Atelier 24 : Société d’Études Modernistes(SEM)/Société d’Études Woolfiennes
Responsables de l’atelier
Noëlle Cuny
Université de Haute Alsace
noelle.cuny@uha.fr
Monica Latham
Université de Lorraine
monica.latham@univ-lorraine.fr
Anne-Laure Rigeade
Université Paris-Est Créteil
anne-laure.rigeade@u-pec.fr
Henry Carmines
Université Paris-Nanterre
h.hcarmines@gmail.com
Journeys into the London Hyperobject with Henry James
In his 1968 article “Henry James: The Americano-European Legend,” Leon Edel recounts an anecdote of a meeting between Henry James and Oscar Wilde in Washington in 1882, during which James speaks nostalgically of his then place of residence: London. Wilde supposedly replies: “‘Really? […] you care for places? The world is my home.’” (Edel 322) Today, as the age of what we took to be an infinitely expanding process of modernization perhaps begins to draw to a close, we can perhaps sympathize with James’s position, against what we may now come to ironically regard as Wilde’s more provincial cosmopolitanism. In order to understand the kind of “place” that James cared for, I propose to read his 1888 travel essay “London” in light of Timothy Morton’s recent theorization of the existence of “hyperobjects” which reveal to us that “the whole is always weirdly less than the sum of its parts.” (Morton, Dark Ecology 12). James speaks of London in similar terms: “there is no such thing as the whole of it. It is immeasureable—embracing arms never meet. […] it is a collection of many wholes” (James 35). Morton in turn often refers to the city of London as an example of a hyperobject: “a city such as London could provide a good example of a hyperobject. Cities and hyperobjects are full of strange streets, abandoned entrances, cul-de-sacs, and hidden interstitial regions.” (Morton, Hyperobjects 120) As we read James’s 1888 essay “London,” we begin to realize that the kind of “place” that James cared for is not so much the provincially “local” place which Wilde sneers at, nor is it the cosmopolitan “global” place in which Wilde feels “at home.” James’s London is a London that presents us with all the streets we never go down, all the “experiments and excursions […] even when these adventures don’t particularly come off.” (James 37) As James writes, this “unvisited London is infinite” (37). It is into this infinite, immeasureable, unvisited London, the uncanny hyperobject, that I propose to journey with Henry James. Perhaps as we reread Henry James in our newly emerging ecological age, we may be able to reshuffle the limiting boundaries that have confined us and begin to participate in the “metaphysics of deconfinement” which Bruno Latour insists our strange new epoch requires. (Latour)
Biographie
Henry Carmines is a doctoral student at the University Paris-Nanterre under the supervision of Benoît Tadié. He is writing a thesis on the figure of atmosphere and its ecological implications in the work of Henry James. He has published an article on atmosphere in Henry James’s late travel writings in the July 2023 edition of the Leaves review, published by the research laboratory CLIMAS at the Université Bordeaux-Montaigne. And he has a forthcoming article on a related topic that will be published in 2024 in the Horizons anglophones/Present Perfect series published by the Presses Universitaires de la Méditerranée.
Julie Chevaux
Lycée Frédérique Chopin, Nancy
jc.juliechevaux@gmail.com
From Italian Virgins to British motherhood: Vanessa Bell’s Modernism Across Borders
This paper examines Vanessa Bell’s use of pictural references to Italian Renaissance painting, and in particular to the figure of the Virgin Mary, in the shaping of her own modernist depiction of femininity and motherhood.
The painters of Bloomsbury seldom refer to British painting for inspiration and look to the continent : they admire Italian Renaissance painters for their use of colour and geometric composition (a preference in keeping with academic standards for painting), draw parallels between Byzantine mosaics and Cézanne’s drawing, copy Parisian avantgardism, etc. Vanessa Bell is no exception in this regard : she made the obligatory trip to Paris as a young painter ; she shared Roger Fry’s admiration for Italian masters and for Byzantine art. Roger Fry saw a direct lineage between painters such as Piero della Francesca and Cézanne’s formalism, through the use of essential geometrical shapes (Cézanne’s cylinder, sphere, and cone).
In Vanessa Bell’s work, the cone (and triangle), strongly reminiscent of the figure of the Virgin Mary in Renaissance painting, becomes a signifier for femininity and motherhood. The obvious visual reference, though, is put forward in order to allow a complex study of feminine identity. The body of the Virgin and the veil that tends to give it its triangular shape in medieval and Renaissance painting is the seat of the absolute mystery of Christianity and of a paradoxical absence of sexuality ; in Bell’s painting, the cone and the triangle that hark back to representations of the Virgin’s body both elude the male gaze by erasing ‘feminine’ curves while making the feminine presence resolutely solid, even imposing. Yet in her work, Bell also questions traditional representations of motherhood through references to its pragmatic circumstances or the challenges of reconciling her motherly duties with her artistic career. I will argue that Bell’s way of translating the most well-known feminine figure of the Italian Renaissance into a contemporary representation of femininity and motherhood is constitutive of a singular, under-estimated brand of modernism.
Biographie
Julie Chevaux a consacré sa thèse (Dir. Catherine Lanone) à « la communauté à l’œuvre » chez E. M. Forster, Virginia Woolf, Roger Fry et Clive Bell. Ses travaux étudient les points de rencontre entre théorie de l’art et littérature, ce qui l’a menée à s’intéresser à la figure de Vanessa Bell, encore trop peu étudiée au regard à la fois de sa sœur Virginia Woolf et de Duncan Grant, « l’autre » peintre de Bloomsbury. Julie Chevaux enseigne en CPGE au lycée Frédéric Chopin de Nancy.
Martina Della Casa
Université de Haute Alsace
martina.della-casa@uha.fr
Lire le Typhoon entre les langues. Le cas d’Einaud i: Conrad, Gide et Mursia
En 1993, la maison d’édition italienne Einaudi lance au sein de la collection « Scrittori tradotti da scrittori » (« Écrivains traduits par des écrivains ») une nouvelle Série trilingue visant à restituer au public « les cas les plus significatifs de traduction entre deux langues étrangères » en les présentant dans un format unique : « un triple maillage » linguistique, typographique et intertextuel. Le premier livre qui ouvre la série est en ce sens exemplaire : il s’agit du Typhoon de Joseph Conrad, accompagné des traductions d’André Gide et d’Ugo Mursia, les deux grands passeurs de l’écrivain en France et en Italie. Or, le cas de la traduction du Typhoon par le Prix Nobel 1947 est bien connu en tant que « phénomène fascinant » de l’histoire de la littérature et de celle de la traduction littéraire (S. Monod, R. West). En revanche, cette expérience éditoriale trilingue est très peu étudiée (S. Munari). En proposant d’y revenir, cette contribution vise à explorer les divers dépassements que ce livre opère (d’un texte à l’autre, d’une langue à l’autre, d’une traduction à l’autre) ainsi que la singulière expérience de lecture qu’elle implique et son rapport avec la réflexion sur la narration que mène Conrad dans son Typhoon à travers le binôme formé par le capitaine Mac Whirr et son second, Jukes.
Martina Della Casa est Maitre de conférences à l’Université de Haute-Alsace et membre du laboratoire ILLE (UR 4363). Ses recherches portent notamment sur la littérature du XXe siècle en langue italienne, anglaise et française. Elle est auteur de deux monographies : Expériences du sacré et dé-figurations du Christ. Lecture croisées : de Bataille à Artaud, Beckett et Pasolini (Paris, Orizons, « Universités », 2020) et Sur Le Christianisme contre le Christ. Un projet de livre d’André Gide (Paris, Classiques Garnier, « Bibliothèque gidienne », 2022). Outre ses études sur le Christianisme en littérature, elle consacre une partie consistante de ses recherches à la circulation de textes et des idées en Europe et à la traduction, avec une attention particulière pour la traduction d’auteur et l’auto-traduction. Elle a travaillé en particulier sur l’auto-traduction chez Samuel Beckett et Franco Beltrametti ainsi que sur Michèle Fabien traductrice de Pasolini et sur Gide traducteur de Shakespeare.
Ludovic Dias
Université de Lorraine
ludovic.dias@univ-lorraine.fr
Photos souvenirs et cartes postales : le tour du monde de E.M. Forster en images
Tout au long de sa vie E.M. Forster (1879-1970) n’a eu de cesse de voyager. Qu’il ait été en recherche d’inspiration ou de vérités, c’est rarement seul qu’il quittait l’Angleterre pour découvrir de nouveaux horizons. Ainsi le voyage apparait avant tout comme un partage d’expérience. De plus, ses pérégrinations à travers les cinq continents ont surtout été l’occasion de rencontrer d’autres écrivains, des artistes et autres intellectuels en vue de potentielles collaborations ou simplement dans le but de simples visites amicales durant lesquelles se refaisait le monde.
Les archives du King’s College de Cambridge conservent dans leur fond iconographique une grande partie de la collection de photographies et cartes postales de Forster. Ces clichés représentent tout un tas d’événements privés et publics de la vie de l’auteur et notamment ses souvenirs de voyage. Au fil de ces albums, le chercheur découvre chez l’écrivain britannique un certain goût pour la photo dont la nature varie et touche plusieurs formes comme le portrait, le paysage, les groupes… En accumulant ces clichés, Forster semble attaché au souvenir de ses voyages et des moments passés en compagnie de telle ou telle personne. Lors de cette présentation, nous souhaitons exposer à l’atelier SEM/SEW une approche nouvelle de l’archive de voyage. En effet, Forster a rédigé de nombreux carnets de voyage mais ce sont ici les souvenirs iconographiques qu’il rapporte qui seront décrits et analysés. Cette démarche s’inscrit dans notre travail de recherche sur le réseau international de Forster qui a contribué à forger autour de lui une pensée ‘queer’ à la marge. Ces photos permettent d’illustrer les rencontres et la formation de ce réseau et ainsi cartographier le cercle social de Forster dans le temps et dans l’espace.
Le concept de la frontière n’est pas seulement spatiale dans le cas de ces rencontres. Si Forster dépasse l’idée de la frontière physique, il ignore également celle de la littérature et tisse des liens dans différents domaines intellectuels comme la musique et l’art.
Biographie
Ludovic Dias est actuellement doctorant en troisième année à l’Université de Lorraine au sein du laboratoire IDEA. Après un premier Master en histoire moderne, il a complété en 2021 un master ‘Mondes Anglophones’. Son travail portait alors sur la dimension ‘queer’ de Goodbye to Berlin de Christopher Isherwood (1939). Depuis octobre 2021, il est inscrit à l’École Doctorale Humanités Nouvelles – Fernand Braudel. Il étudie les papiers personnels de l’écrivain britannique E.M. Forster (1879-1970) sous la codirection des professeurs Monica Latham et Laurent Quero Mellet. Son projet de recherche s’attache à étudier différentes sources d’archives pour éclairer certains aspects de la construction de la pensée de l’auteur britannique et notamment les réflexions et influences qu’il a développé au contact d’autres personnes. Ainsi, Ludovic Dias recherche dans les archives personnelles de Forster comment s’est formé tout un réseau d’amitiés intellectuelles qui a contribué à l’élaboration de son écriture. Ses domaines de recherches sont la littérature britannique du XXe siècle, l’étude de manuscrits et l’approche génétique et ‘queer’ des textes.
Valérie Favre
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
vrfavre@gmail.com
« Les frontières de l’universel littéraire : Explorer la réception de Virginia Woolf
au prisme intersectionnel de la classe, du genre et de la race »
Au cours des dernières décennies, le topos critique de l’universel littéraire, selon lequel l’écriture véritablement littéraire s’adresse à tout un·e chacun·e et ce quels que soient son auteur·e, son contexte de production, son propos et son style, a fait l’objet de multiples remises en question. Les critiques littéraires marxistes, féministes, post-coloniales et décoloniales ont œuvré à mettre en lumière les impensés et les limites de ce mythe et à en faire pour ainsi dire émerger les frontières en dénonçant sa propension à restreindre l’universel au point de vue de l’homme blanc cisgenre, hétérosexuel et bourgeois. Récemment, c’est via l’interrogation « Faut-il séparer l’homme de l’artiste ? » que la question de la positionnalité de l’auteur·e et de son œuvre, ou de leur prétendue universalité a refait surface dans le débat public et dans la critique littéraire. La romancière et essayiste britannique Virginia Woolf et son œuvre ne sortent guère indemnes de ce processus critique et médiatique. En effet, à l’ère de #MeToo, #BlackLivesMatter, #TransLivesMatter il est devenu impossible d’explorer l’héritage de Virginia Woolf, de son œuvre et de sa pensée féministe sans être confronté·e à la question de l’universel littéraire et de ses frontières, ainsi qu’aux limites de la volonté woolfienne de faire de la littérature un véritable terrain commun : « Literature is no one’s private ground, literature is common ground[1] ». En adoptant une perspective diachronique, cette communication tâchera de penser la question des frontières de l’universel littéraire en explorant la façon dont la réception de Woolf et de son œuvre, de la première moitié du xxe siècle aux années 2020 a été marquée par le prisme intersectionnel de la classe, du genre et de la race.
Biographie
Valérie Favre est maîtresse de conférences en études anglophones à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses recherches portent sur Virginia Woolf et sa réception littéraire, critique et culturelle en Angleterre, aux États-Unis et en France. Elle a publié plusieurs articles et chapitres d’ouvrage sur la pensée féministe de Woolf, son héritage, et sa place dans le canon, et dans l’imaginaire culturel anglo-américain, dont :
- “A Room of One’s Own’s (Resistance to) Feminist Interpretations and Feminism” (EBC, 58, 2020)
- “The Token Woman of 1922? Virginia Woolf and the Gendered Battles of Anglo-American Modernist Criticism” (Études Anglaises, 75.3, 2022)
- “Faulty Woolf? Exploring the Fault Lines of Virginia Woolf’s Heritage in the British Statue Wars” (EBC, 64, 2023.)
Emilie Georges
Université Paris Nanterre
emilie.georges@proton.me
Relire Pound pour repenser le déplacement de la figure de poète à celle de penseur politique
Traduttore traditore dit un vieil adage italien : le traducteur est un traître. Cela semble une paire poétique particulièrement adaptée pour décrire Ezra Pound, traducteur de nombreux textes de nombreuses langues vers l’anglais et accusé de haute trahison, d’un déplacement d’allégeance à l’ennemi, durant la Seconde Guerre mondiale. De manière générale, sa vie est marquée par la translation : il y a d’abord la translation géographique et politique des Etats-Unis de Theodore Roosevelt vers l’Europe occidentale et surtout l’Italie fasciste de Mussolini, mais aussi la translation culturelle à travers la traduction moderne, pas toujours fidèle, de grands textes tels que « The Seafarer », la poésie de Properce ou encore la poésie classique chinoise dans Cathay. Ses Cantos reposent également en partie sur la translation du document historique vers le texte poétique. Parallèlement, Pound n’a de cesse de chercher à circonscrire le langage par des injonctions telles que celles de la recherche du mot juste dans sa prose littéraire et de la précision terminologique dans ses écrits économiques. Ces tentatives d’établir des frontières moins poreuses entre les mots semblent a priori aller contre le mouvement poétique qui joue plutôt avec les correspondances phoniques, sémantiques et symboliques. De manière similaire, l’idéologie politique à laquelle le poète choisit d’adhérer est notablement excluante pour une certaine partie de la population, et pourtant son œuvre est ouvertement un collage de fragments de civilisations diverses. Il s’agit là de contradictions qui l’ont rendu difficile à comprendre et font que son œuvre est propice à des lectures variées et parfois, à l’image du poète, contradictoires. On se propose ici d’étudier des lectures actuelles de Pound, en particulier d’extraits tels que le célèbre Canto XLV, pour voir comment son œuvre, qui poétise le politique, est citée et utilisée à des fins politiques, particulièrement par l’ultra-droite italienne, continuant ainsi l’effacement de la frontière entre le texte poétique et une philosophie politique ancrée dans le monde initié par le poète. Cette analyse sera assortie d’une comparaison à d’autres lectures qui permettront d’interroger l’évidence d’une compréhension du texte poundien comme « le poème sacré du millénaire nazi-fasciste[2] » et de restituer la complexité d’un texte qui, en récit de la tribu humaine, porte la marque de certaines de ses errances et de ses fautes morales, que Pound, charitable envers lui-même, appelle des « erreurs » gisant autour de lui dans le Canto CXVI.
Biographie
Emilie Georges est agrégée d’anglais et ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Ses recherches se concentrent sur le plurilinguisme dans la poésie moderniste anglo-américaine et sur les liens entre esthétique et politique dans la littérature anglophone. Elle rédige actuellement une thèse intitulée « L’Italie et l’italien d’Ezra Pound : l’esthétisation de la politique au prisme de la langue » sous la direction d’Hélène Aji, au sein du Centre de Recherches Anglophones à l’Université Paris-Nanterre. Elle a écrit divers articles sur la prose et la poésie d’Ezra Pound, notamment « Ezra Pound’s Representations of Sexual Intercourse and the Female Genitalia in The Cantos », publié à l’automne 2020 dans la revue Miranda, « Un Américain en Italie : le dépaysement par la langue dans les écrits d’Ezra Pound datant des années 1940 », publié en 2021 dans la revue Textures et « Ezra Pound’s Negative Canon: The Worst Great Poets » dans la Revue française d’études américaines en 2023. Elle est aussi membre de la Société d’Etudes Modernistes et de la Ezra Pound Society.
Margaret Gillespie
Université de Franche-Comté
margaret.gillespie@univ-fcomte.fr
Boundary crossing in Jane Bowles’ Two Serious Ladies (1943)
Jane Auer Bowles, born in New York in 1917 of Jewish-Hungarian descent, spent half her life in Tangier and died in a psychiatric institution at Malaga in 1973. She counts as one of many “nomadic woman modernists” (Radia) who people early and mid-twentieth century literary history, seeking (and in Bowles’ case) failing, to find happiness and fulfillment in faraway places. But whereas many of her female peers sought a haven for their intellectual and sexual nonconformity in Europe, and particularly Paris, Bowles cast her net further: journeying not only to the City of Lights, but California and Mexico, North and South America as well as North Africa which would become home for her and her husband the writer Paul Bowles, with whom she shared a penchant for same-sex liaisons.
The narrative of Two Serious Ladies (1943), Bowles’ only published novel, is partly based on the couple’s honeymoon trip to Central America, yet there is little of the travelogue or straight biographical mapping here. Set in Panama and New York, the plot revolves around a duo of bizarrely garbed and titled social misfits, Miss Christina Goering and Mrs Frieda Copperfield, who embark on backwards Bildungsroman-quests in search of salvation, freed from the shackles of moneyed and marital convention. The latter jettisons her square-but-handsome husband for existential (and other) ecstasy in the arms of Pacifica, a Spanish teenage prostitute, while the former, an upper class New York lady, sets up house with a female companion before imposing upon herself a program of atonement for her social privilege and uneasy attraction to women: self-disinheritance in the form of a move to a cramped rental in Staten Island not far from a malodorous glue factory and a string of doomed-from-the start liaisons with lacklustre male partners. As I will argue, the leitmotif of frontiers and displacement enables Bowles to explore the social, sexual and gender transgression her protagonists embark upon—a kind of pioneering, if thwarted liberation—, while her errant prose takes the novel form into new and unchartered territories beyond the boundaries of generic convention.
Biographie
Margaret Gillespie is a senior lecturer in English studies at the University of Franche-Comté in Besançon and member of the Centre de Recherches Interculturelles et Transdisciplinaires (ea3224). President of the SAGEF, she is the author of a PhD on Djuna Barnes and has published articles on Barnes, Zora Neale Hurston, Nella Larsen and Mina Loy among others.
Leila Haghshenas
Université Catholique de l’Ouest
leilahaghshenas@yahoo.com
Crossing gender borders in Vita Sackville-West’s Passenger to Teheran (1926)
In 1926, Vita Sackville-West undertook a journey to visit her husband Harold Nicolson, the British counsel in Teheran. The journey involved overcoming multiple natural and cultural obstacles. Indeed, for centuries, one of the rare forms of travel accessible to women was that of following one’s husband. Sackville-West refused to establish her residence in Teheran as the counsel’s wife and thus declined to play the role of the wife who follows her husband. Throughout Passenger to Teheran, Sackville-West remains ambivalent about her gender identity, and it is only at the end of the travelogue that the reader learns that the author is a woman. In her travelogue, Sackville-West also questions the established borders between fiction and travel writing by including fictional elements in her travelogue.
Sackville-West’s concealment of her gender identity and her attempt to blur genre boundaries in Passenger to Teheran could be read as a modernist quest to break free not only from patriarchal and nationalist borders imposed on women but also to question gender and genre borders. This paper aims to examine how Sackville-West transgresses normative constraints of genre and gender in Passenger to Teheran.
Biographie
Leila Haghshenas is a lecturer at UCO (Université catholique de l’Ouest). She defended her doctoral thesis, “Ipseity and alterity in the literary work of Leonard Woolf” at Paul-Valery Montpellier 3 University in 2019. Her research interests include (but are not limited to) modernist literature, postcolonial theory, Ethics of alterity and oriental philosophy.
Kit Kumiko Toda
Université de la Réunion
Behind the sensuous curtain: T. S. Eliot and disparate experience
T.S. Eliot’s ‘Whispers of Immortality’ draws its often disturbing effects from constantly transgressing and blurring the frontiers that usually separate our categories of human experience: intellect and lust, the human and the bestial, horror and humour, as well as the line between life and death itself.
It is notable that the poem mentions by name John Webster and John Donne, both writers key to Eliot’s celebrated and controversial notion of “the dissociation of sensibility”, which argued that there used to be in English letters a “direct sensuous apprehension of thought”, lost at some point in the mid to late seventeenth century, to be replaced by poets that “thought and felt by fits”. Eliot presented this as a degeneration, arguing that Donne’s ability to “amalgamate[e] disparate experience” was superior to the “ordinary man’s experience”, which is “chaotic, irregular, fragmentary”. Despite this, ‘Whispers of Immortality’ constitutes a troubling vision of amalgamation, presenting us with many macabre images that imply how “thought clings round dead limbs/ Tightening its lust and luxuries”.
The second section of the poem reifies the breaching of dichotomies through the image of Grishkin, a sensual and animalistic woman whose “rank feline smell” pervades a civilized “drawing-room”. Eliot, who wrote his PhD thesis on the philosophy of F. H. Bradley, here seems to reject Bradley’s hope that the “sensuous curtain” of appearance is “a show of some fuller splendour”, and instead allies himself with a bleaker Websterian vision that penetrates through “her friendly bust” to crawl between the “dry ribs” beneath.
This paper will examine the continuities and the inconsistencies between Eliot’s poetry and prose to analyse the ways in which his transgressive poetics both embodies and interrogates the frontiers of disparate experience.
Biographie
Kit Kumiko Toda is an MCF in English Literature and Translation at l’Université de la Réunion. Brought up in England, she took her degrees at University College London and the University of Cambridge before relocating to France. She has published articles in Review of English Studies, Resources for American Literary Study, Essays in Criticism and Shakespeare en devenir. She has a contract with Routledge for a book on T.S.Eliot’s Elizabethan Imagination (planned publication 2025). She has contributed reviews for the Times Literary Supplement and was the founding editor of The Literateur magazine, which has been digitally archived in the Contemporary British Publications collection of the British Library.
Nina Milonet
Université de Lille
nina.milonet@ens.psl.eu
Fantômes transnationaux dans Ulysses
Cette communication s’intéressera aux liens entre visions fantomatiques et appartenance géographique dans Ulysses de Joyce. Les guerres mondiales ont profondément transformé les frontières nationales en Europe, pour les vivants comme pour les morts, de nombreux soldats et civils étant décédés sur un sol étranger. Ecrit en grande partie pendant la Première Guerre mondiale, mais se situant avant, le roman pose la question de la dernière demeure pour des personnages à l’appartenance géographique problématique et aux croyances relatives à la mort instables. Leopold Bloom et Stephen Dedalus en particulier sont ainsi chacun à leur manière autant européens qu’irlandais et ils sont tous les deux hantés par leurs morts tout en s’inquiétant de leur propre fin. Les fantômes qu’ils voient empruntent tant au folklore irlandais qu’aux traditions catholiques et juives, et le mélange de ces représentations fait écho à la dimension de plus en plus cosmopolite de l’Europe. Les fantômes sont des figures de transgression par excellence, qui dépassent les frontières ontologiques, temporelles et géographiques. Nous voulons démontrer ici que les fantômes apparaissant dans Ulysses sont des survivances (au temps de la publication) et des anticipations (dans la diégèse) des morts déplacés de la guerre et leur récurrence traduit le souci contemporain d’une géopolitique funéraire. Joyce lui-même a écrit Ulysses en exil, notamment à Zurich de 1915 à 1920, où il retourna en 1939 et mourut en 1941, loin de son Dublin natal. Le gouvernement irlandais s’opposa d’ailleurs au rapatriement de la dépouille de celui qui refusa de renoncer à son passeport britannique. Il s’agira de voir comment les déplacements de Joyce en Europe, au gré des événements de l’histoire irlandaise et de l’histoire européenne, nourrissent les fantômes multinationaux et multiconfessionnels des personnages de Ulysses.
Biographie
Nina Milonet est agrégée d’anglais. Après un Master d’études anglophones à Sorbonne Université, elle est candidate à un contrat doctoral normalien avec un projet de thèse sur les spectres de James Joyce sous la direction d’Hélène Lecossois à l’Université de Lille.
Antoine Perret
Université Sorbonne Nouvelle
antoine.perret@sorbonne-nouvelle.fr
Orlando’s Voyage In: Dressing Across Borders
Karen Lawrence, in Penelope Voyages: Women and Travel in the British Literary Tradition, defines Orlando as a narrative of boundary crossings, “those of time, space, gender and sex”. Virginia Woolf’s experimental mock-biography, published in 1928, indeed offers a dense plot that extends over nearly four centuries – a journey as geographical as it is introspective, in which the male hero becomes a female halfway through and crosses the borders of sex and gender throughout the narrative.
I offer to uncover here the role played by clothing in these numerous border crossings. While critics have previously explored the link between cross-dressing and androgyny, as well as the impact of dress on Orlando’s gender, this paper marks an effort to examine how the mock- biography responds to Woolf’s literary projects to “investigate […] the frock consciousness” (D3, April 27th, 1925).
In line with Karen Lawrence, I argue that Orlando’s voyage remains before anything else a voyage in. The journey is centripetal – from the periphery, the narrative gradually refocuses on Orlando’s interiority, accelerating, just like a water swirl, near the end of the novel when the text penetrates Orlando’s consciousness. Such a centripetal movement is notably allowed by Woolf’s modernist use of dress. In the biography, dress acts as a threshold between the mundane outer- world and the inner-world of the self, bridging “the granite and the rainbow”, appearances and reality, and allowing Orlando to pierce through the confining fabric of traditional biography. As such, dress in Orlando underscores the fallacy of identity and dramatises the androgynous ideal Woolf theorised in A Room of One’s Own. In turn, I propose to uncover the various generic cross-dressings of the text. As Floriane Reviron-Piégay puts it, Orlando “is not just a text about metamorphosis, it is also a metamorphic text”, and its generic identity is as shifting as the identity of its hero/ine.
Biographie
Antoine Perret is a PhD candidate in English literature at Université Sorbonne Nouvelle, Paris. Supervised by Professor Catherine Lanone and Dr. Floriane Reviron-Piégay, he is currently writing a doctoral thesis on fashion, style, and modernism, focusing particularly of the works of E.M. Forster, Virginia Woolf, and Jean Rhys. Arguing for a material approach to literary modernism, his research addresses the role of clothing within the diegesis, while also exploring the concept of fashion taken as a social phenomenon, in particular its influence on the literary community and on aesthetic practices, so as to interrogate the modalities of modernism and its reception.
Noëlle Romney
Université Sorbonne Nouvelle
noelle.romney@sorbonne-nouvelle.fr
Frontières et déplacements de la littérature anglophone dans l’entre-deux-guerres en France: les traductions de textes anglophones dans la revue Commerce (1924-1932) et la création d’une littérature transnationale
La revue Commerce a la particularité de rassembler dans chacun de ses numéros une proportion importante de littérature étrangère traduite. Pour le domaine anglophone, y paraissent des textes de T. S. Eliot, James Joyce, ou encore Virginia Woolf. Les traducteurs et traductrices pour la revue font ainsi office de passeurs de littérature anglophone en France.
Malgré un renouveau des études sur les passeurs culturels, le rôle des traducteurs dans les échanges interculturels demeure peu étudié. Pourtant, la traduction est une condition souvent nécessaire aux circulations textuelles, rendant son étude pertinente en histoire du livre et de l’imprimé.
Cette communication vise à étudier les phénomènes de déplacement de diverses frontières opérés par les traductions de littérature anglophone en français dans la revue Commerce : frontières linguistiques évidentes, mais aussi éditoriales et poétiques. J’y analyse la façon dont les réseaux de sociabilité contribuent à façonner un objet éditorial singulier dans la constellation des revues littéraires de l’époque.
Les échanges entre Commerce et d’autres revues comme La Nouvelle Revue Française et Criterion sont mis en rapport avec le travail des traducteurs et la présentation matérielle des traductions en tant que textes autonomes. Cette dernière crée des déplacements dans la poétique du texte qui viennent se combiner avec ceux induits par la traduction. L’exemple de « Time Passes », qui constitua ultérieurement un chapitre de To the Lighthouse et dont une version intermédiaire parut dans Commerce, fera l’objet d’une analyse spécifique. L’analyse de la revue aux prismes croisés de la traductologie, de l’histoire interculturelle, et de l’histoire de l’imprimé dévoile un réseau plus complexe qu’il n’y paraît autour de son positionnement esthétique. En promouvant de façon performative une littérature moins française que transnationale, la revue crée une esthétique d’éclatement des frontières des espaces littéraires nationaux.
Biographie
Noëlle Romney est doctorante en première année à l’université Sorbonne Nouvelle sous la direction de Laurence Cossu-Beaumont (Center for Research on the English-speaking World, CREW, EA 4399). Sa thèse s’intitule « Traductions et traducteurs de la littérature anglophone dans les espaces de la sociabilité littéraires du Paris de l’entre-deux-guerres : librairies et salons, réseaux et revues ». Dans le cadre de ses recherches, elle s’intéresse plus particulièrement à l’étude des circulations de la littérature anglophone en France dans l’entre-deux-guerres et des phénomènes de déplacement éditoriaux et poétiques qu’elles engendrent.
Anne-Marie Smith-Di Biasio
Université Catholique de Paris
annemarie.dibiasio@gmail.com
Virginia Woolf Crossing the Border; Out of England with the SEW
État des études Woolfiennes et bio-bibliographie par la présidente de la Société des Études Woolfiennes.
Biographie
Anne-Marie Smith-Di Biasio is adjunct Associate professor at Paris College of Art and teaches Modernist literature and literary translation at the Institut Catholique de Paris and the Centre européen de traduction littéraire (CETL, Bruxelles). Her research in the field of European modernisms is focused on the close reading of texts through the prism of psychoanalysis and translation. Her latest monograph Le palimpseste mémoriel, entendre la mémoire au fil des modernismes is out in January 2024 with Sorbonne Université Presses. The Selected Correspondance of Virginia Woolf and Vanessa Bell, translated into French with Carine Bratzlavsky, will appear with La Table Ronde late 2024. She is also the author of Virginia Woolf, la hantise de l’écriture, Éditions Indigo & Côté-femmes 2010, Julia Kristeva, Speaking the Unspeakable, Modern European Thinkers, Pluto Press 1998, and co-editor with Adèle Cassigneul, of Virginia Woolf and the Age of Listening/ Virginia Woolf à l’ère de l’écoute, Centre for European Modernism, Ledizioni 2024, and with Claire Davison-Pégon, of Trans-Woolf, Centre for European Modernism, Morlacchi Editore, 2017, Contemporary Woolf/Woolf contemporaine, Presses universitaires de la Méditerranée, 2014 and of Outlanding Woolf, Etudes britanniques contemporaines, n° 48, juin 2015. She has been president of the SEW since 2016.
Kathryn Woods
University of Bristol
kathrynsheilawoods@gmail.com
Queer Pioneering and Representations of Translation in Willa Cather’s My Ántonia«
This paper will explore the relationship between gender and mobility in Willa Cather’s 1918 novel My Ántonia. Born in 1873 in Virginia, Willa Cather grew up on the plains of Nebraska in the late nineteenth century, after migrating there with her family at the age of nine. Her writing engages with questions of selfhood, queer desire, and displacement. The gendering of certain spaces as “female” and others as “male” is prevalent in society and in literature. Linda McDowell speaks to this delineation as an arbitrary binary rooted in patriarchal power dynamics, discussing ‘women […] as irrational, emotional, dependent and private […] in comparison with men and masculine attributes that are portrayed as rational, scientific, independent, public and cultured’. Cather is writing from her own lived experiences as a young person coming of age in the masculine-coded, frontier space. I propose to examine how, in My Ántonia, the author inverts this cliché of women as fixed subjects, highlighting a dissatisfaction with the woman’s place as tied to the home. In the novel, the characters Jim Burden and Ántonia Shimerda exist within an interplay of movement, migration, and stasis. Jim is the novel’s narrator, Ántonia is the object of his desires. Both characters arrive in Nebraska as young children and are, in different ways, portrayed as foreign subjects. Cather expresses through Jim, an appropriated male narrative voice, her desire for Ántonia, who is modelled after her real-life childhood friend Anna Sadilek Pavelka. Jim’s relationship to Ántonia is both articulated and complicated through distance, departure and returning. Overall, I will be looking at My Ántonia, Cather’s landmark study of queer desire, through the lens of gendered movement and displacement.
Biographie
Kathryn Woods is a doctoral student at the University of Bristol, where they hold a Graduate Teaching Assistantship. They completed their MA at the University College Dublin, and their BA at King’s College London. Previously, they worked as a lectrice at the Université de Franche-Comté in Besançon. Their thesis engages with questions of gender and translation in the literature and translated works of Willa Cather and Sidonie-Gabrielle Colette, with particular attention given to notions of queer desire and mobility. They are supervised by Professor Bradley Stephens and Dr. Shuangyi Li.