between short fiction and essays, between genres perceived as either minor or major (on this subject see Christine Reynier’s Virginia Woolf’s Ethics of the Short Story).

The novella itself is a hybrid form that challenges the borders between the novel and the short story. It has become rather common for writers to publish a group of novellas instead of bringing them out as short novels as was the case in earlier decades—Byatt’s Angels and Insects (1992), Allan Gurganus’s Local Souls (2013) may come to mind. This practice gives those texts a new status which may enable us to reflect upon them as cycles, diptychs, or triptychs… How different is it to read them separately or as a group? How do they inform one another? Reading beyond textual borders may enable readers to grasp unsuspected, unexpected, elements. Writers also fiddle with such borders when they revise stories that were initially published in magazines and expand them into novels. Short story cycles such as Louise Erdrich’s Love Medicine (1984; 1993) or Jamaica Kincaid’s Annie John (1985) also question the very notion of border, Erdrich going beyond borders by expanding one of her collections almost ten years after its initial publication. Raymond Carver’s textual manipulations may be taken into account as well—though some of them were made by editors, he did rewrite and republish the same stories over and over again. Other examples could include Alice Munro’s Lives of Girls and Women (1971)—which, though it was advertised as a novel, really is a short story collection for, to use Munro’s own claim, “Short stories, yes. Novels, no” (see her 1996 introduction to her Selected Stories). Colleagues interested in short fiction may also look up the special issue of The Journal of the Short Story in English devoted to “Borders, Intersections and Identity” (75, Autumn 2020).
 
Borders and their crossing may also be related to Leslie Fiedler’s 1969 essay significantly entitled “Cross the Border—Close the Gap,” in which the literary critic defined as one of the features of postmodernism the erosion of the distinction between elite and popular culture, an aspect Fredric Jameson identified as part of a series of effacements of “key boundaries and separations” (128), which writers and artists have put into practice. In drama, immersive theater breaks the fourth wall by removing the stage and immersing audiences within the performance itself. Other, more metaphorical or symbolical, borders might also be envisaged, such as the “fractured borders” Mary K. DeShazer explores in relation to women’s cancer literature, when, to quote Audrey Lourde’s elegy, “death is a fractured border”, or the borderland between sanity and madness (Gagneret 275-81).

Literature and visual arts also register the new configurations of a globalized world viewed as a zone of transnational migrations, exiles and displacements, a place of cultural and political diasporas. In these “border and frontier conditions” (Bhabha 17), lines are shifting, walls are brought down, polarities are challenged and the distinction between the centre and the periphery is no longer valid. Anna Krasteva rightly points to the paradox of asserting the fixity of borders at the time of globalization which “describes the debordisation of the world” (17). Border theories (predominantly drawing from Mexican-US border theory) have become a widespread field of study which envisage the border not only as a specific and actual site but also as a metaphor, a function, a conceptual tool (Castillo 184), and even for some critics as “the governing trope of the postmodern” (Welchman 175). However, literature and visual arts also portray a contemporary world in which communal and social divides are violently reasserted, sometimes under the concrete form of stockades, barbed wire fences, walls and separations, as emblematized by John Lanchester’s dystopic novel The Wall (2019), Ali Smith’s Seasonal Quartet (2016-2020) or Zadie Smith’s “Fences: A Brexit Diary” (2019), which all expose the fencing off of Britain. In the aftermath of Brexit and in the midst of the refugee crisis (see the mysterious black doors characters step through to be teleported to a foreign country in Mohsin Hamid’s Exit West (2017)), writers and artists question the borders of Britishness, revisit the state of the nation novel and interrogate the political decision to close off borders to prevent the arrival of migrants or refugees.

This workshop organised jointly by the Société d’Études Anglaises Contemporaines (SEAC) and the Journal of the Short Story in English welcomes proposals that address the concepts of borders and crossing from a wide range of perspectives, the directions suggested above being non-exclusive. Papers may take as their focus British literature and visual arts of the 20th and the 21st centuries. Contributors may also turn to the genre of the short story in English from the 19th to the 21st centuries.

Proposals for papers in English (300 words + short bibliography) and a brief biographical note should be sent jointly to Vanessa Guignery (vanessa.guignery@ens-lyon.fr) and Gérald Preher (gerald.preher@univ-artois.fr) before November 30th 2023.

Papers will be submitted for publication to the peer-reviewed journals Études britanniques contemporaines or The Journal of the Short Story in English.

Selective bibliography

Anzaldúa, Gloria. Borderlands/La frontera: The New Mestiza. Spinsters/Aunt Lute, 1987.

Berman, Jessica. “Transnational Modernisms.” The Cambridge Companion to Transnational American Literature. Cambridge UP, 2017. 107-121.

Bhabha, Homi. The Location of Culture. Routledge, 1994.

Brambilla, Chiara et al. Borderscaping: Imaginations and Practices of Border Making. Ashgate, 2015.

Castillo, Debra A. “Border Theory and the Canon.” Post-Colonial Literatures. Expanding the Canon. Ed. Deborah L. Madsen. Pluto Press, 1999.

Dell’Agnese, Elena and Anne-Laure Amilhat-Szary. “Borderscapes: From Border Landscapes to Border Aesthetics.” Geopolitics 20 (2015): p. 4‑13.

Derrida, Jacques. “Living On.” 1977. Trans. James Hulbert. Deconstruction and Criticism. Harold Bloom, Paul de Man, Jacques Derrida, Geoffrey H. Hartman, J. Hillis Miller. Continuum, 2004. 62-142.

DeShazer, Mary K. Fractured Bodies: Reading Women’s Cander Literature. U of Michigan P, 2005.

Fiedler, Leslie. “Cross the Border – Close the Gap.” 1970. The Collected Essays of Leslie Fiedler. Vol. II. Stein and Day, 1971. 461-485.

Foucher, Michel. L’Obsession des frontières. Perrin, 2007.

Foucrier, Chantal, et Daniel Mortier dir. Frontières et passages : les échanges culturels et littéraires. Presses Universitaires de Rouen, 1999.

Gagneret, Diane. Explorer la frontière : Folie et genre(s) dans la littérature anglophone contemporaine. Thèse de doctorat. ENS de Lyon, 2019. https://theses.hal.science/tel-02458256

Gupta, Sunil, ed. Disrupted Borders: an Intervention in Definitions of Boundaries. Rivers Oram, 1993.

Krasteva, Anna. “Spaces, Lines, Borders: Imaginaries and Images.” Borderscaping: Imaginations and Practices of Border Making. Ashgate, 2015, p. 13‑26.

Le Ménahèze, Sophie, et Nathalie MartiniÈre, dirs. Écrire la frontière. PULIM, 2003.

Lojo-Rodríguez, Laura Jorge Sacido-Romero and Noemí Pereira-Ares, eds. Borders, Intersections and Identity in the Contemporary Short Story in English. Spec. issue of The Journal of the Short Story in English. 75 (Autumn 2020).

Mao, Douglas, ed. The New Modernist Studies. Cambridge UP, 2021.

Mao, Douglas, and Rebecca L. Walkowitz. “The New Modernist Studies.” PMLA 123.3 (May 2008): 737-748.

Morrison, Toni. The Origin of Others. Harvard University Press, 2017.

Nail, Thomas. Theory of the Border. Oxford University Press, 2016.

Parret, Herman, et al. Ligne, frontière, horizon. Mardaga, 1993.

Patterson, Anita. Race, American Literature and Transnational Modernisms. Cambridge UP, 2009.

Popescu, Gabriel. Bordering and Ordering the Twenty-First Century: Understanding Borders. Rowman & Littlefield, 2012.

Reynier, Christine. Virginia Woolf’s Ethics of the Short Story. Palgrave Macmillan, 2009.

Rumford, Chris. “Introduction: Theorizing Borders.” European Journal of Social Theory 9.2 (2006): 155-169.

Rushdie, Salman. Step Across this Line. Collected Non-Fiction 1992-2002. Random House, 2002.

Schimanski, Johan, et Stephen F. Wolfe, dirs. Border Aesthetics: Concepts and Intersections. Berghahn, 2017.

Van Houtum, Henk, et al. B/ordering Space. Ashgate, 2005.

Van Houtum, H. and Van Naerssen, T. “Bordering, Ordering and Othering.” Tijdschrift voor economische en sociale geografie 93 (2002): 125-136.

Welchman, John C., ed. Rethinking Borders. Macmillan, 1996.

Wilson, Thomas M., et Hastings Donnan, eds. A Companion to Border Studies. Wiley-Blackwell, 2012.

Winkin, Yves, dir. “Dossier : Penser la frontière.” Quaderni : La revue de la communication 27 (1995): 60-120.

Atelier "Histoire des idées"

Chers collègues,

Dans le cadre du 63e Congrès de la SAES qui se tiendra à Nancy du 30 mai au 1er juin 2024, l’atelier « Histoire des idées » accueillera avec grand plaisir vos communications portant sur le thème retenu « Frontières et déplacements ».

Pour mémoire, voici le texte de cadrage général du congrès : https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

Les doctorants sont, comme d'habitude, les très bienvenus.

Les propositions de communication, accompagnées d'une courte notice biobibliographique, sont à adresser conjointement avant le 30 novembre 2023 à Elizabeth Durot-Boucé ( e.durot-bouce@orange.fr ), Yann Bévant ( yann.bevant@univ-rennes2.fr ) et Lucie Ratail ( lucie.ratail@univ-lorraine.fr )
Atelier "Centre de REcherche en CIvilisation Britannique (CRECIB)"

Quelles frontières pour la souveraineté britannique ? Tensions et porosité, entre politique nationale et gouvernance transnationale

Suite à la décision prise par le Royaume-Uni de quitter l’Union européenne, certaines frontières du pays se sont durcies, tandis que d’autres sont devenues plus poreuses. Néanmoins, certaines problématiques transnationales demeurent incompressibles. Si la question de l’accueil des personnes migrantes, par exemple, est toujours très présente dans les priorités des électeurs et électrices britanniques (une personne sur cinq citait l’immigration parmi les problèmes majeurs qui les inquiètent en juin 2023[1]), le durcissement de la politique migratoire du gouvernement Sunak ne peut effacer que cette dernière demeure néanmoins tributaire des prises de positions de leurs voisins européens sur la question. De la même manière, la pression que le conflit ukrainien fait peser sur les systèmes énergétiques de l’Europe de l’Ouest couplée à la nécessité d’agir face à l’urgence climatique montrent une fois encore les limites de prises de position politique purement nationales.

Les droits humains, quant à eux, demeurent fondamentalement définis et garantis par un cadre institutionnel transnational, celui de la Cour européenne des droits de l’homme et du comité pour les droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies, malgré les velléités de réforme britanniques qui tendent à les renationaliser. Enfin, ces dernières années, le Royaume-Uni a été le site d’un renouveau des mouvements sociaux, qui a réactivé les échanges militants transnationaux face à des enjeux communs touchant les politiques sanitaires, la crise des services publics ou la contraction des financements publics entre autres.

De tels sujets transnationaux impliquent de questionner la notion même de souveraineté nationale, régulièrement brandie dans les discours médiatiques et politiques comme solution économique et politique aux maux qui frappent aujourd’hui le pays. Ces enjeux, soumis à une gouvernance multiscalaire, montrent plus que jamais l’importance des organisations internationales, même si ces dernières n’ont qu’on pouvoir coercitif réduit. De fait, malgré des discours qui affichent un consensus de façade et une volonté de convergence, l’efficacité d’une gouvernance transnationale dépend du bon vouloir du gouvernement national.

Cet atelier posera la question de l’articulation et des tensions entre politique et pratiques nationales et gouvernance et échanges transnationaux. De nombreux domaines pourront être étudiés pour éclairer la question : droits de l’homme, enjeux de transition écologique, accords commerciaux, de défense, de pêche, collaboration scientifique ou académique, programmes d'échanges universitaires, mouvements sociaux par exemple. Il s’agira notamment de s’interroger sur le périmètre d’action des institutions à différentes échelles, comme les autorités dévolues, la Cour Européenne des Droits de l’Homme ou l’OMC, ou encore sur l’influence et l’action de réseaux liés à la société civile, qu’ils soient militants, scientifiques, intellectuels ou économiques.

[1] ‘Economic Concerns Remain the Most Important Issues Facing Britons’, Ipsos, 22 June 2023, https://www.ipsos.com/en-uk/economic-concerns-remain-most-important-issues-facing-britons.

Les propositions de communications devront être adressées à Anne Cousson anne.cousson@univ-poitiers.fr et Lucie de Carvalho lucie.de-carvalho@univ-lille.fr avant le 11 décembre 2023.

Atelier "Ecosse (SFEE)"

Veuillez trouver ci-dessous un message concernant l'atelier « Écosse » du prochain congrès SAES qui se déroulera à Nancy du 30 mai au 1er juin 2024.

Le thème du congrès est « Frontières et déplacements » / « Crossing / Borders » et nous serons ravis d’accueillir des propositions de communication (avec titre et résumé entre 300 et 500 mots) autour de ce thème dans l’atelier « Écosse » organisé avec le soutien et la collaboration de la SFEE. Vous trouverez le texte précis des appels (en français et en anglais) à https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

La date limite pour l’envoi des propositions pour l’atelier Écosse est fixée au 30 novembre. Merci d’inclure une note biographique (150 mots max. avec votre nom d'institution et adresse électronique de contact) à votre proposition et de les envoyer conjointement à celine.sabiron@univ-lorraine.fr et philippe.laplace@univ-fcomte.fr

Nous vous informerons mi-décembre des propositions retenues.

Toute proposition correspondant au texte de cadrage sera la bienvenue et, parmi les thèmes plus spécifiquement liés à l’Écosse, nous vous proposons les axes de réflexion suivants:

- Historical and geographical Frontiers: Exploring key moments in Scottish history, from the Picts and the Scots, through the Wars of Independence, the Jacobite uprisings, to modern-day devolution debates and the position of Scotland in Europe.

- Literary Landscapes: Delving into the works of Scottish authors and the way they interacted with other British authors, or authors from abroad, the way they crossed frontiers between literature and history, or between literature and philosophy, or literature and sciences etc.

- Cultural Crossroads: Analyzing the intersections of Scottish culture, from music, reciting and dance to the influences of Gaelic, Norse, and Anglo-Saxon culture and traditions.

- Political and social Boundaries: Investigating Scotland's role in the UK, debates about independence, and its unique political and legal systems or the position of the Scottish government on transgender rights etc.

Atelier "Société Française d'Études Irlandaises (SOFEIR)"

Veuillez trouver ci-dessous l’Appel à communications de l’atelier de la SOFEIR du prochain congrès de la SAES qui se déroulera du 30 mai au 1er juin 2024 à Nancy. L’atelier accueillera des propositions de communication qui s’inscrivent dans le thème du congrès « Frontières et déplacements » et son texte de cadrage, les axes de réflexion suivants étant donnés à titre indicatif : https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage

• Déplacement des limites et des frontières : des conquêtes à la partition de l’île, frontières comme lieux de disputes territoriales, mais aussi lieux d’échanges (de biens, de personnes, culturels, etc.) ; effets et identité de groupe, oppositions identitaires (groupes intersectionnels, changements démographiques, ethnicité, minorités, hybridité, politiques identitaires, résistances politiques, mémoire collective et frontières de la mémoire).

• Frontières intériorisées à l’heure de la mondialisation : intégration des minorités dans la société irlandaise, accès à la citoyenneté et la (re)définition de l’Irishness et des communautés dans une Irlande globalisée, post-covid et post-Brexit ; du biculturalisme au multiculturalisme ; coopération transfrontalière, partenariats et mobilités; frontières internes et citadines (transformation des villes, évolution des frontières matérielles et imaginaires, ainsi que de leurs résonnances littéraires) ; frontières linguistiques (traduction et frontière, frontières sémantiques et lexicales, langues et dialectes).

• Contester les frontières : frontières et souveraineté, sécurité et insécurité, normes, lois, religion ; influence des frontières physiques, sociales, culturelles, politiques ou religieuses sur la définition de l’identité et de l’altérité à différentes échelles (identités régionales, nationales, transnationales, multinationales).

• Migrations : plantations, expériences de l’exil, de la diaspora, des réfugiés et des migrants à travers l’histoire et dans la littérature.

• Dépassement des frontières : traduction des expériences et des pratiques culturelles ; espaces d’exposition, représentations artistiques ou vivantes, dépassement des délimitations disciplinaires et interdisciplinarité en études irlandaises ; frontières historiographiques (nationalistes, révisionnistes, néo/post-révisionnistes) en études irlandaises.

• Cartographier les intersections et le franchissement de genre : croisements littéraires et traditions du spectacle, brouillages narratifs entre histoire et fiction ; tropes du seuil, des démarcations fantômes et du passage ; procédés d’aliénation et de construction de l’Autre ; déplacements de l’imaginaire collectif, perception et représentation, expérimentation littéraire; approche comparative au-delà des frontières: comparaison entre l’Irlande et d’autres pays (US-Mexique, Afrique du Sud, Gibraltar, Algérie, etc.).
Les propositions de communication de 20 minutes chacune en anglais ou en français (300 mots + courte biobibliographie) doivent être envoyées conjointement à Vanessa Boullet (vanessa.boullet@univ-lorraine.fr) et Karina Bénazech Wendling (karina.wendling@univ-lorraine.fr) avant le 30 novembre 2023. Les contributions de jeunes chercheurs et de doctorants sont vivement encouragées. Nous vous informerons des propositions retenues d’ici le 20 décembre.

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Please find below the Call For Papers of the SOFEIR workshop that will take place during the SAES Congress from 30 May to 1st June 2024 in Nancy.
This workshop welcomes proposals that address the general framework of the Congress theme “Crossing – Borders”, the addition of avenues suggested below being non-exclusive: https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage

• Shifting boundaries and borders: from conquests to partition; borders as places of territorial disputes and exchanges; groupness, group identity and identity opposition (intersectional groups, demographic changes, ethnicity, minorities, hybridity, identity politics, political resistance, collective memory and borders of memory).

• Internalised borders and globalisation: minorities’ integration or assimilation in Irish society, access to citizenship, (re)definition of Irishness and communities in a globalised, post-Covid / post-Brexit Ireland; from biculturalism to multiculturalism ; cross-border cooperation, partnerships and mobility; Inner and city borders (transformation of cities, murals, evolution of material and imaginary borders, and literary resonance); linguistic borders (translation and borders, semantic and lexical boundaries, languages and dialects).

• Contesting borders: security and insecurity, norms, law, and religions; influences of physical, social, cultural, political or religious borders on definitions of identity and alterity, and their transgression on various scales (local, regional, national, transnational, and multinational).

• Migration: plantations, exile, diaspora, refugee and migrant experiences across time and in literature.

• Pushing boundaries: translating experiences and cultural practices; exhibition spaces, literary genres, artistic and lived representations; crossing disciplinary boundaries and interdisciplinarity in Irish studies; historiographical borders (nationalist, revisionist, and neo/post-revisionist) in Irish studies.

• Mapping Intersections and Genre Crossings: intersections of literary and performance traditions; blurred narratives between history and fiction; tropes of thresholds, shadow lines, and passages; processes of alienation and othering; collective imaginary shifts, perception and representation; literary experimentation; comparative approach over borders (comparisons between Ireland and other countries (US-Mexico, South Africa, Gibraltar, Algeria, etc.).

Proposals for papers of 20 mins each in English or French (300 words + brief biobibliography) should be sent jointly to Vanessa Boullet (vanessa.boullet@univ-lorraine.fr) and Karina Bénazech Wendling (karina.wendling@univ-lorraine.fr) before November 30th, 2023. Proposals from Early Career Researchers and Postgraduate students are most welcomed. Accepted papers will be notified by December 20th.

Ateliers "A.R.T.S. (Société française d'études des arts visuels des pays anglophones)"

À l’occasion du 63ème Congrès de la SAES 2024 (Nancy, du 30 mai au 1er juin 2024), l'atelier A.R.T.S (Société française d'études des arts visuels des pays anglophones) accueille vos communications sur les arts du Moyen-Âge à nos jours.

Comme chaque année, toutes les formes de média artistiques pourront être étudiées : A.R.T.S est un lieu d’échanges ou workshop qui peut être l’occasion d’un ‘work in progress’ (état des lieux d’une recherche donnée) ou une réflexion en lien direct avec la thématique retenue cette année pour le congrès nancéen « Frontières et déplacements ». Nous vous proposons ci-dessous quelques pistes de recherche sur les liens de l’art avec la frontière et le déplacement et vous invitons aussi à vous inspirer du texte de cadrage du Congrès de Nancy (https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/) :

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L’imaginaire des arts visuels anglophones s’accommode mal du terme de frontière qui aurait plutôt tendance à évoquer le cloisonnement, le mur, la clôture, et l’interdit – autant de notions qui invitent et incitent plutôt les artistes à la subversion et à la transgression. La liminalité est une ligne qui vise une nette démarcation mais l’artiste la vit moins comme une expérience de frontière que de seuil. L’idée de frontière peut donc être utile pour définir négativement ce qui constitue précisément l’apanage du travail artistique : une déconstruction des lignes prétendues imperméables, fixes, et identitaires. C’est ce que révèle en ce moment le projet « Nothing But a Curtain » : la photographe Zula Rabikowska interagit avec les murs d’Europe Centrale, notamment le mur de Berlin, comme autant de « rideaux de lumière » qui lui permettent de rendre visible le parallélisme entre frontières politiques et assignations de genre (‘Four Corners Gallery’, Londres, Oct. 2023 ; https://zulara.co.uk/nothingbutacurtain).

La peinture, l’architecture, la sculpture, la danse entrent en matière pour mieux la travailler de l’intérieur sans se soucier de la « frontière » et pour mieux faire sauter les boulons de l’utilité, de la normalité, de l’absence de goût, du mauvais goût, inversant parfois ce que recouvrent le beau et le laid, l’utile et l’agréable, la mode et l’éternel, le vrai et la copie, etc. L’artiste, même, peut s’interroger sur la frontière de son identité artistique et la question se pose de savoir si l’art est alliance entre travail et loisir, sérieux labeur et jeu « oisif » (voir, la revue Angles n°5 : https://journals.openedition.org/angles/1109).

On s’interrogera aussi sur l’artificialité des frontières entre l’art et l’artisanat, ou bien sur la mobilité des frontières entre l’art académique et l’art populaire. La façon dont une génération nouvelle remet en question ses enseignements peut en effet contribuer au déplacement des frontières artistiques entre l’art académique et l’artisanat. On pense ici évidemment aux Préraphaélites et à leurs disciples du mouvement Arts & Crafts ; plus près de nous, on songe aussi aux artistes du mouvement Britart qui élargirent les frontières artistiques de leurs prédécesseurs en utilisant autant des médiums traditionnels, comme la céramique, que des techniques audio-visuelles et numériques. D’un point de vue théorique, le thème des « frontières » et des « déplacements » convoque l’histoire du goût.

On pourra ainsi tenter de comprendre l’évolution d’un médium artistique à un autre, les facteurs de cette contamination, ainsi que la porosité entre les différents arts visuels. C’est par exemple le cas dans le domaine du livre d’artiste entre les arts plastiques, la photographie et la poésie contemporaine pour les productions d’artistes marcheurs comme Hamish Fulton ou Richard Long.

Ces remises en question esthétiques engendrent dans le monde de l’art un déplacement de valeurs et de thématiques, par exemple au sein du marché de l’art et dans les musées. Elles expliquent par exemple aujourd’hui la montée en puissance des arts numériques par le biais des NFT mais aussi de médiums traditionnels comme la céramique. D’autres procédés tout aussi traditionnels comme l’estampe, par exemple, ont par ailleurs tendance à stagner pour le marché de l’art.

Les débats artistiques redonnent aussi leur place à des thématiques injustement délaissées comme l’art non-occidental ou l’art réalisé par les femmes, élargissant les frontières physiques et intellectuelles, en un renouvellement disciplinaire important. D’un point de vue plastique, l’exil politique qui impose des déplacements d’artistes a au moins pour mérite de susciter des renouvellements artistiques. Ce fut par exemple le cas du travail des orfèvres français huguenots émigrés au cours du XVIIIème siècle, tel Paul de Lamerie, promoteur du style rocaille en Angleterre.

Aujourd’hui, on peut même affirmer que l’exil et les frontières sont devenus des thèmes artistiques majeurs. C’est le cas par exemple du travail de l’artiste anglo-palestinienne Mona Hatoum dont de nombreuses œuvres portent sur la séparation avec sa famille restée au Liban. Nul doute que les nombreux points de conflits géopolitiques actuels auront au moins le mérite de susciter la création d’autres œuvres d’une telle force.

Les déplacements contraints ou volontaires des artistes, et ceux dont les artistes sont victimes ou témoins, mettent aussi en avant l’art de la cartographie. Celle-ci s’éloigne alors de son premier objectif utilitaire pour devenir un thème iconographique de prédilection. Ainsi on pourra voir comment, au lieu de s’attacher à franchir les frontières de l’art, les artistes interrogent souvent l’art des frontières. Nous pensons par exemple à des œuvres d’artistes anglophones pour lesquels le motif de la carte est central, comme les fetish maps de Chris Kenny dont les têtes d’épingles représentent l’unicité des vies individuelles dans un monde globalisée. C’est encore le cas des robes-sculptures de Susan Stockwell, plus politiques, qui s'intéressent à la cartographie du corps féminin et du territoire.

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L'atelier étant organisé sous forme de « table ronde », l’envoi d'un PowerPoint avant le Congrès permettra d’organiser un meilleur temps d'échange. Les propositions de communication en anglais ou en français peuvent être envoyées avec une proposition de titre aux adresses suivantes : anne.francoise.leaute@univ-st-etienne.fr et laurent.chatel@univ-lille.fr

Atelier "Société Angliciste : Arts, Images, Textes (SAIT)"

L’atelier de la SAIT (Société Angliciste : Arts, Images, Textes) se réjouit d’accueillir vos propositions dans le cadre du congrès de la SAES 2024 qui se tiendra à l’Université de Lorraine, à Nancy. Les participants sont invités à se référer au texte de cadrage disponible à cette adresse :
https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/
Les notions de « frontière » et de « déplacement » se prêtent aisément à des analyses intermédiales et servent également de modèles heuristiques afin de les penser. Les perspectives synchroniques tout autant que diachroniques sont les bienvenues, et toutes les aires de l’espace anglophone et périodes peuvent être traitées. Nous accueillerons des communications portant sur les approches et thèmes suivants :

- Transactions et politiques intermédiales : de manière générale, les communications pourront porter sur les effets de déplacement à l’œuvre dans les corpus intermédiaux, avec une attention particulière à la labilité du sens, à l’hybridité et aux stratégies de renforcement, de négation ou de dépassement des frontières médiales. On pourra s’attacher à montrer en quoi l’intermédialité contribue à penser les phénomènes de migration, les dispositifs d’accueil et les reconfigurations artistiques, esthétiques, sociales et politiques qu’ils induisent.

- Géographies de l’intermédialité : dans une perspective transculturelle, on s’intéressera aux rapports entre texte, image et traduction, circulation et adaptation des modèles. De manière concrète, la question du déplacement physique pourra être celle des voyages, des changements de pratiques et d’orientations dans une carrière d’artiste ou d’écrivain, mais aussi les déplacements d’objets et d’œuvres (leur « translocation » pour parler comme Bénédicte Savoy). Ceci impliquera d’examiner les effets de (ré)appropriation, les demandes de restitutions, le rôle de l’archive et du musée.

- Nancy et l’Art Nouveau : nous invitons aussi les participants à se pencher spécifiquement sur les productions de l’Ecole de Nancy et de l’Art Nouveau en tant que mouvement transfrontalier. Les communications pourront s’intéresser à sa présence dans les pays anglophones, et aux interactions entre différentes aires culturelles (rapports entre l’Ecole de Glasgow et le Jugendstil ou la Sécession, par exemple). Il s’agira aussi d’analyser la transmédialité à l’œuvre dans les arts décoratifs, les transferts entre le monde naturel et l’artéfact humain, l’art et la critique d’art. De façon générale, les communications pourront s’interroger sur les contours de ce qui constitue un mouvement.

- Penser l’intermédialité : les théoriciens de l’intermédialité ont favorisé le recours aux métaphores de la cartographie, de la traversée et de la frontière. Les communications pourront donc aussi envisager les pratiques et productions qui remettent en question les catégories théoriques établies, et notamment la portée et la pertinence des métaphores géographiques et cartographiques couramment employées. Elles pourront également s’intéresser aux déplacements théoriques induits par les Nouvelles Matérialités, la prise en compte du non-humain, ou encore les théories du genre.
 
Les propositions, de 300 mots environ, en français ou en anglais, accompagnées d’une courte bio-bibliographie, seront envoyées à sophie.aymes@u-bourgogne.fr et nathalie.colle@univ-lorraine.fr au plus tard le 1er décembre 2023.
Atelier "Musique et cultures anglophones"

Congrès de la SAES (Nancy, May 30th – June 1st 2024)

More than any other art forms, music can be said to know no borders. This can be taken in a literal sense, as sound can easily travel across physical barriers. In the 1960s, West Germans would gather near the border to sing Christmas carols for their relatives in East Germany. Their voices were heard despite the efforts of East German authorities to raise ever higher walls and prevent their citizens from seeing – and being seen from – the other side of the border. More recently, Jamaican DJ Vybz Kartel performed via satellite broadcasting at the Best of the Best festival in Miami after being refused a visa to enter the US, underscoring both the currency and the fragility of borders in a digital world.

More generally, musicians are known to be always on the move, travelling figures who are often impossible to contain within the boundaries of nation-states. Since the advent of sound recording technologies, music can be heard without requiring the presence of its authors and performers and has become always more mobile. Its circulation constitutes one of the most significant artistic and commercial flows in today’s globalised economy and while albums and singles are increasingly dematerialised, they reach ever wider audiences.

Music is pervaded by social boundaries at the same time as its practice provides a field of experience outside of the mainstream. In some cases, the performing arts may thus have been key to social experiment and expanding the previously accepted boundaries. Conversely, and despite their revolutionary image, musical subcultures can equally be seen as boundary-making instances which separate strictly between insiders and outsiders. This ambivalence is also reflected in many song lyrics, which question or legitimise the concept of border. African American music, for instance, has been at the forefront of racial issues, questioning boundaries and giving black performers prominence as mainstream American figures while presenting otherness in a different guise.

Stylistic labels can also be seen as borders that separate between (sometimes very similar) musical objects, mostly for commercial purposes. While often rejected by musicians themselves, they are integral to the way music is marketed and reflect the tensions between local, national and transnational frameworks in the production and reception of music. Despite their elusiveness, crossing stylistic boundaries can sometimes trigger sharp criticism amongst peers, as in the case of opera singers and classical musicians who venture into popular territory.

The translation of song lyrics could equally provide an interesting case study, for instance with French adaptations of British and American hits (“The House of the Rising Sun” / “Le Pénitencier”, “My Way” / “Comme d'habitude”) or English adaptations of Spanish lyrics (the Beatles’ version of “Bésame mucho”). Some politically committed songs such as “Bella Ciao” have also spanned eras and countries, illustrating the mobility and border-crossing ability of musical artefacts.

We welcome contributions on all types and styles of music from the English-speaking world, from the Renaissance to the present day. Papers can focus on social, political, economic, linguistic or strictly musical aspects of music, or a combination of those. The workshop will provide an opportunity to highlight the dialectic between literal and metaphorical understandings of the notion of border in the musical world, and to confront perspectives from diverse times, places and disciplines.

Abstracts of maximum 300 words should be sent to the organisers by December 1st, 2023, with a 100-word biographical note.



Atelier "Musique et cultures anglophones"

Congrès de la SAES (Nancy, 30 mai – 1er juin 2024)

Plus que de toute autre forme d'art, on peut dire de la musique qu’elle ne connaît pas de frontières. Cette affirmation peut être prise au sens littéral, dans la mesure où le son peut facilement franchir les barrières physiques. Dans les années 1960, les Allemands de l'Ouest se réunissaient près de la frontière pour entonner des chants de Noël à l'intention de leurs proches en Allemagne de l'Est. Leurs voix portaient au-delà des murs toujours plus hauts que les autorités est-allemandes construisaient pour empêcher leurs citoyens de voir et d'être vus de l'autre côté de la frontière. Plus récemment, le DJ jamaïcain Vybz Kartel s'est produit par diffusion satellite au festival Best of the Best à Miami après s'être vu refuser un visa pour entrer aux États-Unis, soulignant à la fois l'importance et la fragilité des frontières dans le monde numérique actuel.

Plus généralement, les musiciens sont toujours en mouvement, figures itinérantes souvent impossibles à contenir dans les frontières des États-nations. Depuis l'avènement des technologies d'enregistrement sonore, la musique peut être entendue sans nécessiter la présence de ses auteurs et de ses interprètes et est devenue de plus en plus mobile. Sa circulation constitue l'un des flux artistiques et commerciaux les plus importants de l'économie mondialisée actuelle et, alors que les albums et les singles sont de plus en plus souvent dématérialisés, ils touchent des publics de plus en plus larges.

La musique est traversée par des frontières sociales en même temps que sa pratique offre un champ d'expérience en dehors du mainstream. Dans certains cas, les arts du spectacle ont donc pu jouer un rôle clé dans l'expérimentation sociale et contribuer à faire bouger les frontières précédemment acceptées. Inversement, et malgré l’image révolutionnaire qu’on leur associe, les sous-cultures musicales peuvent également être considérées comme des instances créatrices de frontières en ce qu’elles établissent une séparation stricte entre les initiés et les non-initiés. Cette ambivalence se reflète également dans de nombreuses paroles de chansons, qui remettent en question ou légitiment le concept de frontière. La musique afro-américaine, par exemple, a été à l'avant-garde des questions raciales, remettant en cause les frontières et donnant aux artistes noirs une place de choix en tant que figures américaines mainstream, tout en présentant l'altérité sous une forme différente.

Les étiquettes stylistiques peuvent également être considérées comme des frontières qui séparent des objets musicaux (parfois très similaires), le plus souvent à des fins commerciales. Bien que souvent rejetées par les musiciens eux-mêmes, elles font partie intégrante de la manière dont la musique est commercialisée et reflètent les tensions entre les échelles locales, nationales et transnationales dans la manière dont la musique est produite et consommée. Malgré leur caractère souvent insaisissable, le franchissement des frontières stylistiques peut parfois susciter de vives critiques de la part des musiciens, comme dans le cas des chanteurs d'opéra et des instrumentistes classiques qui s'aventurent sur le terrain de la musique populaire.

La traduction des paroles de chansons pourrait également fournir un terrain d’investigation intéressant, par exemple avec les adaptations françaises de succès britanniques et américains ("The House of the Rising Sun" / "Le Pénitencier", "My Way" / "Comme d'habitude") ou les adaptations anglaises de chansons en espagnol (la version des Beatles de "Bésame mucho"). Certaines chansons politiquement engagées, comme "Bella Ciao", ont également traversé les époques et les pays, illustrant le caractère mobile des artefacts musicaux et leur capacité à franchir les frontières.

Nous recueillerons des contributions traitant de tous les types et styles de musique provenant du monde anglophone, de la Renaissance à nos jours. Les communications pourront porter sur des aspects sociaux, politiques, économiques, linguistiques ou strictement musicaux, ou sur plusieurs de ces aspects. L'atelier permettra de mettre en lumière la dialectique entre les interprétations littérales et métaphoriques de la notion de frontière dans le monde musical, et de confronter les perspectives issues de diverses époques, lieux et disciplines.

Les propositions de communications de 300 mots maximum sont à envoyer aux organisateurs avant le 1er décembre 2023, accompagnées d'une note biographique de 100 mots.

David Bousquet, Université de Bourgogne (david.bousquet@u-bourgogne.fr)

Guillaume Clément, Université de Rennes (prof.guillaume.clement@gmail.com)

Julie Michot, Université de Lorraine (julie.michot@univ-lorraine.fr)

Jean Szlamowicz, Université de Bourgogne (slam.univ@orange.fr)
Atelier "Stylistique et analyse du discours (SSADA)"

Dans le cadre du congrès SAES qui se tiendra à Nancy sur le thème « Frontières et déplacements » du 30 mai au 1er juin 2024, l'atelier de stylistique et d’analyse des discours, dont l'approche même repose sur la porosité des frontières disciplinaires, sera heureux d'accueillir des communications réfléchissant, par exemple, aux questions suivantes :

- les procédés stylistiques comme déplacements, aussi bien dans le style écrit qu'oral, le premier linguiste stylisticien, Bally ([1913] 1977 : 19), remarquant combien le langage expressif est affaire de déplacement : “Pour être expressif, le langage doit sans cesse déformer les idées, les grossir ou les rapetisser, les retourner, les transposer dans une autre tonalité”. Pourront ainsi être étudiés, entre autres, le déplacement d'adjectif pour l'hypallage, les dislocations à l'oral, les antépositions de constituants etc.). On pourra aussi s’intéresser, d’un point de vue psycho ou sociolinguistique, aux motivations de ces déplacements (voir Pierre Cotte, 2023)

- le style comme dépassement de frontières (à l'échelle d'un phénomène, comme la métaphore, qui brouille les frontières catégorielles sémantiques, ou d'un texte, voire d'une oeuvre, les grands stylistes étant souvent caractérisés comme brouillant les genres littéraires)

- tout texte, littéraire ou non, contenant un enjeu, diégétique, narratif, stylistique, identitaire, autour de la frontière et de son dépassement

- les représentations littéraires du contact linguistique (représentation de l’accent et/ou du dialecte)

- la production de discours comme "déplacement", du langage à sa réalisation, par quoi un sujet parlant s'approprie un système, voire le déplace vers sa marge et fabrique un style, à la fois collectif et individuel, comme l'analyse Jean-Jacques Lecercle (2023)

- les discours politico-médiatiques représentant des populations déplacées, codant plus ou moins implicitement des idéologies (voir le modèle idéologique proposé par Van Dijk 2006)

- les discours métalinguistiques et/ou puristes pointant la déstabilisation de catégories/frontières instituées dans la langue (frontières de genre, masculin/féminin, ou frontière "nationale", voir Scholar 2020).

- les nouveaux formats dépassant les frontières entre les genres littéraires et artistiques : littérature digitale, romans graphiques, cell phone novels (romans écrits sur téléphone portable), flash fiction (œuvres de fiction très courtes), web fiction (œuvres de fiction publiées uniquement en ligne), etc.

Les propositions de communications sont à envoyer conjointement à Julie Neveux (julie.neveux@sorbonne-universite.fr) et Léa Boichard (lea.boichard@univ-lyon3.fr) pour le 1er décembre 2023.
 
Références

Bally, Charles, [1913][1926] [1965]1977. Le langage et la vie. Genève : Droz.

Cotte, Pierre, 2023. La motivation dans la langue. Recherches en linguistique anglaise. Volume 1, éd. Laure Gardelle. Paris : SUP.

Lecercle, Jean-Jacques, 2023. Système et style, Une linguistique alternative, postface de Monique de Mattia-Viviès. Paris : Amsterdam.

Scholar Richard, 2020, Émigrés. French words that turned English, Princeton : Princeton University Press

Atelier "Poets and Poetry (LOOP)"

“So you drive on to the frontier of writing...”

Seamus Heaney, from ‘From the Frontier of Writing’, The Haw Lantern, London: Faber, 1987, p. 6.

“Shhhh!

Listen,

closer...”

Jennifer K. Dick, from ‘Boundary’, http://poemsandpoetics.blogspot.com/2020/01/jennifer-k-dick-two-new-poems-from.html

What would a border look or sound like in poetry, and what would crossing such a border mean? One should not forget that Eliot’s ‘We shall not cease from exploration’ (‘Little Gidding’, 1943) depends on passing through a kind of border, the ‘unknown, remembered gate’ as baffling, though as inviting, as the ‘place’ into which it opens. Our panel wants to explore the border as a luminal space which offers multiple opportunities for dislocation and reflection.

Establishing borders. Of James Fenton’s poetry in the New York Review of Books, Seamus Heaney wrote that it “re-established the borders of a civil kingdom of letters where history and literature and the intimate affections would be allowed their say.”

Stretching borders. Against Fenton’s humanistic perspective on the active welcome held out to history and literature in his “civil kingdom of letters”, the contrary idea can be set, according to which borders, in poetry at least, exist to be crossed if not transgressed, or pushed back at least. Powerful poets have always attempted to stretch the frontiers of poetic form, with Hopkins for example extending or diminishing the length of the sonnet (cf his curtal and caudated sonnets), or Geoffrey Hill in his Triumph of Love (1998) sequence of 150 poems in various styles and of varied lengths, unlike The Orchards of Syon (2002), composed of 68 24-line poems and in which Hill evokes a dream of a ‘place, its forever/boundaries re-sited,/re-circuited.’ Aren’t all technical and formal constraints in poetry ‘arbitrary’?

The frontiers of poetic expression. Hill is also concerned, in his essay ‘Poetry and Value’, with the question of where the ‘speakable’ ends and the ‘unspeakable’ begins, in connection with Adorno’s question about the possibility of writing lyric poetry after the Shoah. The line between the speakable and unspeakable had been evoked by Eliot in ‘East Coker’ in the phrase ‘a raid on the inarticulate’, the same military metaphor being used shortly afterwards by Virgina Woolf (cf below).

Prosody, page lay-out, and content. Whether it be prosodically or content-wise, frontiers, borders and boundaries have always held a key role in poetry. Is the line-break enough to justify the frontier between prose and poetry, and how do prose poems fit with such an albeit basic notion? Robert Frost’s (overly?) well-known adage, ‘writing free verse is like playing tennis without a net’ corresponds to the idea of the boundary between the two forms of writing, and in this respect the boundary is a constraint that some poets (like Frost himself) like to respect. With regard to the poem on the page, the white space around the poem acts as a border to the poem: one might imagine a metaphorical displacement in this respect, shifting from the margin on the left of the poem to the question of poetry as a marginal or liminal literary space. This leads us to:

Concrete poetry, and the combination of the written and the visual. Such a reflection also puts one in mind of concrete poetry, and the use of the white space of the page in the physical shaping of the poem: one thinks of George Herbert’s ‘Easter Wings’ or Dylan Thomas’s ‘Vision and Prayer’. Virginia Woolf described Roger Fry (in her 1940 biography of the latter) as making ‘raids across the boundaries’ of different kinds of expression, written or visual: how would this apply, if at all, to a painter-poet such as William Blake (Hopkins, Elizabeth Bishop and Sylvia Plath were also both poets and artists)?

Class barriers. One thinks, too, of poetry’s response to boundaries between social classes, and how both class boundaries and upward social mobility can be a – fruitful – source of poetic tension, as in Tony Harrison’s use of the vernacular.

Translation. The activity of the translator seems to tally with the conference topic: the breaching of boundaries, be they of language, class or culture, in order to render a text (a poem) in another language, and to give the reader of the latter a sense of the original. However, rather than crossing borders one might also think of translation as opening up borders into new poetic territories.

The ‘language barrier’. Especially since high Modernism, poetry has exploited the possibilities of polyglossia, the use of more than one language in a single text, opening up the potential of the latter’s sounds and rhythms. Albeit in utterly different ways, Stephen Romer’s and Jennifer K. Dick's works offer outstanding examples of this multilingual poetic inheritance.

Physical/geographical boundaries. Perhaps much poetry is drawn to boundary zones, much like Philip Larkin’s river drifting “where sky and water and Lincolnshire meet” and even a “street of blinding windscreens” constitutes a boundary to be “crossed” (‘The Whitsun Weddings’), or Bob Dylan’s ‘Girl From the North Country’ in which the singer looks nostalgically to that wild place where love offered consolation ‘Where the winds hit heavy on the borderline’ – the borderline of the poet’s roots between Minnesota and Canada, but also between past and present.

The poetry of philosophical or physiological liminal or transitional states. Possible suggestions would be Keats’s ‘negative capability’ and the poetics of uncertainty; the (supposed) circumstances of Coleridge’s composition of ‘Kubla Khan’; and Edward Thomas’s poem ‘Lights Out’ which begins: ‘I have come to the borders of sleep,/The unfathomable deep/Forest...’

Medial and intermedial boundaries. What kinds of boundaries – if such they are – exist between poetry and song lyrics (what makes a song lyric acceptable as a poem?), or between page and stage (or video or audio recording)? One might consider instapoetry from within this broad perspective. Simon Armitage’s poem ‘in Praise of Air’ (2014) is printed within the Sheffield cityscape on pollutant-absorbent material on the side of a building, while Jacob Poelley collaborated with Dutch musicians Strijbos and Van Rijswijk to make the poetry and sound installation ‘To Travel and to Matter’ (2017). Caroline Bergvall’s 2017 ‘Drift’ project goes, as she writes, ‘back and forth between writing, vocal strategies and performance and historic research’.

Boundaries and geopolitics. Stimulatingly but perhaps over-systematically, Natasha Sardzoska and Emmanuel Brunet-Jailly write in their introduction to A World Anthology of Border Poetry (2022; https://dspace.library.uvic.ca/bitstream/handle/1828/13969/Sardzoska-BrunetJailly-World-Poetry-Anthology-BIG-Books-2022.pdf): “In poetry every boundary is crossed, breached, reinvented, reversed, abolished, or established”. They discuss the idea of the border as capable of calling for a political response in poetry. The relevance of the congress topic to the ongoing war in Ukraine is evident, and Vyacheslav Konoval is a Ukrainian poet from Kiev who has written some poems on the war in English https://impakter.com/war-poems-from-ukrainian-poet/.

Questioning frontiers.The last line of Jo Shapcott’s sonnet ‘Era’ is marked by ‘places where all the frontiers end with a question’ We hope that as many scholars as possible will want to relocate, if only for the duration of one of our sessions, to such a place and push back – or forward - the frontiers of research and knowledge by asking questions of the poets and poetry they discuss.

The above may be taken as non-restrictive, possible suggestions. We welcome paper proposals from any critical or theoretical vantage-point, in line with the theme of the congress, including close readings of specific poems. Please send 150-word abstracts for 20-minute papers, along with a brief bio, to Adrian Grafe (adrian.grafe@univ-artois.fr) and Claire Hélie (claire.helie@univ-lille.fr) by November 15th 2023.

Atelier "Société d'Étude de la Littérature de Voyage du monde Anglophone (SELVA)"

La thématique retenue pour le congrès, dont vous trouverez le texte de cadrage ici, se prête particulièrement bien à des réflexions sur la littérature de voyage. L’atelier de la SELVA accueillera avec plaisir des propositions de communication en français et en anglais qui pourront porter par exemple sur les sujets suivants (les termes “Frontières et déplacements” pourront être pris dans un sens littéral ou figuré):

Frontières topographiques dans les récits de voyage : la mer, les montagnes, les rivières

Représenter les régions frontalières

Les notions de marges, de confins, de limites... et leur variabilité

Représenter l’exil, les migrations

Passer la frontière géographique/linguistique/culturelle dans la littérature de voyage

Représenter l'expérience subjective du déplacement

Déplacement et dépassement - de soi, d'une limite réelle ou symbolique

Déplacement et altérité

Frontières temporelles (littérature de voyage pendant l’entre-deux guerres…)

Frontières réelles et imaginées

La littérature de voyage entre fiction et réalité

Lien entre frontières réelles et frontières génériques dans la littérature de voyage

D’autres pistes pourront être envisagées, autour de l’idée de liminalité et d’entre-deux, de la dimension initiatique ou transgressive du franchissement de frontières et de la fonction narrative de ces déplacements, ou de bien d’autres thématiques.

Des ateliers communs avec d’autres sociétés savantes pourront être envisagés, selon les propositions.

Merci d’envoyer avant le 30 novembre un titre et un bref descriptif, ainsi qu’une notice biographique, à Jeremy Filet, Manchester Metropolitan University (j.filet@mmu.ac.uk) et à moi-même (claire.mckeown@univ-lorraine.fr).

Atelier "SEPC (Civilisation)"

Les propositions, exclusivement en anglais, sont à renvoyer pour le 10 décembre à Marilyne Brun (marilyne.brun@univ-lorraine.fr) et Bernard Cros (bernard.cros2@univ-paris8.fr).

Postcolonial studies are fundamentally predicated on issues of borders and crossings, key epistemological concepts that question the nature and distribution of power between dominant and dominated groups and individuals. Within postcolonial societies and history, these human constructs contribute to the ‘social production of space’ (H. Lefebvre) by defining an inside and an outside, a binary reality challenged by the movements of people, goods and ideas between and across cultures and countries, over all kinds of natural, but also psychological, epistemic and cultural borders. Whether fixed or constantly evolving, borders define the conditions of the colonial encounter in the form of conflict, exchange, assimilation, or hybridization (see Bhabha’s third space and hybridity theories, and their critics), that challenge the apparently simple binarism of that contact.

Here are some themes that may be more specifically explored:

- The creation, existence, reinforcement or challenge of borders, whether material (walls, barbed wire, customs…) and/or immaterial (ideological, imaginary, social, linguistic, cultural, epistemic, legal, political, religious, racial…).

- The social and political production of space and its management at various scales: national borders and the elaboration of nation-states; centralism and separatist movements; urban planning and urban policies…

- The nature of borders in the production of social space: natural or arbitrary, sealed or porous, fixed or mobile, spatial or temporal, external or internal, and their usage (the ‘advance of civilization’ in a colonial context, the ‘frontier’ in Australia, the drawing and use of maps in colonial contexts, segregation, inclusion and exclusion in urban settings…).

- The representations of borders and space in political, artistic and social discourse.

- Migration and border control: reasons for and modalities of diasporas and diasporic movements, chosen migration, forced migrations/displacements, indentured labour, refugees, changing policies towards migrants and/or refugees from and within the Global South…

- Crossings as a complex continuum: the traumatic experience of displacement, the reconstruction of the self and the diasporic reconstruction of homeland culture, life, society; hybrid identities, challenges faced by second- and third-generation immigrants…

- Racial and cultural hierarchies involving limits between groups and categories in the construction of discourses of the self and of the other, and their consequences: experiences of exclusion, violence, racism and/or xenophobia in postcolonial settings…

- Global and supranational structures: the role of the Commonwealth and regional institutions (AUKUS, ECOWAS…); networks of support between Indigenous groups (trans-Indigenous movements, global Indigenous studies…).

- Crossing disciplinary borders in academic studies, interdisciplinary work…

- Challenging dominant Eurocentric, culturally constructed truths: historical revisionism, decolonial approaches… Defying oppressive mental borders (F. Fanon, G. Spivak, D. Chakrabarty…).

Atelier "Études filmiques (SERCIA)"

Société pour l’Enseignement et la Recherche sur le Cinéma Anglophone (SERCIA) / Études filmiques

Please scroll down for the English version.

Dans l’imaginaire collectif et audiovisuel anglophone, le terme de frontière renvoie immédiatement au concept élaboré par Frederick Jackson Turner en 1893, tel qu’il se manifeste dans le western. Bien que l’anglais distingue ce concept (Frontier) du terme usuel (border) et que le texte de cadrage principal privilégie l’emploi de border, étudier la représentation cinématographique de la Frontière n’en est pas moins pertinent dans le cadre de ce congrès, pour peu que la Frontière soit envisagée dans sa dimension géographique, en tant que ligne de démarcation symbolique et mouvante séparant la civilisation états-unienne d’un territoire prétendument vierge et sauvage. On pourra notamment s’intéresser aux films focalisés sur les déplacements de cette frontière symbolique, ou encore à la façon dont les déplacements de population se conjuguent avec l’évolution de la Frontière, qu’ils participent à la conquête du territoire (Wagon Master, John Ford, 1950) ou qu’ils en soient les conséquences – pensons à la thématique du déplacement forcé des populations autochtones, notamment dans Cheyenne Autumn [John Ford, 1964]. Par conséquent, il s’agira également d’évaluer la façon dont les films et séries ont renforcé ou questionné la dichotomie opposant un peuple états-unien conquérant « légitimement » un territoire lui revenant de droit, et un autre (Amérindiens, Mexicains) à évincer. Rappelons que le concept de Frontière est également développé dans d’autres cinématographies. De The Story of the Kelly Gang [Charles Tait, 1906] à Sweet Country [Warwick Thornton, 2017] et The Nightingale [Jennifer Kent, 2018], le western australien a par exemple construit un imaginaire du bush et de l’outback qui lui est propre. Il sera par conséquent propice d’en évaluer les modalités, ou de comparer la façon dont les westerns états-uniens et australiens conjuguent Frontière et déplacements.

On pourra également s’interroger sur la manière dont, aux États-Unis, films et séries se sont emparés du déplacement, survenu au XXe siècle, du concept de Frontière vers d’autres objets que la conquête de l’Ouest : dans quelle mesure les productions audiovisuelles ont-elles participé à promouvoir le mythe, développé par John F. Kennedy dans son discours d’acceptation à la nomination Démocrate en 1960, de l’espace comme Nouvelle Frontière ? Les autres grands enjeux identifiés par Kennedy comme autant de nouvelles Frontières à repousser (au premier rang desquels la lutte contre la pauvreté) ont-ils également été représentés comme tels au cinéma et dans les séries ?

Bien entendu, la thématique des frontières nationales, et des déplacements qu’elles entravent ou permettent, est tout aussi centrale dans les films et séries du monde anglophone, bien que certaines frontières du monde anglophone (USA-Mexique ou Irlande-Irlande du Nord) semblent plus fréquemment représentées que d’autres (USA-Canada ou Angleterre-Pays de Galles). Le cinéma documentaire des années 2000 foisonne d'exemples de films s'intéressant aux déplacements non-autorisés d'immigrants clandestins à la frontière américano-mexicaine, remuant ainsi les débats de légitimité de la frontière et des conséquences de la guerre américano-mexicaine (1846-1848). Franchir une frontière terrestre ou maritime pour se rendre dans un pays anglo-saxon a pu représenter un enjeu migratoire (His House, Remi Weekes, 2020) ou un défi géopolitique (Dunkirk, Christopher Nolan, 2017), quand traverser la frontière dans le sens inverse a par exemple pu exprimer un désir de fuite vers un ailleurs utopique souvent fantasmé (Out of the Past, Jacques Tourneur, 1947). Même si de nombreuses œuvres ont fait du voyage à l’étranger l’expression d’un idéal cosmopolite d’ouverture à l’autre – pensons par exemple à la façon dont il est employé dans Babel [Alejandro González Iñárritu, 2005] pour dépeindre une humanité ontologiquement liée, bien qu’arbitrairement divisée par des distinctions socio-économiques absurdes –, on pourra également s’interroger sur la dimension potentiellement néocoloniale de nombreux films à grand budget (citons les franchises James Bond et Mission : Impossible), dans lesquels des individus Anglo-Saxons et les institutions qu’ils représentent jouissent d’une liberté de mouvement et d’action quasi-totales à l’échelle planétaire. De même, établir des frontières pour se protéger des velléités coloniales de l’occident est fréquemment un enjeu dans des œuvres critiques du colonialisme (Lawrence d’Arabie, dans le film éponyme de David Lean, 1962, s’évertue par exemple à tracer les frontières du territoire arabe dans un désert piétiné par les colons européens et ottomans).

À l’instar du désert de Lean, la zone frontalière elle-même a pu être représentée comme un no man’s land apolitique (No Country for Old Men, Joel et Ethan Coen, 2007), mais aussi comme une Frontera, lieu de porosité et de métissage. Ce concept, développé par la poétesse Gloria Anzaldúa, fut crucial dans l’élaboration de ce qui constitue désormais une discipline académique à part entière dans le monde anglo-saxon, les Border Studies, dont Celestino Deleyto (2016) a montré toute la portée heuristique pour analyser des films ou des séries.

Bien entendu, de multiples frontières, matérielles et immatérielles, séparent également les individus et les communautés à l’intérieur des états-nations. Préserver l’hermétisme de ces frontières internes est souvent dépeint comme la condition sine qua non de la survie d’une communauté culturelle donnée, alors même que franchir ces frontières devient l’objectif de membres de cette communauté en quête d’émancipation – thématique centrale dans l’œuvre de Martin Scorsese, de Mean Streets (1973) à The Irishman (2019). Si les frontières internes sont fréquemment imposées de l’extérieur et traduisent l’oppression systémique de minorités entravées dans leur liberté de mouvement et d’action – pensons à la façon dont Selma [Ava Du Vernay, 2014] et la série Underground Railroad [Barry Jenkins, 2021] font de la lutte contre la ségrégation raciale et l’esclavage un combat pour le droit des Afro-Américains à se mouvoir librement au sein du territoire états-unien –, elles ont également pu marquer un désir de repli communautaire, voire le signe d’une fragmentation de la nation (Year of the Dragon, Michael Cimino, 1985).

On le voit, les concepts de frontières et de déplacement sont intrinsèquement liés à celui de nation mais aussi de mondialisation ; cet atelier pourra être l’occasion de réévaluer la validité du concept de cinéma national. Depuis au moins De Caligari à Hitler de Siegfried Kracauer (1946), l’idée selon laquelle chaque cinématographie exprime une spécificité culturelle nationale domine les études filmiques, mais a été remise en cause à la fin du XXe par le « tournant transnational ». Quel crédit accorder à cette idée, au vu du caractère cosmopolite de la plupart des industries cinématographiques (notamment anglo-saxonnes) ?

Il sera également pertinent d’explorer la façon dont la mondialisation, mais aussi les récents mouvements de repli national, ont fait évoluer les modes de production et de distribution des films et des séries. Dans quelle mesure l’augmentation des co-productions internationales redéfinit-elle les industries audiovisuelles anglo-saxonnes ? La perte des financements européens à la suite du Brexit fragilise-t-elle le cinéma britannique ? L’accroissement des tensions géopolitiques entre la Chine et les États-Unis a-t-il impacté les investissements chinois à Hollywood ou les stratégies mises en place par les studios hollywoodiens pour s’implanter sur le marché chinois ? On constate également une évolution dans la manière d’envisager les oppositions entre divers modes de production au sein des cinémas nationaux. Une frontière a toujours séparé un cinéma commercial d'un cinéma indépendant, or la diversité des initiatives de production, notamment des minorités, a amené certains universitaires tels que Linda Badley dans Indie Reframed à redéfinir le cinéma indépendant comme pluriel et protéiforme.

On peut également s’interroger quant aux spécificités nationales des habitudes de consommation des spectateurs. À l’heure où les plateformes en ligne permettent de visionner une quantité virtuellement illimitée de contenu audiovisuel produit aux quatre coins du globe, peut-on désormais parler d’un accès à l’audiovisuel sans frontières ? Plus généralement, si tout le monde peut désormais accéder à des productions étrangères, mais aussi à des types de production (documentaire, cinéma indépendant, cinéma d’auteur), auparavant réservées à un public restreint (essentiellement aux habitants des grandes métropoles), cela se traduit-il par un véritable bouleversement des habitudes de consommation du public ?

Ces thématiques pourront également donner lieu à des questionnements disciplinaires. Les études audiovisuelles, telles qu’abordées au sein des études anglicistes, perpétuent-elles des distinctions par productions nationales à abolir, au vu notamment de l’interconnexion des cinématographies états-uniennes et britanniques ? Quelle place accorder, au sein des études anglicistes, à d’autres cinématographies (cinémas indiens ou africains anglophones) ? En outre, on sait à quel point l’étude des nouveaux médias a déplacé les frontières disciplinaires des études filmiques. Comment intégrer, au sein des études anglicistes, les TV Studies, les Screen Studies, les Game Studies ou encore les Film Festival Studies (discipline dont cet atelier pourra souligner toute la pertinence puisqu’elle permet d’étudier les réseaux de circulation des films au-delà des frontières) ?

NB. À l’issue de l’atelier, les articles en anglais pourront être soumis pour publication dans la revue en ligne Film Journal, soit dans les hors-thèmes, soit dans un numéro consacré au thème.
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In the collective imagination and in audiovisual representations, the term “border” immediately evokes the concept of the Frontier, theorized by Frederick Jackson Turner in 1893 and developed in Westerns. Studying the cinematic representations of the Frontier is relevant within the context of this conference, provided that the Frontier is considered in its geographical dimension, as a symbolic and shifting border separating American civilization from a supposedly wild and virgin territory. One can particularly focus on films depicting the evolution of this symbolic border or the way displacements of population coincide with this evolution – whether they cause territorial expansion (Wagon Master, John Ford, 1950) or are caused by it (i.e., the displacement of indigenous populations in films such as Cheyenne Autumn, John Ford, 1964). Therefore, one may also assess how films and series have reinforced or questioned the dichotomy between a conquering American people claiming a territory as rightfully theirs, and an other (Native Americans, Mexicans) to be displaced. It is worth noting that the concept of the Frontier is also explored in non-American films. From The Story of the Kelly Gang [Charles Tait, 1906] to Sweet Country [Warwick Thornton, 2017] to The Nightingale [Jennifer Kent, 2018], Australian Westerns have notably developed their own imagery of the bush and of the outback. Papers studying it would be welcome, as well as comparative analyses of the ways in which the concepts of Frontier and displacement intersect in American and Australian Westerns.

One may also examine to what extent films and series have embraced the shift that occurred in the US throughout the 20th century, when pushing back the Frontier no longer meant conquering the West: have audiovisual productions promoted the myth, developed by John F. Kennedy in his acceptance speech for the Democratic nomination in 1960, of space as the New Frontier? Have the other issues identified by Kennedy as new Frontiers to be pushed back (chief among them, the fight against poverty) also been represented as such in cinema and TV shows?

Of course, the theme of national borders and the movements they hinder or allow is also central in many films and series, although some borders of the English-speaking world (USA-Mexico or Ireland-Northern Ireland) seem more often depicted than others (USA-Canada or England-Wales). Documentary cinema from the 2000s is filled with examples of films focusing on the non-authorized crossing of the US-Mexico border by undocumented immigrants, stirring debates about the legitimacy of the border and the consequences of the Mexican-American War (1846-1848). Crossing land borders or maritime boundaries to reach an English-speaking country has been represented as a migratory (His House, Remi Weekes, 2020) or geopolitical challenge (Dunkirk, Christopher Nolan, 2017), while crossing the border in the opposite direction has notably stemmed from a desire to escape to an often romanticized elsewhere (Out of the Past, Jacques Tourneur, 1947). Even though many works have portrayed foreign travel as expressing a cosmopolitan ideal of openness to others – such as in Babel [Alejandro González Iñárritu, 2005], where it is used to depict humankind as ontologically linked though divided by arbitrary socio-economic distinctions –, one may also question the potentially neo-colonial dimension of various big-budget films such as the James Bond and Mission: Impossible franchises, in which American and British individuals – and the institutions they represent – enjoy almost unrestricted freedom of movement and action on a global scale. Similarly, establishing borders to protect against Western colonial ambitions is frequently an issue in works critical of colonialism: Lawrence of Arabia, in David Lean's eponymous 1962 film, attempts to delineate the borders of an Arab territory in the midst of a desert trampled by European and Ottoman colonists.

Like Lean's desert, borderlands themselves have been depicted as either an apolitical no man's land (No Country for Old Men, Joel and Ethan Coen, 2007) or as a Frontera, a porous space of hybridization. This concept, theorized by the poet Gloria Anzaldúa, was crucial in the development of what is now a distinct academic discipline, Border Studies, which Celestino Deleyto (2016) has shown to be a heuristically fruitful prism through which to analyze films and series.

Of course, multiple borders, both material and immaterial, also separate individuals and communities within nation-states. Preserving the hermeticism of these internal borders is often depicted as a sine qua non condition for the survival of a given cultural community, even as crossing these borders becomes the goal of community members seeking emancipation – a central theme in the works of Martin Scorsese, from Mean Streets (1973) to The Irishman (2019). While internal borders are often imposed from the outside and reflect the systemic oppression of minorities restricted in their freedom of movement and action – consider how Selma [Ava DuVernay, 2014] and the show Underground Railroad [Barry Jenkins, 2021] portray the fights against racial segregation and slavery as a struggle for the right of African Americans to move freely within the American territory – they have also expressed the desire of a community to withdraw upon itself, threatening the disunion of the nation (Year of the Dragon, Michael Cimino, 1985).

As we can tell, the notions of borders and displacement are inherently linked to that of nation and globalization. This conference could thus be an opportunity to reevaluate the validity of the concept of national cinema. At least since Siegried Kracauer's From Caligari to Hitler (1946) at least, the idea according to which each film industry expresses a national and cultural specificity has been dominating film studies, but it was called into question at the end of the 20th century by the "transnational turn." How relevant is this idea, considering the cosmopolitan nature of most film industries (especially the English-speaking industries)?

It would also be relevant to explore the way globalization, but also the recent movements of isolationaism, have made the modes of production and distribution of films and tv shows evolve. To what extent has the rise of international co-productions redefined the anglophone media industries? Has the loss of European financial funds due to Brexit weakened British cinema? Have the increasing geopolitical tensions between China and the United States had an impact on Chinese investments in Hollywood or on the strategies implemented by the Hollywood studios to conquer the Chinese market? The way we consider the opposition between diverse modes of production within a national cinema has evolved as well. There has always been a clear boundary between commercial cinema and independent cinema, yet the diversity of production initiatives, especially those created by minorities, has led a few academics, such as Linda Badley in Indie Reframed, to redefine independent cinema as diverse and multifaceted.

One can also study the characteristics of audiences' streaming habits in a specific country. Now that online platforms allow people to watch a virtually unlimited number of films and tv shows produced around the world, can we consider that we live in a borderless media landscape? Generally speaking, if everybody can get access to foreign productions (documentaries, independent cinema, auteur cinema), which used to be available to a limited number of people (mainly those who lived in big cities), can we conclude that it has completely upset audiences' film-viewing habits?

These themes can also lead us to question certain academic fields. Do media and film studies, because of the way they are considered in anglophone studies in France, contribute to deepening the boundaries between certain national cinemas? Should these be abolished, considering the interconnection between British and American cinemas ? How can we consider and include other English-speaking cinemas (Indian or African for instance)? It cannot be denied that the study of new media has shifted the theoretical boundaries of film studies. Thus, how can we integrate TV Studies, Screen Studies, Game Studies or Film Festival Studies (whose relevance need to be stressed since they include the study of film circulation networks beyond borders)?
 
Please send your proposal (in English or French), an abstract of 300 words maximum and a short bio, before December 6 2023, to atelier.sercia.saes@gmail.com.

Workshop organization: Emilie Cheyroux (Institut National Universitaire Champollion, Albi) and Vincent Jaunas (Université Jean Monnet Saint-Étienne)

NB. At the end of the workshop, papers in English may be submitted for publication in the online review Film Journal, either as an occasional paper or in an issue on the theme.
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Bibliographie indicative

Anzaldúa, Gloria. Borderlands. La Frontera. The New Mestiza (1987), San Francisco, Aunt Lute Books, 2012.

Badley, Linda. "Introduction." In Indie Reframed: Women's Filmmaking and Contemporary American Independent Cinema, edited by Linda Badley, Claire Perkins and Michele Schreiber, 1-19. Edinburgh: Edinburgh University Press, 2016.

de Valck, Marijke. Film Festivals : From European Geopolitics to Global Cinephilia. Amsterdam: Amsterdam University Press, 2007.

Deleyto, Celestino. “Looking from the Border: a Cosmopolitan Approach to Contemporary Cinema.” In Transnational Cinemas, 8:2, 2017, 95-112.

Fojas, Camilla. “Hollywood Border Cinema: Western with a Vengeance.” In Journal of Popular Film and Television, 39:2, 2011, 93-101.

Gaudreault, André, et Philippe Marion. La fin du cinéma ? Un média en crise à l'ère du numérique, Paris, Armand Colin, 2013.

Hjort, Mette, et Scott Mackenzie. Cinema & Nation, Londres, Routledge, 2000.

Iordanova, Dina, et Ragan Rhyne, eds. Film Festival Yearbook 1: The Festival Circuit. St Andrews: St Andrews Film Studies, 2009.

Mingant, Nolwenn. Hollywood à la conquête du monde. Paris, CNRS Éditions, 2010.
Atelier "Ecritures et psychanalyse"

Le texte général de cadrage est disponible à l’adresse suivante : https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

Responsables de l'atelier :
· Rédouane ABOUDDAHAB (r.abouddahab@free.fr)
· Pascal BATAILLARD (pascal.bataillard1@gmail.com)
· Éléonore LAINÉ-FORREST (eleonore.laine-forrest@unc.nc)

Atelier "ALAES/ALOES"

Nous lançons par ce message un appel à communications pour l'atelier ALAES/ALOES du Congrès 2024 de la SAES, qui aura lieu du 30 mai au 1er juin à Nancy (Université de Lorraine) sur le thème « Frontières et déplacements ».

Les programmes des ateliers devront être prêts courant décembre, aussi vous êtes invités à adresser vos propositions de communication dès maintenant et jusqu'au 1er décembre conjointement aux deux adresses suivantes :
laure.gardelle@univ-grenoble-alpes.fr
ET laura.goudet@univ-rouen.fr

Vous trouverez le texte de cadrage du Congrès à cette adresse :
https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

Il sera comme toujours possible de faire des propositions de communication hors thème.
Atelier "Traductologie (TRACT)"

Veuillez trouver ci-dessous l'appel à contribution (en anglais ou en français) pour l'atelier de traductologie du prochain congrès de la SAES à Nancy.

Merci d’envoyer vos propositions (300 mots max. et une brève notice bio-bibliographique) d’ici le 1er décembre 2023 à Jessica.stephens@sorbonne-nouvelle.fr et bruno.poncharal@sorbonne-nouvelle.fr

Atelier de Traductologie du TRACT au Congrès annuel de la SAES 2024 à Nancy : "Frontières et déplacements"

La traduction comme subversion : brouillage et verticalité

« Frontière » et « déplacement » sont deux notions clefs dans l’analyse traductologique, mais comment se démarquer, se « décaler », afin de renouveler notre approche, de la repenser ? En effet, plutôt que d’envisager la traduction sur le mode d’un déplacement horizontal et d’un franchissement de frontière, pouvons-nous l’envisager comme un acte lié à un mouvement davantage vertical ou oblique, de (re)montée à la surface d’un sens enfoui, de mise au jour, sinon de mise à jour ? Peut-on donc se débarrasser de la métaphore spatiale, liée au transfert horizontal lorsqu’on parle de traduction ? Penser la traduction en termes de verticalité permet-il de prendre appui sur les soubassements de l’œuvre à traduire, sur l’intention littéraire de l’auteur, afin de faire jaillir les mots avec force dans la langue cible ? Et, dans le même fil, est-il possible de dépasser les oppositions binaires qui ne cessent de hanter toute réflexion traductologique (quels que soient les termes et leur évolution au cours des siècles : lettre/esprit, texte source/texte cible, domestication/foreignization, etc.) et d’envisager la traduction comme une sorte de fusion, d’entrelacement, ou encore de relation anamorphique entre deux textes, brouillant ainsi les repères, les frontières codifiées de cet exercice et de son cadre théorique ?

C’est dans cet esprit, afin de déplacer notre regard sur la traduction, que nous vous proposons les quelques axes de recherche suivants et que nous accueillerons toute proposition tendant à subvertir et interroger notre vision du processus traductif :

- De la « version » à la sub-version : peut-on se passer de la métaphore spatiale, de l’image du déplacement, du transfert horizontal de … vers / from … into pour penser la traduction ? Comment l’idée même d’un original peut s’en trouver subvertie ?

- La traduction comme « excavation » : comment le traducteur fait-il remonter le(s) sens à la surface ? La poétesse Alice Oswald, par exemple, dit qu’elle ne traduit pas « from Homer » mais « through Homer ».

- Traduction et re-construction du texte : si le texte cible est vu comme un édifice que l’on érige, quel impact sur la traduction des images et des glissements métaphoriques ? Quelles nouvelles contraintes et latitudes en termes d’agencement linguistique et de déplacements syntaxiques ?

- Langues en migrations – lexicographie, emprunts, xénismes, pérégrinismes ; exploration philologique et sémantique.

- Brouillage des frontières dans les phénomènes de multilinguisme et de plurilinguisme : alternance codique, translanguaging, hétéroglossie, polyglossie, et toutes formes de métissage / hybridation, créations, etc.

- Déplacements intralinguistiques : dans la littérature anglophone ou francophone ; dans différentes aires géographiques et culturelles.
Atelier "Anglais de Spécialité (GERAS)"

Le texte général de cadrage est disponible à l’adresse suivante : https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

Responsables de l'atelier :
· Adam WILSON (adam.wilson@univ-lorraine.fr)
· Séverine WOZNIAK (severine.wozniak@univ-lyon2.fr)
Atelier "Didactique et acquisition des langues (ARDAA)"

Le texte général de cadrage est disponible à l’adresse suivante : https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

Responsables de l'atelier :
· Pascale MANOÏLOV (pascale.manoilov@parisnanterre.fr)
· Nicolas MOLLE (nicolas.molle@univ-lorraine.fr)
Atelier "SEM/SEW"

À l'occasion du prochain congrès de la SAES, qui aura lieu du 30 mai au 1 juin 2024 à l'Université de Lorraine à Nancy, l’atelier de la Société d’Etudes Woolfiennes (SEW) et de la Société d’Études Modernistes (SEM) accueille des propositions de communications portant sur le thème général du congrès, « Frontières et déplacements ».

Le texte général de cadrage peut être consulté à l'adresse suivante :
https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

Nous invitons les participants à réfléchir aux notions de frontières et de déplacements plus particulièrement par rapport aux spécificités modernistes et woolfiennes :

Littéralement, la frontière sépare deux espaces et délimite des territoires. Elle invite à questionner les parcours et les textes notamment sous l’angle de la dialectique entre passage et obstacle, transgression et conservation. Cette notion de frontière entraîne des questionnements relatifs aux migrations et déplacements tout d’abord physiques, sous forme de voyages. Les modernistes anglo-américains, écrivains (Virginia Woolf, E.M. Forster, James Joyce, Gertrude Stein) ou artistes (Roger Fry, Clive et Vanessa Bell, Duncan Grant), viennent séjourner en France, attirés soit par Paris, soit par le Sud de la France. Si on connaît le goût des membres de Bloomsbury pour la France et la manière dont les cercles littéraires parisiens des années 1920 ont accueilli les expatriés, dans quelle mesure et comment ces déplacements se sont-ils répercutés sur leur œuvre ? A contrario, l’entrave au déplacement que représente le passeport, systématisé après la Première Guerre mondiale, est sans doute à l’origine de tout un courant culturel, une littérature des clandestins, réfugiés et internés, avec Death Ship de B. Traven ou Scum of the Earth d'Arthur Koestler.

Si la circulation physique des personnes se double d’une circulation intellectuelle, qui déborde l’espace délimité par les frontières, quelles sont les dynamiques de traduction, mais aussi de transmission au-delà des frontières ? L’œuvre des modernistes circule grâce aux expositions et aux traductions ; leurs productions littéraires et artistiques deviennent ainsi visibles et accessibles au-delà des frontières géographiques et linguistiques. On pourra réfléchir à la traduction ou à d’autres formes de transmission interculturelle dans la circulation des textes et des modèles – ce qu’Ulysses doit à Valéry Larbaud, ce que le succès de D.H. Lawrence doit aux imprimeurs clandestins de Florence, ce que le Criterion doit au Mercure de France, au centre duquel le traducteur-passeur est une figure clé, ce que la postérité de Beckett doit à l’auto-traduction, et ainsi de suite.

Le modernisme est aussi affaire de territoire : qui est d’avant-garde, qui ne l’est pas. Le manifeste imagiste n’est pas autre chose que l’outil de démarcation d’une école, avec Ezra Pound en dépositaire ultime de l’autorité et du critère. Que l’on pense, plus tard, au Criterion et à la racine étymologique de ce mot : un outil de jugement et de séparation, de sélection en somme. Il s’agit bien, au-delà des frontières que constituent la première et la quatrième de couverture de chaque numéro, et en dépit de l’ethos de la revue moderniste qui se veut ouverte sur le monde et volontiers intermédiale, d’un territoire fermé où n’entre pas qui veut. En revanche, avec The Crisis, la grande revue de la NAACP, on voit que la dynamique critique peut être ouverture et effort de dépassement des clivages.

Que dire aussi des provocations du modernisme, quand le verbe va trop loin, quand l’excès tue la beauté (le beauty be done to death de HD), ou quand la belle abjection poétique oblige à détourner le regard ? La frontière de la peau est franchie encore et encore dans la violation, dans le féminicide (« Indissoluble Matrimony », de Rebecca West, étant un des textes d’ouverture de Blast), dans les rituels sauvages des scènes primitivistes de D.H. Lawrence, dans la scène de bestialité de Nightwood ou les passages expurgés de Ryder… Les mots, les corps dépassent les bornes, et il faut parfois deux générations pour voir que c’est en fait la frontière qui a bougé.

Les circulations modernistes sont marquées, par ailleurs, du point de vue du genre / gender : la célèbre phrase de Virginia Woolf dans Three Guineas « As a woman, I have no country. As a woman I want no country. As a woman my country is the whole world » renvoie à l’existence des frontières (d’un point de vue intellectuel, politique et économique) patriarcales, nationalistes et capitalistes. Quelle place ont eu les femmes dans les passages de frontières ? Les figures de Katherine Mansfield, de Mina Loy, de HD, ou encore de Jean Rhys surgissent plus particulièrement. Comment ces passages de frontières, pour ces femmes, ont-ils conduit ces autrices à repenser le genre (identitaire) par le genre (littéraire) ou contre lui ? Comment les pamphlets féministes de Woolf, en particulier, ont circulé au-delà des frontières et ont modelé les féminismes d’autres pays ? Comment cartographier ces passages de frontières ? Quels questionnements sociaux ou esthétiques sur le genre, dans les œuvres modernistes, n’auraient, au contraire, pas réussi à passer les frontières ?

Nous invitons enfin les participants à examiner ce qui se passe aujourd’hui dans la littérature et l’art contemporains, lorsque les auteurs modernistes et leurs œuvres dépassent les frontières littéraires et artistiques où ils sont nés et qui les contiennent habituellement. Quels changements s’opèrent-ils lorsqu’une œuvre moderniste est transposée d’un genre à l’autre ou dans d’autres médias ? De quelle façon l’héritage des auteurs modernistes est-il recyclé dans d’autres médias, sur des surfaces insolites et dans d’autres domaines ? Comment la « haute » littérature moderniste migre et s’infiltre-t-elle dans l’art contemporain et dans la culture populaire ? Finalement, les après-vies des auteurs mises en scène dans la biofiction et les biopics (romans, films, séries télévisées et pièces de théâtre sur Virginia Woolf, E.M. Forster, Lytton Strachey, Dora Carrington, T.S. Eliot, et le groupe de Bloomsbury) participent à un déplacement non seulement ontologique et générique mais aussi chronologique : ces auteurs modernistes, ainsi que leur héritage, sont ressuscités pour le public du XXIe siècle.

Au-delà des frontières de l’art et de la littérature, Woolf ou Joyce, par exemple, comme d’autres auteurs iconiques, sont présents sur le web, ce qui rend leur œuvre ainsi que leur image accessibles partout dans le monde, ré-appropriables et ouvertes. La manière dont non seulement l’œuvre publiée mais aussi les archives, brouillons, voix, graphies se répandent ainsi mondialement pose, par ailleurs, des questions liées aux frontières du texte lui-même : le texte ne se diffuse plus seulement sous une forme finie et close, mais sous une forme ouverte, exposant toujours davantage les possibles qu’il recèle, le processus dont il n’est qu’un maillon, l’étoilement dont il est l’un des centres. C’est pourquoi il s’agira pour nous d’élargir les frontières critiques et d’amener les modernistes sur des territoires moins explorés : approches génétiques, épistémo- ou écocritique, postcoloniale, néo-féministe, queer, LGBTQ+…

Toute autre réflexion et cas pratiques autour des notions de « frontières » et de « déplacements » sont encouragés et seront les bienvenus pour alimenter les discussions dans cet atelier commun à la SEW/SEM.

Les propositions de communication, en français ou en anglais, de 300 mots environ, ainsi qu’une notice biographique, sont à envoyer à Noëlle Cuny (noelle.cuny@uha.fr), Monica Latham (monica.latham@univ-lorraine.fr) et Anne-Laure Rigeade (anne-laure.rigeade@u-pec.fr) au plus tard le 1er décembre 2023.

Une sélection d’articles sera publiée dans un numéro spécial de la série Book Page Text Image (Editions Universitaires de Lorraine).

Bibliographie indicative :

Bradshaw, David, ‎Laura Marcus and ‎Rebecca Roach, eds. Moving Modernisms: Motion, Technology, and Modernity. Oxford: Oxford UP, 2016.

Chalk, Bridget T. Modernism and Mobility: the Passport and Cosmopolitan Experience. New York: Palgrave Macmillan, 2014.

Davison, Claire, ed. Contemporary Woolf/Woolf Contemporaine. Montpellier: PU de la Méditerranée, 2014.

Deane, Vincent, Daniel Ferrer, Geert Lernout, eds. The Finnegans Wake Notebooks at Buffalo. Turnhout: Brepols, 2001-2004.

Dubino, Jeanne, Paulina Pająk, Catherine W. Hollis, Celiese Lypka and Vara Neverow. The Edinburgh Companion to Virginia Woolf and Contemporary Global Literature. Edinburgh: EUP, 2021.

Hussey, Mark. “Digital Woolf”. A Companion to Virginia Woolf. Ed. Jessica Berman. Oxford: Wiley Blackwell, 2016.

Caws, Mary Anne and Nicola Luckhurst, eds. The Reception of Virginia Woolf in Europe. New York: Continuum, 2002.

Latham, Monica, Caroline Marie and Anne-Laure Rigeade, eds. Recycling Virginia Woolf in Contemporary Art and Fiction. London: Routledge, 2021.

Mao, Douglas and Rebecca L. Walkowitz, eds. Bad Modernisms. Durham, N.C.: Duke UP; Chesham: Combined Academic [distributor], 2006.

Silver, Brenda. Virginia Woolf Icon. Chicago: Chicago UP, 2000.
Smith, Anne-Marie and Claire Davison, eds. Trans-Woolf: Thinking across Borders. Perugia: Morlacchi Editore UP, 2017.

Taylor-Batty, Juliette. Multilingualism in Modernist Fiction. Basingstoke: Palgrave Macmillan, 2013.

Walkowitz, Rebecca L. Cosmopolitan Style: Modernism Beyond the Nation. New York: Columbia UP, 2006.

Atelier "SAGEF - Société des anglicistes sur les femmes, le sexe, et le genre"

Le texte de cadrage général est consultable sur le site du congrès :
https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

La SAGEF recevra avec plaisir des propositions de communication issues des différents champs de l’anglistique portant en priorité, mais non exclusivement, sur les axes suivants :

*Femmes, minorités de genre et de sexualité (personnes queer, trans, non-binaires, gender fluid, gaies, lesbiennes, etc) dans l’espace public et/ou dans l’espace privé : porosité et remise en question des sphères

*Femmes, minorités de genre et de sexualité en migration : expériences, récits et représentations de la frontière

*Déplacement géographique, franchissement de frontière(s) et accès à la justice des femmes et des minorités de genre et de sexualité (procréation, avortement, protection contre les violences de genre et sexuelles, droit des personnes LGBTQI+, etc)

*Femmes, minorités de genre et de sexualité en milieu professionnel : le plafond de verre, une frontière invisible ?

*Féminismes et théorie queer à l'échelle locale, nationale et transnationale ; circulation et croisement des idées et terminologies féministes de la première vague aux féminismes queer et intersectionnel et à #MeToo

*Réception, circulation et canonisation d’œuvres de femmes et de minorités de genre et de sexualité à l’échelle nationale et transnationale

*(Re)penser les frontières genrées de la langue et du style : écriture inclusive et pratiques langagières non discriminantes, écriture dite féminine, écriture épicène…

*Performativité du genre, dépassement du binarisme et transition de genre : expériences, récits et représentation des frontières du genre et de leur porosité

Les propositions de communication (maximum 300 mots, en français ou en anglais), accompagnées d'une courte notice bio-bibliographique, sont à envoyer pour le jeudi 30 novembre 2023 à Valérie Favre (valerie.favre@univ-paris1.fr) et Maggie Gillespie (margaret.gillespie@univ-fcomte.fr)
Atelier "Arts dramatiques anglophones contemporains (RADAC)"

Nous avons le plaisir de vous transmettre ci-dessous l’appel à communications de l’atelier "Arts dramatiques anglophones contemporains (RADAC)" pour le prochain congrès de la SAES qui aura lieu à l’Université de Lorraine (Nancy) du 30 mai au 1er juin 2024 autour du thème « Frontières et déplacements ». Vous trouverez le texte de cadrage général à l’adresse suivante : https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

Merci d’envoyer vos propositions de communications en anglais ou en français (300 mots accompagnés d’une courte bibliographie) ainsi qu'une brève présentation biographique à Marianne Drugeon ( marianne.drugeon@univ-montp3.fr ) et Aloysia Rousseau ( aloysia.rousseau@orange.fr ) avant le 30 novembre 2023.

Axes de réflexion non-exhaustifs :

Frontières et déplacements génériques :

Porosité des genres dans le théâtre anglophone contemporain. Hybridation des sous-genres: comédie musicale et théâtre verbatim dans London Road d'Alecky Blythe (2011), roman graphique et théâtre dans Total Immediate Collective Imminent Terrestrial Salvation de Tim Crouch (2019), utilisation du film d'animation dans le travail de la compagnie 1927, etc. Remise en question de la distinction highbrow/lowbrow.
Déconstruction de la well-made play par le biais d’un brouillage spatial (explosion du décor réaliste dans Blasted de Sarah Kane [1995], utilisation du film en temps réel dans Flicker du Big Art Group [2002]) ou temporel (chronologie et linéarité perturbées dans le théâtre d’Alistair McDowall ou de 600 Highwaymen).
Perméabilité des frontières et des contours définissant les rôles de tous les intervenants dans la création artistique (entre amateur et professionnel, entre participant et spectateur, entre dramaturgie et mise en scène).

Frontières et déplacements géographiques et politiques dans le théâtre anglophone contemporain :

Théâtre et migration/migrant theatre.
Théâtre et Brexit (le Brexit thématisé dans les Brexit plays mais aussi l’influence du Brexit sur la production et la circulation des textes de théâtre et compagnies théâtrales).
Déplacements induits par la traduction et l’adaptation d’une création qui passe les frontières.

Frontières et déplacements de genre et d’identité :

Théâtre queer qui renverse bien souvent les catégories génériques et les attentes du public. On pense notamment à Sounds of the Underground de Travis Alabanza et NO I.D. de Tatenda Shamiso, toutes deux produites en 2023 au Royal Court Theatre, ou à la comédie musicale A Strange Loop de Michael R. Jackson, lauréat du Prix Pulitzer de 2020.

Question de la frontière entre imagination créative et appropriation culturelle (Who gets to speak?) abordée par Martin Crimp dans Not One of These People (2022).

Frontières et déplacements des lieux de théâtre : Entre création et reprise, West End et Fringe, Broadway et Off-off Broadway.
Entre réel et virtuel (théâtre numérique, théâtre et covid, théâtre et réalité virtuelle). Redéfinition du rapport au public et de ce qui fait théâtre : présence corporelle ou live streaming.
Théâtre immersif, théâtre in situ. Le théâtre contemporain comme un théâtre sans cesse en mouvement qui va à l’encontre de son public et se défait ainsi de son carcan élitiste. On pense notamment aux pratiques du National Theatre of Scotland, de la compagnie anglaise Paines Plough ou des initatives de la compagnie canadienne Tableau d'Hôte pendant la pandémie.

Atelier "Manuscrits"

Le thème du congrès est « Frontières et déplacements » / « Crossing — Borders » et je serai ravi d’accueillir des propositions de communication (avec titre et résumé entre 300 et 500 mots) autour de ce thème dans l’atelier « Manuscrits ». Vous trouverez le texte précis des appels (en français et en anglais) à https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

La date limite pour l’envoi des propositions pour l’atelier est fixée au 30 novembre. Merci d’inclure une note biographique (150 mots max. avec votre nom d'institution et adresse électronique de contact) à votre proposition et de les envoyer à guillaume.coatalen@cyu.fr

Je vous informerai mi-décembre des propositions retenues.

Toute proposition correspondant au texte de cadrage sera la bienvenue. On pourra s'intéresser, par exemple, aux frontières entre l'imprimé et le manuscrit ou encore à la diffusion du texte manuscrit et les déplacements du texte. Comme chaque année, cet atelier est ouvert à toutes celles et tous ceux (en particulier les doctorantes et doctorants) qui travaillent sur les sources manuscrites, de toutes les époques et dans tous les champs de l'anglistique.

Atelier "Creative Writing"

Convenors: Dr Helen E. Mundler, Associate Professor, Université Paris-Est Créteil, and Professor Sara Greaves, Aix-Marseille Université.

[Scroll down for text in French]

The Congress of the SAES planned for 2020 (which actually took place online in 2021), saw the inauguration of the Creative Writing Panel with two online sessions. At the 2022 Congress in Clermont-Ferrand, we held two in-person sessions, and added a “creative readings” event in which participants read from their own creative writing:
( https://www.youtube.com/watch?v=QW_hYZgHrR8&t=2607s ).
At the 2023 Congress in Rennes we added a creative writing workshop.

The work of this panel is led by a core group, spanning universities in Aix-Marseille, Paris and Besançon (Université de Franche-Comté). So far, we have held a study day (5th October 2022, Université de Franche-Comté, organised by Dr. Tracy Bloor, and have set up an association called La Société Etc (Ecriture, Traduction, Création). We have also published our first dossier, in E-rea 20.2 (Revue électronique d’études sur le monde anglophone, LERMA EA 853, Aix-Marseille Université) in 2022 : “There is a time for building…”: Creative Writing in English Studies in French Universities.

At the SAES congress in 2024 we would like to build on the success and visibility we have achieved so far, to further our reflection and to attract new participants.

We intend to convene three panel sessions and one event, as follows:

Thursday 30th May, afternoon:

This three-hour session will be a traditional panel with six papers and discussion of those papers, chaired by the convenors.

In 2021, we asked contributors to focus on the relationship between their creative practice and their research, and the 2022 and 2023 themes, respectively “fault-lines” and “transmission”, allowed further development in this direction. The 2024 theme, "Frontières et déplacements (Crossing /Borders)", will allow further reflection on the permeability of creative and critical practice and of teaching and research in our domain.

The theme of the conference, “Crossing/borders” is particularly apt. Central to our project is the idea that creative writing in English departments or LANSAD in French universities is generally attached to another discipline, rather than being considered as a discipline in itself, as in many other countries. This means that the teaching of creative writing, or creative translation or other processes, is often prefaced or contextualized within a theoretical framework relating to one of the “pillars” of English Studies in France, most often considered as literature, translation, linguistics and didactics. However, the very porosity of the borders between theoretically-driven work and creative work is often of direct interest – how may such borders be defined? How may they be bridged or straddled? In what instances do such crossings lead to a loss or perceived loss of legitimacy, and how might this be parried?

Living as we do in Europe, geographical borders, too, often imply a change of language, which echoes with all of us as bilingual or multilingual teachers, researchers and/or writers. Similarly, a multicultural society, and migrations past or present, raise questions of identity and plurilingualism. How changes of language, and languages in contact, can be accommodated within a reflection on creativity is an ongoing preoccupation of our group.

Contributions from specialists in any aspect of English Studies on the theme of creative writing as seen through the lens of “Crossing/Borders” are welcome. Papers may be traditional or innovative. Speaking time will be limited to 20 minutes in order to promote discussion. We ask that participants come armed with two or three discussion questions that they would like to see developed, to encourage participation from listeners. These can be projected on the screen or otherwise distributed at the beginning of the session.

To propose a paper, please send the following information to mundler.students@gmail.com and sara.greaves@univ-amu.fr, before 5th December 2023.

Name, affiliation, proposal in English (max 300 words max), proposal in French (300 words max), biography in English (150 words max), biography in French (150 words max).

Friday 31st May, morning:

A Special Session with Adam Wyeth: Readings and Discussion, co-organised by the Poets and Poetry (LOOP), SOFEIR, and Creative Writing Panels.

All conference-goers are welcome to attend the session.

Friday 31st May, 18h:

This “open mic”, or creative readings, session, lasting a total of two hours, will be an opportunity for conference-goers from all panels to present their creative work. Extracts from novels or short stories, poetry or even songs are all welcome.

As in 2023, we will begin with a short, social session to get everybody into a receptive mood for the readings. We hope to serve soft drinks and snacks, local conditions permitting.

While in 2022 and 2023 we chose not to adopt any particular theme for the “open mic” event, this year we will be following the theme of the conference, since it lends itself very well to creative work. Borders and crossings have a very central place in the lives of many if not all of us: not only are we bi- or mutli-cultural, but in many cases we feel at home, in different ways, in more than one country, region, language or identity. The same may be true for gender, sexuality, class or culture. In-between-ness, outsider-ness, astride-ness or fluidity and porousness are among the numerous conceptual possibilities. Thus readings on these themes or enacting these experiences will be particularly welcome.

Readings should be no more than seven minutes long. Contributors are welcome to circulate a handout with details of their creative project, past and pending publications, etc. We aim to celebrate every success.

To propose a creative reading, please send the following information to mundler.students@gmail.com and sara.greaves@univ-amu.fr before 5th December 2023.

Name, affiliation, short proposal in English or French; short biography in English or French.

Saturday 1st June, morning:

This session will be given over to a creative workshop led by Helen E. Mundler-Arantes on using subjective maps in creative practice and teaching.

The aims will be to explore new approaches to creative writing, both to enrich our own practice, and for classroom use.

All conference-goers are welcome to attend. Details of the workshop will be sent out in early April.

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Version française

Panel "Creative Writing"

Présidentes : Dr Helen E. Mundler, Professeur associé, Université Paris-est Créteil, et Professeure Sara Greaves, Aix-Marseille Université.

Le Congrès de la SAES prévu pour 2020 (qui s'est en fait déroulé en ligne en 2021), a vu l'inauguration du panel d'écriture créative avec deux sessions en ligne. Lors du congrès 2022 à Clermont-Ferrand, nous avons organisé deux sessions en présentiel et avons ajouté un événement de "lectures créatives" au cours duquel les participant.e.s ont lu des extraits de leurs propres écrits créatifs

(https://www.youtube.com/watch?v=QW_hYZgHrR8&t=2607s).

Lors du Congrès 2023 à Rennes, nous avons ajouté un atelier d'écriture créative.

Le travail de ce groupe est mené par un noyau d'universitaires d’Aix-Marseille, Paris et Besançon A ce jour, nous avons organisé une journée d'étude (le 5 octobre 2022, à l’Université de Franche-Comté, organisée par le Dr. Tracy Bloor), et nous avons créé une association appelée La Société Etc (Ecriture, Traduction, Création). Nous avons également publié un dossier dans la revue E-rea no. 20.2 (Revue électronique d'études sur le monde anglophone, LERMA EA 853, Aix-Marseille Université) en 2022 : "There is a time for building..." : Creative Writing in English Studies in French Universities.

Lors du congrès de la SAES en 2024, nous aimerions nous appuyer sur le succès et la visibilité que nous avons obtenus jusqu'à présent, poursuivre notre réflexion et attirer de nouveaux participants.

Nous avons l'intention d'organiser quatre séances, comme suit :

Jeudi 30 mai, l’après-midi :

Cette session de trois heures sera un panel traditionnel avec six communications, présidée par les organisatrices.

En 2021, nous avons demandé aux communicant.e.s de se concentrer sur la relation entre leur pratique créative et leur recherche, et les thèmes de 2022 et 2023, respectivement « Failles » et « Transmissions », ont permis un développement plus poussé dans cette direction. Le thème de 2024, "Crossing/Borders", permettra d'approfondir la réflexion sur la perméabilité de la pratique créative et critique, ainsi que de l’enseignement et de la recherche dans le domaine de l’anglistique.

Le thème du colloque, "Crossing/Borders", est particulièrement approprié à notre travail. Au cœur de notre projet se trouve l'idée que dans les départements d'études anglophones en France, ou en LANSAD, l'écriture créative est souvent rattachée à une autre discipline, plutôt que d'être considérée comme une discipline à part entière, comme c'est le cas dans beaucoup d'autres pays. Cela signifie que l'enseignement de l'écriture créative, ou de la traduction créative ou d'autres processus, est généralement préfacé ou contextualisé dans un cadre théorique relatif à l'un des « piliers » des études anglaises en France, le plus souvent la littérature, la traduction, la ou la didactique. Cependant, la porosité même des frontières entre le travail théorique et le travail créatif est souvent d'un grand intérêt – comment ces frontières peuvent-elles être définies ? Comment peuvent-elles être franchies ? Dans quels cas ces franchissements entraînent-ils une perte ou une perception de perte de légitimité, et comment y remédier ?

Comme nous vivons en Europe, les frontières géographiques impliquent souvent un changement de langue, ce qui nous concerne tous en tant qu'enseignants-chercheurs et/ou écrivains bilingues ou multilingues. De même, la société multiculturelle, les migrations passées ou récentes, pose des questions d’identité et de plurilinguisme. La façon dont les changements de langue et les langues en contact peuvent être intégrés dans une réflexion sur la créativité est une préoccupation constante de notre groupe.

Les contributions dans toutes les disciplines de l’anglistique qui abordent l'écriture créative sous l'angle des "croisements/frontières", seront les bienvenues. Les communications peuvent être traditionnelles ou innovantes. Le temps de parole sera limité à 20 minutes afin de favoriser la discussion. Nous demandons aux participant.es de venir armé.e.s de deux ou trois questions pour démarrer la discussion. Ces questions peuvent être projetées à l’écran au début de la session, ou présentées sur un document photocopié.

Pour proposer une communication, veuillez envoyer les informations suivantes à mundler.students@gmail.com et sara.greaves@univ-amu.fr, avant le 5 décembre 2023, avec votre nom et affiliation, votre proposition en anglais (300 mots maximum) et en français (300 mots maximum), une notice biographique en anglais (150 mots maximum) et en français (150 mots maximum).

Vendredi 31 mai, matin :

Cette session de 90 minutes prendra la forme d’une table ronde sur un ou deux essais publiés qui abordent ou illustrent le passage de frontières entre la pratique créative, l'enseignement et la recherche. Les textes seront distribués en temps utile. Ce sera l’occasion de partager nos expériences d’enseignement et en tant que contributeurs aux journaux scientifiques ou peut-être en tant que coordonnateurs de dossiers ou de numéros de revues.

L'objectif de la session sera de réfléchir ensemble de manière vivante et dynamique. Les participant.es sont invité.es à venir avec des remarques préparées s'ils le souhaitent.

Tous les participant.e.s au colloque sont invité.e.s à assister à la table ronde.

Vendredi 31 mai, 18h :

Cette session de lectures créatives, d'une durée totale de deux heures, sera l'occasion pour les participants à la conférence de tous les panels de présenter leur travail créatif. Des extraits de romans ou de nouvelles, de la poésie ou même des chansons seront les bienvenus.

Comme en 2023, nous commencerons par un bref moment convivial afin de nous mettre dans un état d'esprit réceptif pour les lectures. Nous espérons pouvoir servir des boissons non alcoolisées et des en-cas, si les conditions locales le permettent.

Alors qu'en 2022 et 2023 nous avions choisi de ne pas adopter de thème particulier pour l'événement de l’« open mic », cette année nous suivrons le thème de la conférence, puisqu'il se prête très bien au travail créatif. Les frontières et les passages occupent une place centrale dans la vie de beaucoup d'entre nous, si ce n'est de tous : non seulement nous sommes biculturell.e.s ou multiculturell.e.s, mais dans de nombreux cas, nous nous sentons chez nous, de diverses manières, dans plus d'un pays ou plus d'une région, langue ou identité. Il en va de même, peut-être, pour le genre, la sexualité, la classe sociale ou la culture. L’entre-deux, la non-appartenance, la posture « à cheval » ou la fluidité et la porosité font partie des nombreuses possibilités conceptuelles. Les lectures portant sur ces thèmes ou qui théâtralisent ces expériences seront donc particulièrement bienvenues.

Les lectures ne doivent pas durer plus de sept minutes. Les participant.es sont invité.e.s à distribuer un document contenant des détails sur leur projet créatif, leurs publications passées et à venir, etc. Nous souhaitons célébrer tous les succès !

Pour proposer une lecture créative, veuillez envoyer les informations suivantes à mundler.students@gmail.com et sara.greaves@univ-amu.fr avant le 5 décembre 2023 avec votre nom, affiliation, une courte proposition en anglais ou en français et une biographie en anglais ou en français.

Samedi 1er juin, matin :

Cette session sera consacrée à un atelier créatif dirigé par Helen E. Mundler-Arantes sur l'utilisation des cartes subjectives dans la pratique créative et l'enseignement.

L'objectif est d'explorer de nouvelles approches de l'écriture créative, à la fois pour enrichir notre propre pratique et à des fins pédagogiques.

Tous les participants à la conférence sont les bienvenus. Les détails de l'atelier seront envoyés au début du mois d'avril.

Atelier "SEPC : Postcolonial literatures and Arts"

This workshop proposes to study the interlinking themes of crossing and borders in postcolonial countries and settler societies, from colonial policies and the intergenerational trauma they caused, to the politics of restructuring and renegotiating borders set by postcolonial governments.

The postcolonial terrain is one that bears witness to the migrant crossing of borders and the tracing of new maps and trajectories. Unlike the colonial intent of bringing order to chaos, delimiting territory, carving up continents and subcontinents in the process, and imposing English as the language of administration, the postcolonial desire of voicing dissent and writing back to the centre is evident in the fictional aesthetics of writers who blur the boundaries between history and fiction, highlight the shadow lines that separate cultures, and provide an alternative vision that accommodates both the individual and collective experience to create a voice outside the Eurocentrism of Western master narratives.

Yet, it is also relevant to consider how postcolonial literatures view the legacies of colonial times with a critical eye. Be it wars that have resulted in the reconfiguration of new borders forcing people to move—the main motif of “Partition narratives”—or the fault lines left over from colonial times and polices, and those left over from Apartheid in South Africa. These fault lines have inspired writers to imagine new cartography or “kartography” (Kamila Shamzie) or even trace “shadow lines” (Amitav Ghosh).

As the conventional spatial coordinates of colonial narratives from the centre to the periphery are reconfigured into a migrant quest from the periphery to the centre, this workshop aims to explore how diasporic, non-diasporic and transnational writers look at past tensions between the familiar and the foreign, question colonial fears of the Other, highlight “contact zones” (Mary- Louise Pratt), and rewrite the history and fiction of the metropolis (Homi Bhabha).

In postcolonial studies, the words migration and displacement resonate very strongly—postcolonial literatures being haunted by at least two major forced voyages, the Middle Passage—"the door of no return” (Dionne Brand), and the Indentured labor diaspora, resulting in the Kala Pani motif in Indo-Caribbean literatures. Works by the descendants of these displaced people relentlessly explore the history and legacies of these forced migrations, and intergenerational trauma also haunts the works that attempt to tell the stories of displaced populations. Postcolonial and diasporic writers often explore “the diaspora space”—a space of contested, hybrid, and multiple identities (Avtar Brah). The term “transnational” that has slowly begun to replace the word “diasporic” serves to highlight a different emphasis on mobility and in-betweenness—we can think of contemporary writers who move between countries, crossing frontiers (Amitav Ghosh, Chimamanda Ngozi Adichie, Sudeep Sen), or who settle in another country (Salman Rushdie, J.M. Coetzee, Abuldrazak Gurnah) by choice. They remind one of métissage or creolisation, the process of forming a complex mix which is neither a blending nor a juxtaposition, but “a new and original dimension allowing each person to be there and elsewhere, rooted and open” (Glissant 1997, 34). Yet when nations stop considering those who cross borders as foreigners but either see them as aliens or altogether fail to see them, postcolonial writers also offer crucial perspectives on migrant and refugee crises. While straddling two cultures, the writer’s double vision is evident in his aesthetics for a new kind of quest - that of creating a fictional landscape in which it is possible to critique and promote the concordance of various contradictory realities. As argued by Haitian-born writer Edwidge Danticat, the immigrant writer’s task is to “create dangerously.” Thus, we would like to consider how the migrant’s task in the new country is literally to invent the ground beneath his/her feet (Rushdie).

Postcolonial literatures trace and illumine new spaces as in Bhabha’s Third Space of enunciation. Indigenous words and voices permeate literature written in English, as do Creole, pidgin, or choose so-called “rotten English” (Ken Saro-Wiwa), or other englishes, and in so doing writers challenge the boundaries defined by settlers and colonists. Postcolonial literatures allows for a different way to tell stories, challenging western literary categories—as when the Canadian writer Thomson Highway draws attention to “the Cree way of telling stories, of telling myth” (1998). Writers who emphasize an Indigenous way of writing and thinking are also bound to challenge boundaries between human and more-than-human beings. The postcolonial writer’s sleight of hand reveals the power of the pen to weave waters together until they become land and reimagine the ground beneath the writer’s feet. It would be apt to consider how postcolonial literature also emphasizes fluidity, border crossings, blurring boundaries in keeping with Salman Rushdie’s injunction to “step across” lines, be the literal or figurative.

Avenues that can be explored

- Revisiting colonial borders and their topoi (places and literary figures such the Club, the intermediary, the explorer, the Foreigner)

- Ecocritical perspective on colonial taming of landscapes

- Rethinking the notions of hospitality and hostility in the postcolonial context

- New borders and contemporary fault lines left over from colonial times

- New cartography: shadow lines, imaginary maps

-Blurring political, geographical, cultural, symbolical, historical, and imaginary boundaries; Narrative forms emphasizing hybridity and/or creolisation; linguistic crossings of borders

- Borders and transnational/hybrid/ creolized identities

- Exile, refugee and migrant literatures

- Animal migrations (zoocriticism)

- The geopolitics of food

Bibliography

Bhabha, Homi, K, ed. Nation and Narration. 1990. Reprint, London: Routledge, 1994.

Brah, Avtar. “Diaspora, Border, and Transnational Identities.” Cartographies of Diaspora, 1996.

Brand, Dionne. A Map to the Door of No Return Danticat, Edwidge. Create Dangerously. The Immigrant Artist at Work, 2011.

Rushdie, Salman. Imaginary Homelands: Essays and Criticism, 1981-1991. 1991. Reprint, London: Granta/Penguin, 1992.

—. Step Across This Line: Collected Non-Fiction 1992-2002. 2002, Reprint, London: Vintage, 2003.

Glissant, Edouard. 1997. The Poetics of Relation. Translated by Betsy Wing. Ann Arbor, MI: University of Michigan Press.

Ghosh, Amitav. Shadow Lines, 1988.

Highway, Thomson. Kiss of the Fur Queen, 1998.

Pratt, Mary-Louise. Imperial Eyes. Travel Writing and Multiculuturalism, 2008.

Shamzie, Kamila. Kartography, 2002.

Saro-Wiwa, Ken. Sozaboy. A Novel written in Rotten English, 1985

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Corinne Bigot (corinne.bigot@univ-tlse2.fr) ; Suhasini Vincent (suhasini.vincent@u-paris2.fr).

Atelier "Société d'Études sur le Romantisme Anglais (SERA)"

Vous trouverez ci-dessous le CFP pour l'atelier SERA (Société d’Études sur le Romantisme Anglais) lors du prochain congrès de la SAES organisé du 30 mai au 1 juin 2024 par l'université de Lorraine à Nancy et qui aura pour thème "Frontières et Déplacements". Vous trouverez le texte de cadrage, en français et en anglais, sur le site de la SAES : https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

Dans le but de préparer cet atelier, pourriez-vous nous faire parvenir vos propositions de communication (300 mots environ, en français ou en anglais) et vos bio-bibliographies avant le 30 novembre 2023 à Antonella Braida-Laplace (antonella.braida-laplace@univ-lorraine.fr), Caroline Bertonèche (caroline.bertoneche@univ-grenoble-alpes.fr), et Yann Tholoniat (yann.tholoniat@univ-lorraine.fr).
Atelier "Childhood Studies"

English version

N.B. The general Cfp can be found here https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

SAES 2024 Nancy – Workshop n° 32 Childhood Studies

Crossing / Borders

The often tragic plight of displaced children has regularly drawn the attention of the media in the recent past: young would-be migrants dying as they try and cross the Mediterranean, the English Channel, or the Rio Grande; Ukrainian children forcibly transported to Russia; children made homeless by war or natural disasters and growing up in camps. These worldwide tragic events echo historical precedents, some of which more particularly related to English-speaking countries. One may think of World War Two refugees – in particular those saved by Nicholas Winton’s Kindertransport scheme – but also of British evacuees, sent away for safety either abroad or to unfamiliar parts of their own country; or of the many children from a poor background, not all of them orphans, transported to the Dominions by “charitable” organisations such as Barnardo’s. In all such circumstances, children found themselves separated from their families and had to adapt to new settings, with very little certainty as to what the future held in store. To some extent, this also applies to those who today undergo adoption, especially of the transnational kind.

The traumas of displacement have often been addressed in fiction designed for young audiences, but, as suggested by the 2024 SAES general Call for papers (see , moving from one country to another – or even from one part of the country to another – can also be experienced/construed as an opportunity to expand one’s horizons. Travelling abroad was a tradition among the English aristocracy, while modern-day school exchanges similarly aim at opening young people’s eyes to different cultures. As Maria Nikolajeva and others have shown, the home-away-home pattern is characteristic of traditional children’s literature: going away from one’s familiar settings to discover a new world is a prerequisite for growing up. Even when their initial displacement is forced by problematic circumstances, children may prove to be remarkably resilient, although their often accelerated development may go together with a sense of loss and premature responsibility.

In literature, the crossing of borders may of course allow the child to move away from the “real world” and travel to fantasy lands and secondary worlds. Such experiences of liminality and in-betweenness may be read as a metaphor of the sometimes ambiguous condition of the child, both central to society – and its future – and somewhat marginal in relation to the grown-up world. Works by classic yet controversial authors such as C.S. Lewis with his Wood Between the Worlds (The Magician’s Nephew, 1955) or Philip Pullman (His Dark Materials, 2000-2005), whose child heroes constantly find themselves in-between worlds, are exemplary of such transformative journeys. In fantasy stories, borderlands are often made visible through maps and illustrations, but they may also be more literally materialised in the way books are made, for instance in the margins or in the gutters separating two panels or two pages in graphic literature (see for instance Neil Gaiman and Dave McKean’s collaborative picture books).

Indeed, the very move from childhood to adulthood is often discussed in terms of crossing a border, of leaving familiar, safe surroundings for a new life which offers greater freedom, possibly at the cost of lower protection. The criteria which define the “border” between childhood and adulthood are complex and vary from one historical/geographical setting to another: the emergence of “childhood” and its possible scheduled disappearance – both in sociological terms and in cultural ones – make for academic debate. The segmentation of markets for cultural products – especially, but not exclusively, literature – has for instance recently led to the emergence of new categories, such as “Young Adult” or “crossover literature”, suggestive of what Régine Sirota calls the “blurring of age boundaries” in modern societies. Philip Pullman’s essay “Children's Literature Without Borders” addresses this unbridled crossing of age boundaries, mocking the ineffectiveness of the gatekeepers who oppose the crossover fiction of the turn of the century, in response to British novelist A.S. Byatt's scathing indictment in The New York Times, “Harry Potter and the Childish Adult” (2003).

Displacement and borders are thus a particularly rich theme to explore in the field of childhood studies. Geographical borders affect the lives of many children and their mental maps of the world. The distinction between insiders and outsiders, “us” and “them”, and the way in which it may/must be overcome are an important dimension of the socialising process, to which children’s literature largely contributes, as is the exploration of “moral” and “social” boundaries. Besides, children’s books, long perceived as marginal to literature, often provide their authors with the opportunity to experiment with new forms, pushing back the “borders” of artistic creation, while translation and transmediality may be seen as ways of overcoming linguistic and narrative borders, and building a form of universal youth culture.

Abstracts on all those themes (geographical borders; social / cultural / ontological borders; generic and “graphic” borders) and many more are welcome in our “Childhood studies” workshop.

Selective bibliography:

Ariès, Philippe, L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime (1960), Paris, Seuil, 1973.

Beckett, Sandra L. (ed.), Transcending Boundaries, New York, Garland, 1999.

____, Crossover Fiction: Global and Historical Perspectives, New York and London, Routledge, 2009.

Castro, Ingrid E. (ed.), Childhood, Agency, and Fantasy. Walking in Other Worlds, New York, Lexington Books, 2022.

Cunningham, Hugh (with a presentation by Michael Morpurgo), The Invention of Childhood, London, BBC Books, 2006.

Falconer, Rachel, The Crossover Novel, London, Routledge, 2008.

James, Alison & Prout, Allan, Constructing and Reconstructing Childhood: Contemporary Issues in the Sociological Study of Childhood, London, Falmer Press, Psychology Press, 1997.

Nikolajeva, Maria, From Mythic to Linear. Time in Children’s Literature, London: Scarecrow Press, 2000.

Nodelman, Perry, Words about Pictures. The Narrative Art of Children’s Picture Books, Athens and London, University of Georgia Press, 1990.

Pullman, Philip, “Children’s Literature Without Borders: Stories Shouldn’t Need Passports”, in Daemon Voices, Essays on Storytelling, London, David Fickling Books [2002] 2017: NP [e-book]

Sirota, Régine, « Le brouillage des frontières d’âge », in Isabelle Nières-Chevrel (dir.), Littérature de jeunesse, incertaines frontières, Paris, Gallimard jeunesse, 2005, p. 52-63.

Van der Linden, Sophie, Lire l’album, Le Puy-en-Velay, L’Atelier du poisson soluble, 2006.

Please send your proposal in English or French (an abstract of 300 words maximum and a short bio) before December 1st 2023 to the THREE email addresses below:

· Rose May PHAM DINH rm.phamdinh@wanadoo.fr

· Virginie DOUGLAS virginie.douglas@univ-rouen.fr

· Yannick BELLENGER-MORVAN yannick.bellenger@univ-reims.fr


Version française

N.B. Le texte général de cadrage est disponible à l’adresse suivante : https://congres2024.saesfrance.org/textes-de-cadrage/

SAES 2024 Nancy. Atelier 32 : Études sur l’enfance

Frontières et déplacements

Le sort souvent tragique d’enfants déracinés a régulièrement figuré dans l’actualité récente, qu’il s’agisse de jeunes migrants décédés en essayant de traverser la Méditerranée, la Manche ou le Rio Grande ; de petits ukrainiens emmenés de force en Russie ; ou d’enfants sans domicile que la guerre ou les catastrophes naturelles contraignent à grandir dans des camps de fortune. Ces tragiques événements planétaires font écho à des précédents historiques, dont certains ont une résonance plus particulière pour les pays anglophones. On peut penser aux réfugiés de la Seconde Guerre mondiale, notamment ceux sauvés par le Kindertransport mis en place par Nicholas Winton, mais aussi aux évacués britanniques envoyés pour leur sécurité à l’étranger ou dans des régions inconnues de leur propre pays; ou encore aux nombreux enfants pauvres – qui n’étaient pas tous orphelins – expédiés dans les Dominions par des organisations supposément charitables comme Barnardo’s. Dans toutes ces circonstances, des enfants séparés de leur famille se sont trouvés dans l’obligation de s’adapter à leur nouvel environnement, dans l’incertitude de ce que l’avenir leur réservait. Dans une certaine mesure, on peut en dire autant de ceux qui font aujourd’hui l’objet d’une adoption, surtout si elle est de caractère international.

Les traumatismes associés au déracinement ont souvent été dépeints dans la fiction pour la jeunesse. Mais, comme le suggère l’appel à communications général pour ce congrès, quitter un pays pour un autre – ou une région pour une autre – peut aussi se concevoir comme l’occasion d’élargir ses horizons. Le voyage à l’étranger faisait partie de l’éducation traditionnelle des aristocrates anglais, et, aujourd’hui, les échanges scolaires visent de la même manière à sensibiliser les jeunes aux différences culturelles. Comme l’ont suggéré Maria Nikolajeva et d’autres, le schéma qui fait partir le protagoniste de son foyer pour l’y ramener à la fin de ses aventures est classique en littérature de jeunesse : partir de chez soi pour découvrir un « ailleurs » – dont l’étrangeté peut être présentée sur un mode réaliste ou fantastique – permet de grandir. Même lorsque le départ se fait sous la pression de circonstances difficiles, les enfants savent faire preuve de résilience, même si leur accès souvent plus rapide à la maturité s’accompagne souvent d’un sentiment de perte et de responsabilité précoce.

En littérature, la traversée des frontières permet aussi de quitter le monde réel pour accéder à des contrées imaginaires et à des « univers secondaires ». Ces expériences de la liminalité et de l’entre-deux peuvent se lire comme des métaphores des ambiguïtés de la condition enfantine : l’enfant est tout à la fois central dans une société dont il/elle incarne l’avenir et néanmoins en marge de l’univers des adultes. Des œuvres d’auteurs « classiques » mais néanmoins controversés, comme C.S. Lewis (The Magician’s Nephew, 1955) et son Bois-d’entre-les-Mondes ou Philip Pullman (His Dark Materials, 2000-2005), dont les jeunes protagonistes passent en permanence d’un univers à un autre, illustrent la façon dont ces voyages ont la capacité de transformer les personnages. Souvent les récits fantastiques rendent la notion de frontière visible par le biais de cartes et d’illustrations, mais elle peut aussi se matérialiser dans la fabrication même du livre, par celui des marges ou des gouttières qui séparent deux planches ou deux pages à l’intérieur de romans graphiques (voir par exemple les albums collaboratifs de Neil Gaiman et Dave McKean).

De plus, le passage même de l’enfance à l’âge adulte est souvent décrit comme un franchissement de frontière : on quitte un environnement en principe sécurisant pour une vie nouvelle, synonyme de plus grande liberté mais souvent aussi de moindre protection. Les critères qui définissent cette frontière entre enfance et âge adulte sont complexes selon les contextes historiques et géographiques, et l’émergence de la notion d’enfance, en termes sociologiques et culturels, ainsi que la possibilité de sa disparition programmée, sont au cœur de débats universitaires. La segmentation des marchés appliquée aux objets culturels – notamment, mais pas seulement à la littérature – a par exemple permis l’émergence de catégories nouvelles comme celle de littérature ‘Young Adult’ ou de ‘crossover literature’, qui suggèrent une forme de « brouillage » des frontières d’âge, pour reprendre l’expression de Régine Sirota.

Déplacement et frontières sont donc une thématique particulièrement riche au sein des études sur l’enfance. Les frontières géographiques et/ou culturelles affectent la vie de nombreux enfants, et conditionnent leur vision du monde. La distinction entre ceux du dedans et ceux du dehors, entre « nous » et « eux », et la façon dont elle peut/doit être surmontée, est au cœur du processus de socialisation auquel contribue la littérature de jeunesse. De même pour l’exploration des frontières morales ou sociales. Par ailleurs, la littérature de jeunesse, longtemps perçue comme à la marge, permet aussi aux auteurs d’expérimenter de nouvelles formes esthétiques, en repoussant ainsi plus loin les limites de la création artistique, tandis que traduction et transmédialité peuvent se concevoir comme un moyen de dépasser les frontières linguistiques et culturelles pour créer une forme de culture universelle pour la jeunesse.

Toutes ces pistes (frontières géographiques, sociales, culturelles, ontologiques ; frontières génériques et graphiques) et d’autres encore pourront être abordées dans le cadre de notre atelier.

Bibliographie indicative :

Ariès, Philippe, L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime (1960), Paris, Seuil, 1973.

Beckett, Sandra L. (ed.),Transcending Boundaries, New York, Garland, 1999.
____, Crossover Fiction: Global and Historical Perspectives, New York and London, Routledge, 2009.

Castro, Ingrid E. (ed.), Childhood, Agency, and Fantasy. Walking in Other Worlds, New York, Lexington Books, 2022.

Cunningham, Hugh (with a presentation by Michael Morpurgo), The Invention of Childhood, London, BBC Books, 2006.

Falconer, Rachel, The Crossover Novel, London, Routledge, 2008.

James, Alison & Prout, Allan, Constructing and Reconstructing Childhood: Contemporary Issues in the Sociological Study of Childhood, London, Falmer Press, Psychology Press, 1997.

Nikolajeva, Maria, From Mythic to Linear. Time in Children’s Literature, London, Scarecrow Press, 2000.

Nodelman, Perry, Words about Pictures. The Narrative Art of Children’s Picture Books, Athens and London, University of Georgia Press, 1990.

Pullman, Philip, “Children’s Literature Without Borders: Stories Shouldn’t Need Passports”, in Daemon Voices, Essays on Storytelling, London, David Fickling BooKs [2002] 2017: NP [e-book]

Sirota, Régine, « Le brouillage des frontières d’âge », in Isabelle Nières-Chevrel (dir.), Littérature de jeunesse, incertaines frontières, Paris, Gallimard jeunesse, 2005, p. 52-63.

Van der Linden, Sophie, Lire l’album, Le Puy-en-Velay, L’Atelier du poisson soluble, 2006.

Les propositions (résumé de 300 mots max et courte biographie) en anglais ou en français doivent être envoyées aux trois adresses ci-dessous, avant le 1er décembre 2023

· Rose May PHAM DINH rm.phamdinh@wanadoo.fr

· Virginie DOUGLAS virginie.douglas@univ-rouen.fr

· Yannick BELLENGER-MORVAN yannick.bellenger@univ-reims.fr