Atelier 29 : Creative Writing
(La Société ETC, Écrire, Traduire, Créer)
Responsables de l’atelier
Dr Helen Mundler-Arantes
Université Paris-Est Créteil
helenemundler@orange.fr
Prof Sara Greaves
Université Aix-Marseille
sara.greaves@univ-amu.fr
Kossi Gérard Adzalo
Université Polytechnique Haut-De-France
elikplimadzalo@gmail.com
Creative aspects in the Kouroumien style
Dans cette communication, j’aimerais discuter des différents aspects de l’écriture créative dans le style kouroumien comme déplacements des frontières linguistiques, en me basant sur ses romans intitulés Les soleils des indépendances et Allah n’est pas obligé. Le multilinguisme, qui représente la pratique de plusieurs langues dans un lieu donné (Rentel 43), peut être à l’origine de zones de contact où les cultures se rencontrent et s’affrontent (Pratt 34). Mais, il peut aussi être source de créativité. Kourouma fait partie des auteurs qui l’ont utilisé comme outil de création dans leurs différents écrits.
Les œuvres de Kourouma sont écrites dans plusieurs langues telles que le français, le malinké et le nouchi. Certains mots de ses romans comme « …les chiaderies des prieurs » (9) et des expressions comme « les gnamas des jumeaux… » (45) montrent une combinaison de ces langues ou révèlent une sorte de contact entre elles. D’autres passages comme « je tremblais, mes lèvres tremblaient comme le fondement d’une chèvre qui attend un bouc » (27) illustrent un imaginaire linguistique différent de celui de la langue principale utilisée dans le texte. Cette écriture représente son style appelé le kouroumien. Cela dit, peut-on qualifier ce style de créatif ? Dans quelle mesure le style kouroumien peut-il être considéré comme déplacement des frontières linguistiques ?
A travers une méthodologie de comparaison et d’analyse, nous explorerons les différents aspects de la créativité dans le style de Kourouma. Ses romans Les Soleils des Indépendances et Allah n’est pas obligé nous aideront à discuter des frontières qu’il a franchies en construisant ce style.
Abstract
In this paper, I would like to discuss the various aspects of creative writing in the Kouroumien style as crossing linguistic borders, based on his novels entitled Les soleils des indépendances and Allah n’est pas obligé. Multilingualism which represents the practice of many languages in a given place (Rentel 43) can be the source of contact zones where cultures meet and clash (Pratt 34); but it can also be the source of creativity. Kourouma is part of the authors who used this as a creative tool in their various writings.
Kourouma’s works are written in many languages such as French, Malinké and Nouchi. Some words in his novels such as “…les chiaderies des prieurs” (9) and expressions like “les gnamas des jumeaux…” (45) show a combination of these languages or reveal a kind of contact between them. Other passages like “je tremblais, mes lèvres tremblaient comme le fondement d’une chèvre qui attend un bouc” (27) illustrate a language imaginary that is different from that of the main language used in the text. This represents his style called the Kouroumien. This being said, can we qualify this style as a creative one? To what extent can Kouroumien style be considered as crossing the linguistic borders?
Through a comparison and analysis methodology, we will explore the various aspects of creativity in the style of Kourouma. His novels Les Soleils Des Indépendances and Allah n’est pas obligé will help us to discuss the borders that he crossed building this style.
Biographie
Kossi Gerard Adzalo est doctorant (4ème année) en traductologie et ATER à l’Université Polytechnique Hauts-de-France. Sa thèse s’intitule « ‘erreurs’ de traduction, intraduisibles, décentrement de l’écriture et littérature-monde : Ahmadou Kourouma, Chinua Achebe et Wole Soyinka ». Ses recherches portent sur des questions telles que les « erreurs », la domination, les stratégies de traduction dans les traductions des œuvres d’écrivains africains postcoloniaux.
Kossi Gerard Adzalo is a PhD candidate (4th year) in English Translation Studies and Temporary Lecturer and Research Assistant at Université Polytechnique Hauts-de-France. His thesis is entitled “‘errors’ of translation, untranslatable, decentering of writing and littérature-monde: Ahmadou Kourouma, Chinua Achebe and Wole Soyinka”. His research focuses on questions such as « errors », domination, strategies of translation in the translations of the works of African postcolonial writers.
Laure-Hélène Anthony-Gerroldt
Chercheuse indépendante
laurehelene.anthony@gmail.com
Writing across languages in high school
Pour les élèves qui apprennent l’anglais, les langues s’apparentent souvent à une frontière qu’ils ne peuvent pas ou ne veulent pas traverser. Ils peuvent se sentir déconnectés de la langue qu’ils apprennent à l’école, et même quand ce n’est pas le cas, apprendre une langue peut paraître trop difficile et hors de portée. Pourtant, malgré cette réticence apparente, les élèves laissent souvent des mots d’anglais, de français ou d’autres langues maternelles s’immiscer dans leur discours quotidien, déplaçant ainsi les frontières invisibles du sens et celles qui séparent leur langue maternelle de celle qu’ils essaient d’apprendre. Est-il, dès lors, vraiment impossible pour les apprenants de dépasser les frontières de la langue ? Des ponts peuvent-ils se créer et peut-on trouver des stratégies pour faciliter l’apprentissage ? Après avoir observé mes élèves de lycée, j’ai décidé d’essayer de les aider à prendre conscience des frontières de la langue afin de leur permettre, peut-être, de créer un lien nouveau avec la langue apprise, en l’occurrence, avec l’anglais. Afin d’y parvenir, je leur ai proposé de participer à un projet d’écriture créative autour du thème « Frontières/Déplacements » pour lequel ils pourraient produire un texte plurilingue construit à l’issue de plusieurs exercices incluant le collage, l’effacement et la traduction créative. Dans cette présentation, j’aimerais donc présenter les résultats de cette expérience d’enseignement et d’apprentissage de l’anglais par l’écriture en exposant les travaux réalisés par les élèves.
Abstract
For young students of English, languages often feel like a border they cannot or are not willing to cross. They often feel quite disconnected from the languages they learn at school, and even when they do not, language learning can feel too difficult and out of their reach. Yet, despite their seeming reluctance to allow themselves to speak or to exist across languages, many of them already do. Words in English, Spanish, French or their other native languages slip inside their conversations, displacing meaning, and crossing the invisible borders that separate languages that they either master or are attempting to learn. Is it, then, really impossible for second-language learners to cross the borders that separate their mother tongue from the language(s) they are learning? Can bridges be built and strategies found to facilitate learning? After observing this tendency in my high school pupils, I decided to try and have them become more conscious of the borders of language to help them connect with the English they learn at school. To do so, I suggested we start a creative writing project together in which they could use such techniques as cut-ups, black-out and creative translation to create new, plurilingual texts based on their own knowledge of English and other languages, focusing on the theme “Crossing/Borders”. In this presentation, I would therefore like to present the results of this experiment in teaching and learning English and to showcase some of the texts that the pupils wrote across languages.
Biographie
Laure-Hélène Anthony-Gerroldt enseigne l’anglais dans le secondaire tout en continuant ses travaux de recherche sur la poésie de Wilfred Owen et de John Keats, en écrivant et en peignant. Après avoir soutenu sa thèse de doctorat intitulée Le devenir poétique de la sensation keatsienne dans l’œuvre de Wilfred Owen, ses travaux se sont concentrés sur l’utilisation de la sensation, de la synesthésie et de la réception empathique en poésie. Elle compte parmi ses projets les plus récents la participation à la conférence « CUT-UPS » de Paris où elle a présenté une série de poèmes illustrés et la publication d’un article sur l’empathie en poésie dans The Journal of Literary Semantics.
Laure-Hélène Anthony-Gerroldt is currently teaching English in high school, while pursuing her research on the poetry of Wilfred Owen and John Keats, composing poetry and painting. Since the defense of her doctoral thesis, entitled Le devenir poétique de la sensation keatsienne dans l’oeuvre de Wilfred Owen, her research has focused on the use of sensations, synaesthesia and empathic reception in poetry. Her recent projects include participating in the international CUT-UPS conference in Paris – where she presented a series of illustrated cut-up poems – and publishing an article on empathy in The Journal of Literary Semantics.
Tracy Bloor
Université de Franche-Comté
bloortracy@gmail.com
Empathy and creativity
Les concepts d’empathie et de créativité trouvent progressivement leur place dans les champs de l’éducation. Cette communication présente une recherche-action en cours dans le domaine de l’écriture créative. Durant la période 2024-2026, notre collectif met en place un protocole de recherche entre les enseignant.e.s-chercheurs.cheuses, des animatrices.teurs d’ateliers d’écriture, et un collège (REP) à Paris. Ce projet de recherche vise à poser des bases d’un dispositif de recherche-action collaboratif qui puisse garantir l’établissement d’une communauté d’enseignant.e.s et de chercheurs.euses engagé.e.s dans une enquête épistémique et épistémologique à partir de l’étude de diverses pratiques d’écriture créative dans le secondaire. Notre travail de coopération se construit autour de l’expérimentation d’une écriture créative où nous chercherons à identifier le potentiel de ces types de pratiques pour l’apprentissage des langues tout en favorisant la promotion de l’empathie ainsi que des idéaux démocratiques, humanistes et civiques tels que l’égalité du genre et la lutte contre le populisme.
Dans une première phase, nous élaborons un dispositif d’ateliers d’écriture. Dans une deuxième phase, nous mènerons une étude de terrain auprès des animateurs.trices d’atelier et des élèves et des enseignant.e.s du collège avec qui nous signons une convention.
Une analyse du dispositif avec une approche clinique, fondée sur le paradigme des preuves culturelles en éducation (Sensevy, 2022; Bryk, 2015) permettra la mise en commun des connaissances du collectif ; le travail d’analyse et de l’amélioration du dispositif poursuivra dans un processus itératif.
Dans nos analyses nous nous appuyons sur les travaux de Sara Greaves et Monique De Mattia-Viviès (Language Learning and the Mother Tongue: Multidisciplinary practices, 2022), ainsi qu’une démarche d’investigation issue de la Théorie de l’Action Conjointe en Didactique (Sensevy, 2011 ; CDpE, 2019 ; Bloor et Greaves, 2022). Notre objectif est de construire, de manière coopérative, des significations partagées et des productions de ressources.
Abstract
This communication presents an on-going research-action project which is underpinned by the concepts of empathy and creativity; two increasingly recognised notions in the fields of education. The project has been collectively designed by researchers, creative writing animators and teachers from a secondary school in Paris and has been agreed for the period 2024-26. It aims to establish the foundations of a cooperative research-action project and to establish a community of teachers and researchers engaged in an epistemic and epistemological inquiry into the study of diverse creative writing practices in secondary schools. We hope to identify the potential of such practices for foreign language learning whilst at the same time promoting empathy and democratic, humanistic, public-spirited ideals (e.g., gender equality and the fight against populism).
The research project will first elaborate a programme based on creative writing activities. Using a clinical approach, this will then be studied in an analysis of detailed exchanges with the pupils, teachers and animators contributing to the research-action programme. The study is situated within the practice-based evidence paradigm (Bryk, 2015), or more precisely that of cultural evidence and the paradigm of accomplishment (Sensevy, 2022). It seeks to contribute to the construction of knowledge for the collective which will then be developed further in an iterative process.
The work of Sara Greaves and Monique De Mattia-Viviès (Language Learning and the Mother Tongue: Multidisciplinary practices, 2022), underpins the analyses, as does the investigative process developed within the Joint Action Theory in Didactics ((Sensevy, 2011; CDpE, 2019; Bloor et Greaves, 2022). In cooperatively developing a shared understanding of these kinds of practices the research-action participants intend to develop future resources for generalised use.
Biogaphie
Tracy Bloor est Maîtresse de conférences à l’Université de Franche-Comté. Elle est membre du CRIT (Centre de Recherches Interdisciplinaires et Transculturelles) et chercheuse associée au CREAD (Centre de Recherches sur l’Education, les Apprentissages et la Didactique). Sa thèse, soutenue en octobre 2020, associe deux champs de recherche : Études anglophones et Sciences de l’éducation et de la formation. Elle consacre ses recherches à l’étude clinique des pratiques d’enseignement-apprentissage de l’anglais, s’intéressant en particulier aux liens entre les pratiques savantes d’un domaine spécialisé et les germes de l’activité savante dans le travail des pratiques en cours. Sa publication dans Science & Education (Bloor & Santini, 2022 : https://rdcu.be/cFwxP) identifie des liens entre des pratiques didactiques en cours et des pratiques culturelles dans le domaine des sciences expérimentales. Sa publication avec Sara Greaves (E-Rea, 2022) s’intéresse aux enjeux épistémiques explorés dans un parcours universitaire d’écriture créative.
Tracy Bloor is a lecturer at the Université de Franche-Comté. She is a member of the research laboratory CRIT (Centre de Recherches Interdisciplinaires et Transculturelles) and an associate member of the research laboratory CREAD (Centre de Recherches sur l’Education, les Apprentissages et la Didactique). In her thesis of October 2020, she associates two distinct research fields: English Studies and the Educational Sciences. Her current research is based on clinical studies of English teaching-learning practices, and she is particularly interested in the links between expert knowledge in a specialised domain and the seeds of expert activity in work explored in classroom activity. Her publication in Science & Education (Bloor & Santini, 2022: https://rdcu.be/cFwxP) identifies the links between didactic practices in class and specialised practices in the field of experimental science. Her publication with Sara Greaves (E-rea, 2022) focuses on the epistemic stakes explored in a university creative writing course.
Simone Bygrave
Chercheuse indépendante
simonebygrave@gmail.com
Keeping a teacher’s journal – Le journal d’une enseignante
J’aimerais présenter des extraits d’un projet d’écriture créative personnel à propos des expériences d’enseignement dans un collège REP, à Paris. Depuis Septembre 2023, je décris des rencontres, discussions et observations dans cet établissement. L’écriture vise à donner un aperçu intime de la réalité de l’enseignement et de l’apprentissage dans cet environnement.
Abstract
I would like to present extracts from a personal creative writing project about teaching experiences in a secondary school labeled REP, in Paris. Since September 2023, I have been documenting different encounters, conversations, and observations in the school. The writing aims to give an intimate insight into the reality of teaching and learning in this environment.
Biographie
Simone Bygrave est professeur d’anglais dans un collège à Paris. Elle est particulièrement intéressée par le potentiel de l’écriture dans l’apprentissage d’une langue étrangère, et ses recherches portent sur ce domaine, sous la direction de Tracy Bloor et Sara Greaves. En Novembre 2023, elle a présenté des recherches avec Tracy Bloor et Sara Greaves au Troisième Congrès International de la Théorie de l’Action Conjointe en Didactique.
Simone Bygrave is an English teacher, currently working in a secondary school in Paris. She is particularly interested in the potential of creative writing in language learning, and is pursuing research in this area, with the help and guidance of Tracy Bloor and Sara Greaves. In November 2023, she presented research with Tracy Bloor and Sara Greaves at the Troisième Congrès International de la Théorie de l’Action Conjointe en Didactique.
Jennifer K. Dick
Université de Haute-Alsace
jennifer-kay.dick@uha.fr
Teaching Prompts from Reading to Writing for the Composition of Multilingual Texts (Sound, Identity, and the Right to Voice)
La porosité des frontières, et en particulier celles de la langue, est devenue de plus en plus visible dans les pratiques contemporaines de l’écriture mixte. De plus, les histoires, les origines, les nationalités et la mémoire mélangées sont devenues des thèmes dominants des questions d’identité et de voix au sein des œuvres multilingues, en particulier en Amérique du Nord et en Angleterre, certaines d’entre elles ayant été présentées à la conférence de la SAES 2023 pour le panel des poètes et de la poésie. De plus, de nombreuses œuvres qui relèvent de ces catégories d’exploration utilisent des méthodes de collage et sont hybrides par nature. Cette conférence pédagogique proposera des idées pour étudier ces œuvres comme moyen de passer à l’écriture de textes cartographiques multilingues et transfrontaliers. L’objectif est de fournir des outils aux enseignants qui souhaitent passer de la lecture d’œuvres multilingues et hybrides à l’écriture (et à la notation) de ces œuvres dans leur classe. De plus, je partagerai l’une des méthodes souvent utilisées en traduction pour les œuvres multilingues. L’article comprendra des présentations de travaux publiés et, avec leur permission, des écrits d’étudiants basés sur les invitations que je fournirai aux participants au panel. Les points clés de cette conférence seront : le multilinguisme et le son (tel qu’il est interprété sur et hors de la page), le multilinguisme et l’identité (l’histoire familiale) et le multilinguisme et la voix (les aspects politisés du franchissement des frontières, de la négation du colonialisme ou de la réponse au désir d’une culture dominante d’assimilation en anglais).
Abstract
The porosity of borders, and in particular those of language, has become increasingly visible in contemporary practices of mixed-language writing. In addition, mixed histories, ancestries, nationalities and memory have come to dominate issues of identity and voice within multilingual works, in particular in North America and England, some of which I presented at the 2023 SAES conference for the Poets & Poetry panel. Added to that, many works that fall into these categories of exploration use collage methods and are hybrid in nature. This pedagogic talk will propose ideas for studying those works as a means of segueing into the writing of multilingual, cross-border mapping texts. This goal is to provide tools for teachers who wish to go from reading multilingual, hybrid work to writing it (and grading it) in their classroom. Additionally, I will share one of the methods often used in translation for multilingual works. The paper will include presentations of published work and, with their permission, student writing based on the prompts I will provide to the panel participants. Key foci: multilingualism and sound (as performed on and off the page), multilingualism and identity (family history) and multilingualism and voice (politicized aspects of crossing borders, negating colonialism or responding to a dominant culture’s desire for assimilation into English).
Biographie
Jennifer K Dick est auteure (récemment elle a publié That Which I Touch Has No Name, Black Spring Press, London, 2022), traductrice, organisatrice de cycles de lectures et co-organisatrice de la résidence Écrire L’Art avec Sandrine Wymann à la Kunsthalle Centre d’Art Contemporain Mulhouse et elle est enseignante-chercheuse (MCF) à l’Université de Haute Alsace, Mulhouse, où elle dirige le Département d’Anglais. Membre du labo ILLE, ses recherches portent sur la littérature et l’identité multi-langue (dans des oeuvres de Myung Mi Kim, Theresa Hak Kyung Cha, Craig Santos Perez, Anne Carson, Bhanu Kapil, Susan Howe…). Jennifer vient de rédiger une guide de lecture et d’écriture pour Coffee House Presse (“Readers and Writing Teaching Guide”) pour accompagner la lecture et l’étude du livre Your Kingdom par Eleni Sikelianos.
Jennifer K Dick is an author (most recently of That Which I Touch Has No Name, Black Spring Press, London, 2022), translator, reading events organizer, co-organizer of the Écrire L’Art residency with Sandrine Wymann at the Kunsthalle Centre of Contemporary Art in Mulhouse, and a Senior lecturer who directs the English Dept at UHA in Mulhouse. A member of the labo ILLE, her research primarily focuses on text and image in postmodern 20th and 21st century books, recently on works about identity and multi-language use by contemporary poets such as Myung Mi Kim, Theresa Hak Kyung Cha, Craig Santos Perez, Anne Carson, Bhanu Kapil and Susan Howe. She recently completed – for Creative Writing and Literature classroom use – a “Readers and Writing Teaching Guide” for Coffee House Press, to accompany Eleni Sikelianos’ book Your Kingdom.
Tiffane Levick and Camille Le Gall
Université Toulouse Jean-Jaurès
tiffane.levick@univ-tlse2.fr, camille.le-gall@univ-tlse2.fr
Bilingual writing workshops: experimenting between languages
Nous proposons dans notre communication de présenter les ateliers d’écriture bilingues que nous animons à l’Université Toulouse Jean-Jaurès depuis février 2023. L’idée de cet atelier est née lors d’un cours de traductologie dispensé dans cette même université, consacré au thème de la créativité en traduction. Ce cours a mobilisé le recueil de Ciaran Carson From Elsewhere (2014, The Gallery Press), qui contient, côte à côte, les traductions (quelque peu approximatives) de Carson d’une sélection de poèmes de Jean Follain, et ses propres créations, basées sur ces poèmes et/ou ses traductions (la source d’inspiration, volontairement, n’est jamais tout à fait claire). Le format de ce cours a poussé les étudiant‧es à élargir leur conception, souvent assez rigide, de l’originalité et à considérer les frontières parfois floues entre la création et la traduction. Dans un environnement où l’enseignement des langues étrangères est souvent marqué par une approche prescriptive, voire punitive, de l’expression et de la traduction, nous cherchons à dédramatiser l’utilisation de la langue tout en encourageant les étudiant‧es à se laisser guider par leurs impulsions créatives et par la richesse des possibilités offertes par leur accès à des langues et à des cultures étrangères. Ces ateliers, facultatifs et ouverts à tous les niveaux et à toutes les filières, prennent des formes variées, l’accent étant toujours mis sur l’exploration des possibilités plutôt que sur le respect d’une série d’instructions strictes. Parmi les activités et les thèmes abordés, on peut citer : l’imitation et la rétro-traduction à partir des Exercices de style de Queneau, des jeux autour du registre, l’écriture en franglais, une réflexion sur les intraduisibles, l’exploration de la musicalité de la poésie à partir de l’œuvre d’Arlo Parks (traduite par Marguerite Capelle), et la transposition d’œuvres de fiction dans un cadre étranger. Dans notre présentation, nous espérons mettre en lumière l’inspiration théorique de cet atelier (les notions d’équivalence, de code-switching et d’hégémonie linguistique, entre autres), tout en détaillant nos motivations et en présentant des exemples de traductions, de créations et de transcréations réalisées par les étudiant‧es.
Abstract
We propose in our paper to present the bilingual writing workshops that we have been running at Université Toulouse Jean-Jaurès since February 2023. The idea for this workshop emerged during a translation studies class at the same university, dedicated to the topic of creativity in translation, which harnessed Ciaran Carson’s collection 2014 From Elsewhere (The Gallery Press), which contains, side-by-side, Carson’s (somewhat loose) translations from French of selected poems by Jean Follain, and his own creations, based on these poems and/or his translations (the source of inspiration, deliberately, never entirely clear). The format of this class encouraged students to broaden their often quite rigid conception of originality and consider the sometimes blurred boundaries between creation and translation. In an environment where foreign-language teaching is often steeped in a prescriptive, even punitive, approach to expression and translation, we saw worth in de-dramatising the use of language while encouraging students to dip into the well of their creative impulses and the wealth of opportunities afforded by their exposure to foreign languages and cultures. These workshops, optional and open to all levels and streams, have taken on a variety of formats, with the focus always being on exploring possibilities rather than on following a set of strict instructions. Examples of the activities and themes include: imitating and back-translating using Queneau’s Exercices de style, experimenting with register, writing in franglais, playing with untranslatables, exploring the musicality of poetry based on work by Arlo Parks (translated by Marguerite Capelle), and transposing works of fiction to a foreign setting (imagining scenes with new characters and configurations). In our presentation, we hope to unravel the theoretical inspiration for this workshop (notions of equivalence, code-switching, and linguistic hegemony, among others), while also explaining further our motivations and presenting examples of the students’ translations, creations, and transcreations.
Biographie
Tiffane Levick est maîtresse de conférences à l’Université Toulouse Jean-Jaurès depuis 2020, où elle assure divers cours de traduction et de traductologie, et encadre des mémoires de Master, pour les départements des études anglophones (DEMA) et de traduction (D-TIM). Elle a soutenu sa thèse de doctorat, consacrée à la traduction des parlers jeunes urbains, à la Sorbonne Nouvelle en 2018, et continue de travailler sur des projets de recherche liés à la traduction des formes linguistiques dites « non-standard ». Elle a cofondé le réseau de recherche « Traduire les voix minoritaires » en 2021, et a codirigé l’ouvrage collectif Enseigner la traduction dans les contextes francophones avec Susan Pickford, publié par Artois Presses Université, également en 2021. Elle travaille actuellement sur la traduction du roman Ady, soleil noir (Gisèle Pineau, 2021), ainsi que sur la co-édition avec Nathalie Vincent-Arnaud du numéro 12 de la revue La Main de Thôt.
Tiffane Levick is a senior lecturer (maîtresse de conférences) at Université Toulouse Jean-Jaurès, where she has been teaching various translation and translation studies classes, and supervising masters’ dissertations and projects for the English Studies (DEMA) and the Translation (D-TIM) departments since 2020. She defended her doctoral thesis dedicated to the translation of urban youth slang at the Sorbonne Nouvelle in 2018 and continues to work on research relating to the translation of so-called non-standard language. She co-founded the research network “Translating Minority Voices” in 2021 and co-edited the volume Enseigner la traduction dans les contextes francophones with Susan Pickford, published by Artois Presses Université, also in 2021. She is currently co-translating (with Timothy Lomeli) the novel Ady, soleil noir (Gisèle Pineau, 2021) for Liverpool University Press and co-editing (with Nathalie Vincent-Arnaud) the upcoming issue of journal La Main de Thôt on the notion of resistance in translation.
Camille Le Gall est en quatrième année de doctorat à l’Université Toulouse Jean-Jaurès. Elle écrit sa thèse sur la transcription et la (re)traduction des voix marginales en français dans quatre romans du Sud des Etats-Unis (The Sound and the Fury, Their Eyes Were Watching God, The Member of the Wedding, The Heart is a Lonely Hunter). Ces voix marginales sont variées, allant des voix africaines américaines aux voix queer ou encore handicapées. Elles donnent lieu à une étude de la traduction des sociolectes et idiolectes, de leurs dimensions poétiques et politiques, et de la chronologie de leurs traductions en lien avec ces problématiques. Elle est dirigée par Nathalie Vincent-Arnaud et Aurélie Guillain (CAS). Elle est co-créatrice du réseau de recherche Traduire les Voix Minoritaires avec Tiffane Levick, Charles Bonnot, Sophie Chadelle, Juliette Pezaire et Célestine Denèle.
Camille Le Gall is a fourth-year PhD candidate at Université Toulouse Jean-Jaurès. She is writing a thesis on the transcription, translation and retranslation of marginal voices in French, in four novels from the South of the United States (The Sound and the Fury, Their Eyes Were Watching God, The Member of the Wedding, The Heart is a Lonely Hunter). These marginal voices range from African-American voices, to queer, and disabled voices, and allow for the study of the translation of sociolects and idiolects, of their poetic and political dimensions and of the timeline of translation and retranslation in regards to these issues. She is supervised by professors Nathalie Vincent-Arnaud and Aurélie Guillain. She co-founded the research network “Translating Minority Voices” in 2021 with Tiffane Levick, Charles Bonnot, Sophie Chadelle, Juliette Pezaire and Celestine Denèle.
Noëlle Mathis
Université Aix-Marseille
noelle.mathis@univ-amu.fr
The borders of a text that speaks only of borders / Les frontières d’un texte qui ne parle que d’elles
Dans la session « écriture créative », je présenterai des extraits d’un texte théorique de création qui retrace le processus d’émergence du texte poétique intitulé je parle pas la langue. Ce dernier fait partie de l’objet littéraire créé dans le cadre de ma thèse de doctorat, mention « pratique et théorie de la création littéraire et artistique » à Aix-Marseille Université.
Il s’agira précisément d’examiner les manifestations multiples des frontières comme matière inhérente du texte. En effet, je parle pas la langue invente un langage, dans l’hybridation et l’ambiguïté, pour dire l’expérience d’habiter (à) la frontière, ou de la porter toujours en soi. Plus particulièrement, il porte sur la fragilité linguistique de la Moselle et des Mosellans, située dans un contexte historique et personnel de déplacement et d’arrachement à une terre et à une langue. La perte de la langue maternelle non transmise en est la manifestation la plus évidente. Un paradoxe alors que l’une des caractéristiques des frontaliers est à la fois de parler plusieurs langues et de dénigrer la richesse linguistique qui les constitue.
Le texte je parle pas la langue fait coexister le français, le francique et l’allemand, au cœur d’une identité linguistique nouvelle qui revendique la multiplicité comme un atout plutôt qu’un défaut lié au choix à faire d’une appartenance à un camp d’un côté ou de l’autre de la barrière. Les frontières dans le texte émergent de la juxtaposition des langues, mais aussi par les choix génériques entre le poétique et le théorique qui tente de déceler les processus de création.
Je retracerai les contours des ateliers d’écriture d’où la série de textes étudiée a émergé. Une sélection d’extraits poétiques manifestant la présence des frontières accompagnera l’exposé.
Abstract
In the Creative Writing session, I will be presenting extracts from a creative theoretical text that traces the process of emergence of a poetic text entitled je parle pas la langue. The latter is part of the literary object created as part of my doctoral thesis on “practice and theory of literary and artistic creation » at Aix-Marseille University. The aim is to examine the multiple manifestations of borders as inherent material in the text. Indeed, je parle pas la langue invents a language of hybridization and ambiguity to express the experience of inhabiting (at) the border, or of always carrying it within oneself. More specifically, it focuses on the linguistic fragility of Moselle and its inhabitants, situated in a historical and personal context of displacement and uprooting from a land and a language. The most obvious manifestation of this is the loss of the mother tongue. A paradox, given that one of the characteristics of border dwellers is both to speak several languages and to denigrate the linguistic wealth that constitutes them. je parle pas la langue brings together French, Francique and German, at the heart of a new linguistic identity that claims multiplicity as an asset rather than a defect linked to the choice of belonging to one side or the other of the barrier.
The borders in the text emerge from the juxtaposition of languages, but also from generic choices between poetic and theoretical discourses that attempt to reveal creative processes.
I will trace the contours of the writing workshops from which the series of texts studied emerged. A selection of poetic excerpts manifesting the presence of borders will accompany the talk.
Biographie
Noëlle Mathis, doctorante, Aix-Marseille Université (AMU), LERMA
En tant que doctorante en « pratique et théorie de la création littéraire et artistique » (AMU), animatrice d’ateliers d’écriture, fondatrice de l’association Les Mots Voyageurs (www.lesmotsvoyageurs.com), auteure plurilingue, enseignante de langues, je tente de saisir les enjeux textuels de la non-transmission de la langue maternelle en lien avec les processus de « réparation ».
Noëlle Mathis, PhD candidate, Aix-Marseille Université (AMU), LERMA
As a PhD candidate in “Practice and theory of literary and artistic creation” (AMU), a creative writing facilitator, the founder of Les Mots Voyageurs (www.lesmotsvoyageurs.com), a plurilingual author and a language teacher, I try to understand what is at stake in texts when the mother tongue is not transmitted, in connection with the processes of « healing”.