Atelier GERAS – Anglais de spécialité
Responsables de l’atelier
Adam Wilson
Université de Lorraine
Séverine Wozniak
Université Lumière Lyon 2
Manon Bouyé
École normale supérieure Paris-Saclay
manon.bouye@ens-paris-saclay.fr
Abolir ou brouiller les frontières du droit ? Plain language, transfert des connaissances juridiques et voyage linguistique dans la communication institutionnelle avec le grand public
Le droit est souvent perçu comme un domaine aux frontières hermétiques, voire « complètement impénétrables » (Coulthard et al. 2016 : 39) par les personnes qui n’ont reçu aucune formation dans ce domaine. Devant cette mauvaise réputation, le Plain Language Movement, qui a débuté au Royaume-Uni, en Australie et aux États-Unis puis s’est étendu à différents pays anglo-saxons et à l’Union européenne, préconise depuis les années 1970 l’utilisation d’une langue claire et simple (plain language) pour s’adresser au grand public, notamment dans des contextes juridiques (Cutts 2020). Le plain language, partiellement inspiré des langues contrôlées, repose sur un certain nombre de recommandations linguistiques, encourageant les rédacteur.ices à éviter le passif, les termes techniques ou les mots jugés complexes, et à privilégier l’utilisation de phrase courtes (Gledhill et al. 2019, Cutts 2020).
Cette communication présente les résultats d’une thèse de doctorat sur le style clair et simple dans le cadre de la communication juridique avec le grand public, dans plusieurs pays anglophones et francophones (Bouyé 2022). Ce travail se fonde sur l’étude d’un corpus spécialisé, intitulé LEX, composé de textes législatifs et judiciaires en français et en anglais, issus de plusieurs pays (RoyaumeUni, Nouvelle-Zélande, Canada et France), mis au regard de leurs versions « simplifiées », destinée au grand public (le corpus PLAIN), composée de textes qui guident ou explicitent les usagers du droit dans les procédures, et se veulent rédigés dans un style clair et simple.
Via l’étude quantitative et qualitative de la terminologie et du vocabulaire, de la fréquence du passif et de mesures de complexité, nous nous intéressons à la notion de déplacement et de transfert des connaissances juridiques, en nous concentrant notamment sur les stratégies rhétoriques de reformulation du discours du droit. Mis au regard du Plain Language Movement, qui vise à remettre en cause, voire à abolir, les frontières des discours spécialisés institutionnels, nos résultats offrent un portrait contrasté du plain language dans notre corpus, ses recommandations n’étant pas toujours suivies. La question de la transmission d’un discours et de connaissances spécialisées est non seulement le passage de frontières linguistiques mais aussi culturelles, la politique de simplification et de communication avec le grand public étant par exemple différente entre la France et les pays de culture anglo-saxonne (Lahlou 2013), ce qui entraîne des différences de complexité entre les textes de diffusion du droit en anglais et en français. D’un point de vue méthodologique, ce travail questionne également les frontières de l’anglais de spécialité, en interrogeant les apports de méthode d’apprentissage-machine (plain language) à l’analyse de discours et à la linguistique de corpus.
Références bibliographiques
BOUYÉ, M. (2022). « Le style clair en droit : étude comparative du discours juridique en anglais et en français, avant et après simplification. Le plain language dans la communication juridique avec le grand public ». Thèse de doctorat non publiée, Université Paris Cité.
COULTHARD, M., JOHNSON, A., & D. WRIGHT. (2016). An Introduction to Forensic Linguistics : Language in Evidence. Routledge.
CUTTS M. (2020). Oxford Guide to Plain English. Oxford University Press.
GLEDHILL, C., MARTIKAINEN, H., MESTIVIER, A., & M. ZIMINA-POIROT. (2019). Towards a linguistic definition of ‘simplified medical English’ : Applying textometric analysis to Cochrane medical abstracts and their plain language versions. LCM-La Collana/The Series, 91-114.
LAHLOU, N. (2013). « La vulgarisation de l’information juridique : Reconnaissance et mise en œuvre de la vulgarisation juridique en France (Plain legal language in France: Recognition and implementation in France) ». Mémoire de l’École de droit de la Sorbonne non publié, Université Paris I PanthéonSorbonne.
Biographie
Manon BOUYE est agrégée-préparatrice au Département des langues de l’ENS Paris-Saclay et docteure en anglais de spécialité. Ses recherches portent sur la communication des discours spécialisés avec le grand public, en particulier dans le cadre du droit. Elle enseigne en LANSAD (chimie, sciences pour l’ingénierie, mathématiques et informatique) ainsi qu’en études anglophones (phonologie, traduction).
Pauline Bureau
Université Paris Nanterre
pauline.bureau18@gmail.com
Les termes du changement climatique en déplacement : diagnostic et implications par rapport à l’objectif de diffusion des connaissances
Parce que le changement climatique nécessite une mobilisation à l’échelle sociétale, la diffusion des connaissances sur ce dernier constitue un objectif incontournable dans le domaine éponyme. Instance de médiation entre le spécialisé et le grand public, la presse joue un rôle incontournable dans ce processus de diffusion. Pourtant, si plusieurs travaux se sont intéressés au traitement médiatique du changement climatique (Biros & Peynaud 2019, Peynaud 2018, Carvalho 2007), la diffusion des connaissances autour de ce phénomène reste peu documentée, alors qu’elle ne va pas de soi. En effet, la mission de médiation scientifique assumée par la presse peut impliquer une relative transformation du discours d’expertise (Nikitina 2020), qui peut se manifester dans le choix des connaissances effectivement diffusées ou dans la façon dont ces connaissances sont représentées en discours. Parce qu’ils indexent des concepts spécialisés et sont amenés à circuler entre différentes communautés de locuteurs, les termes peuvent constituer des indices pour observer la diffusion des connaissances. À travers cette présentation, nous nous appuyons donc sur les termes pour documenter ce processus en comparant la terminologie représentative de l’expertise climatique internationale et celle mobilisée en diachronie dans un corpus de presse généraliste anglophone. Pour ce faire, nous avons recours à des outils issus de la terminologie textuelle tels que les extracteurs de termes et les empreintes de fréquence (Picton 2009). Nous prêtons également une attention particulière aux phénomènes de variation dénominative et conceptuelle, dont nous interrogeons à chaque fois les implications vis-à-vis de l’enjeu de diffusion des connaissances autour du changement climatique. Bien que notre objectif principal soit de voir si la presse s’approprie la terminologie experte et sous quelles formes, nous considérons également la possibilité pour certains termes d’être en fait issus des discours de presse, ce qui suggérerait une co-construction de la connaissance climatique.
Références bibliographiques
BIROS, C. & C. PEYNAUD. (2019). Disseminating climate change knowledge. Representation of the International Panel on Climate Change in three types of specialized discourse. Lingue e Linguaggio [En ligne] 29. DOI : 10.1285/I22390359V29P179.
CARVALHO, A. (2007). Ideological cultures and media discourses on scientific knowledge: Re-Reading news on climate change. Public Understanding of Science [En ligne] 16(2). DOI : 10.1177/0963662506066775.
NIKITINA, J. (2020). Representation of gene-editing in British and Italian newspapers. A cross-linguistic corpus-assisted discourse study Lingue e Linguaggi [En ligne] 34. DOI : 10.1285/I22390359V34P51.
PEYNAUD, C. (2018). La notion de climat dans le discours de la presse anglophone : le traitement de la question climatique de 2010 à 2017. ASp [En ligne] 74. DOI : 10.4000/asp.5365.
PICTON, A. (2009). « Diachronie en langue de spécialité. Définition d’une méthode linguistique outillée pour repérer l’évolution des connaissances en corpus. Un exemple appliqué au domaine spatial ». Thèse de doctorat en linguistique, Université Toulouse le Mirail – Toulouse II.
Biographie
Pauline BUREAU est docteure en anglais de spécialité (Université Grenoble Alpes) et occupe actuellement un poste d’ATER à l’Université Paris Nanterre. Ses travaux de recherche portent sur la terminologie et la néologie dans les discours sur le changement climatique, qu’elle étudie en mobilisant des outils issus de la terminologie textuelle, du traitement automatique du langage, et de l’analyse du discours.
Audrey Cartron
Nantes Université
audrey.cartron@univ-nantes.fr
Frontières et besoins langagiers : analyse des contextes d’exposition à l’anglais et des besoins au sein de la Police aux Frontières du Pas-de-Calais
Les frontières constituent, par essence, des territoires linguistiques, culturels, sociaux et politiques hybrides. Ces espaces caractérisés par une forte mobilité forment de véritables interfaces et sont les lieux de multiples échanges entre locuteurs de différentes langues. La communication proposée s’intéresse aux contextes d’exposition à l’anglais et aux besoins langagiers des policiers de la Police aux Frontières (PAF) française et, plus particulièrement, à l’analyse détaillée du cas de la PAF du Pasde-Calais. En raison de la proximité géographique avec la Grande-Bretagne, la PAF du Pas-de-Calais est particulièrement exposée aux différentes facettes de la communication avec les anglophones, dans la mesure où elle couvre, entre autres, les plates-formes du Tunnel sous la Manche à Coquelles et le terminal de Calais, et qu’elle joue un rôle central dans l’application des accords bilatéraux avec le Royaume-Uni. Par ailleurs, l’analyse des besoins langagiers aux frontières paraît centrale dans un contexte actuel de multiplication des flux de personnes (tourisme, immigration), d’organisation d’événements internationaux en France, d’internationalisation du crime et de développement de la coopération policière internationale.
Dans un premier temps, nous détaillons le cadrage théorique et méthodologique adopté (Braud 2008, Wozniak 2011, Gishbaugher 2015, Sendur 2017) et les outils mobilisés (observations in situ, analyse de situations cibles, entretiens, questionnaires) pour collecter les données. Dans un deuxième temps, nous mettons en exergue les trois principales zones d’activités de la PAF, qui génèrent différents types d’exposition à l’anglais, souvent utilisé comme lingua franca (Millot 2015), et de besoins langagiers : les contrôles sur les points de passage frontaliers, le traitement des procédures judiciaires et la coopération institutionnelle transfrontière. Nous soulignons ensuite que le niveau d’ensemble de maîtrise de la langue anglaise présente une importante hétérogénéité et nous évoquons, dans un dernier temps, les divers outils, stratégies et ressources de remédiation ponctuelle mobilisés par les agents.
Références bibliographiques
BRAUD, V. (2008). L’anglais et les magistrats français, résultats d’une enquête de terrain. ASp [En ligne] 53/54. DOI : 10.4000/asp.3055.
GISHBAUGHER, J. (2015). Developing an English curriculum for the Indonesian National Police: A case study ». In DE SILVA JOYCE, H. & E. A. THOMSON (dir.), Language in Uniform: Language Analysis and Training for Defence and Policing Purposes. Cambridge Scholars Publishing, 84-104.
MILLOT, P. (2015). Defining English as a professional Lingua Franca: A specialised approach. ASp [En ligne] 67. DOI : 10.4000/asp.4626.
SENDUR, A. M. (2017). Language Needs Analysis as the First Step in Designing an LSP Test for Police Officers. Actes du 10e Congrès international ICT for Language Learning, Florence (Italie), 284-287.
WOZNIAK, S. (2011). « Contribution à la caractérisation de l’anglais de l’alpinisme, par l’étude du domaine spécialisé́ des guides de haute montagne états-uniens ». Thèse de doctorat non publiée, Université Bordeaux 2.
Biographie
Audrey CARTRON est docteure normalienne agrégée d’anglais. Sa thèse, soutenue en novembre 2022 (Aix-Marseille Université), porte sur la caractérisation de l’anglais de la police et ses applications didactiques. Elle est membre du Centre de Recherche sur les Identités, les Nations et l’Interculturalité (CRINI, Nantes Université). Elle est également Professeure Agrégée (PRAG) à Nantes Université où elle enseigne l’anglais des affaires, de l’entreprise et du marketing, ainsi que l’anglais juridique.
Margaux Coutherut
Université Paris 8 Vincennes-Saint Denis
margaux.coutherut@univ-paris8.fr
Frontière floue en filière Langues Étrangères Appliquées : les étudiants de LEA sont-ils spécialistes de l’anglais ou spécialistes d’autres disciplines ?
À l’Université Paris 8, la formation LEA est rattachée à l’UFR LCE (Langues et Cultures Étrangères). On peut donc penser que les frontières sont clairement définies : les étudiants de cette filière sont des spécialistes de langues et plus particulièrement d’anglais. Cependant, tous les étudiants ne choisissent pas l’anglais et la linguistique anglaise a peu de place dans les enseignements de LEA. À partir de la 2ème année de la licence, les étudiants doivent choisir une spécialisation : Commerce ou Communication Multilingue et Traduction mais les cours de commerce et de communication sont dispensés en français. Le volume horaire des cours d’anglais est trop faible pour former des spécialistes de l’anglais. Cette licence ne forme pas non plus des spécialistes de commerce ou de communication puisqu’il existe une licence Économie et Gestion et une Licence Information – Communication à l’Université Paris 8.
Trouver des enseignants anglicistes spécialistes d’autres disciplines pose un problème. En effet, comme l’explique Marie-Françoise Narcy-Combes (2011) : « Les postes offerts en LANSAD et en LEA sont supérieurs au nombre de personnels qualifiés pour y postuler, (…) En conséquence, nombre de littéraires sont nommés en LEA alors qu’ils n’ont pas les compétences en langue de spécialité ». La création des maquettes LEA est particulièrement problématique dans ce contexte : doit-on y mettre des cours de langue de spécialité alors que la force enseignante est insuffisante pour les assurer, ou des cours plus littéraires pour lesquels les enseignants sont disponibles mais qui ne sont pas véritablement adaptés à l’objectif de la formation ? Dans l’état actuel, il semble donc que la filière LEA ne forme pas des spécialistes de l’anglais ni des spécialistes de commerce ou de communication, mais dans ce cas quel est l’objectif de cette licence ?
La frontière est poreuse en réalité. À partir d’une revue de littérature traitant de la formation LEA (Clauzure 1998, Crosnier 2002, Gaillard et Peynaud 2023) et grâce à une expérience de quatre ans à la direction de cette formation, nous allons étudier la porosité de cette frontière.
Références bibliographiques
CLAUZURE, E. (1998). Du marché unique à la monnaie unique LEA : une formation pratique. ASp [En ligne] 19-22. DOI : 10.4000/asp.2858.
CROSNIER, E. (2002). De la contradiction dans la formation en anglais Langue Étrangère Appliquée (LEA). ASp [En ligne] 35-36. DOI : 10.4000/asp.1565.
GAILLARD, M & C. PEYNAUD. (2023). Spécialiser la LEA ? De l’intérêt de l’étude des discours, milieux et cultures spécialisés pour concevoir les enseignements en Langues étrangères appliquées. ASp [En ligne] 81. DOI : 10.4000/asp.7749.
NARCY-COMBES, M.-F. (2008). L’anglais de spécialité en LEA : entre proximité et distance, un nouvel équilibre à construire. ASp [En ligne] 53-54. DOI : 10.4000/asp.396
Biographie
Margaux Coutherut est maîtresse de conférences à l’Université Paris 8. Elle travaille sur les genres textuels, en particulier les genres procéduraux, aux niveaux structurels et linguistiques. Par ailleurs, elle y a dirigé la formation LEA de 2019 à 2023.
Natalie Kübler
Université Paris Cité
natalie.kubler@u-paris.fr
Traduction automatique neuronale et ChatGPT, un déplacement vers la robotisation de la traduction spécialisée…ou non ?
Depuis l’apparition de ChatGPT le 30 novembre 2022, les chercheurs ont tenté d’évaluer son utilisation pour la traduction. Jiao et al. (2023) comparent les résultats de ChatGPT à ceux de DeepL en traduction automatique neuronale (TAN). Karpinska et Iyyer (2023) dans le domaine littéraire montrent que les Grands Modèles de Langue (Large Language Models) sont plus performants pour la traduction au niveau du paragraphe qu’au niveau de la phrase et que les professionnels préfèrent ces solutions à celles de Google. Castilho et al. (2023) démontrent que ChatGPT est plus sensible aux informations contextuelles que DeepL ou Google. La plupart des études s’accordent pour dire que ChatGPT, bien utilisé, produirait de meilleurs résultats que les systèmes de TAN. Cependant, elles portent sur des textes littéraires ou des textes journalistiques et rarement sur des textes hyperspécialisés.
L’étude que nous proposons a pour objectif de soumettre à ChatGPT quatre textes extraits d’articles récents en sciences de la terre traduits par DeepL et post-édités par des apprenants de la traduction et quatre textes biotraduits par les mêmes apprenants. Ces traductions automatiques, post-éditions et traductions ont été annotées à l’aide d’une typologie d’erreurs adaptée pour la traduction automatique et sa post-édition. Nous montrerons quelles sont les différences et les similitudes entre le traitement par des humains, la TAN et ChatGPT.
Références bibliographiques
CASTILHO, S., MALLON, C., MEISTER, R., & YUE, S. (2023). Do online machine translation systems care for context? What about a GPT model?
JIAO, W., WANG, W., HUANG, J. T., WANG, X., & TU, Z. (2023). Is ChatGPT a good translator? A preliminary study. arXiv preprint arXiv:2301.08745.
KARPINSKA, M. & M. IYYER (2023). Large language models effectively leverage document-level context for literary translation, but critical errors persist. arXiv preprint arXiv:2304.03245.
Biographie
Natalie KÜBLER est professeur à l’Université Paris Cité à l’UFR EILA et dirige le CLILLAC-ARP depuis 2014. Elle a créé le premier concordancier en ligne pour l’enseignement de l’anglais de spécialité dès 1997 et a joué un rôle pionnier dans l’introduction de la linguistique de corpus dans une formation de traducteurs en 1999. Ses recherches portent sur les corpus d’apprenants de la traduction, la terminologie, et la phraséologie spécialisée, et récemment, sur l’utilisation et l’évaluation de la traduction automatique et de la post-édition.
Mary C. Lavissière1
Alex Boulton2 (alex.bouton@univ-lorraine.fr)
Carmenne Kalyaniwala2
Warren Bonnard1,2
1. Nantes Université ; 2. Université de Lorraine
A Swalesian approach to reading legal texts: Learner perceptions and integration of move boundaries
This work was supported by the Agence Nationale de la Recherche [grant number ANR-22-CE38-0004].
With the casebook method (Weaver 1991) dominant in American law schools, students are taught to interpret cases by reading case law. It therefore constitutes a promising path to understanding American law and professional legal culture in English for Legal Purposes (ELP). However, transposing this method to a teaching context outside the US raises two major issues. First, the task of reading comprehension for French law students is made difficult by their unfamiliarity with the specific concepts of American law. Second, they are faced with a new type of legal discourse that is characterized by its “uniqueness” (Kirby-Légier, 2005: 88).
The ANR Lexhnology project builds on the premise that incorporating theories of move analysis (Swales 1990) into ELP courses can address these problems. In particular, in law, understanding of text structure is necessary for reading comprehension (Junker 2008).
This paper analyzes data from 25 second-year master’s students in a French ELP course. They were asked to read judicial opinions in pairs or small groups and analyze the moves during a 12-week course on American legal language and culture. The three datasets derive from post-course exams (n=25), questionnaires (n=23) and semi-directed interviews (n=11). Particular attention is given to how they understood and applied the rhetorical divisions associated with move analysis, and how they responded to this novel approach, both in terms of progress and general appreciation.
Triangulation of these three datasets reveals positive results (e.g., perceived utility and some effective annotations) alongside a number of difficulties in this “naive” approach to move analysis (e.g., the fuzzy nature of moves themselves). These suggest three learner profiles: strong mastery, weak understanding, with a majority in between. Overall, the results encourage the basis for Lexhnology in providing move-annotated texts in a dedicated online platform.
References
JUNKER, K. W. (2008). What is reading in the practices of law? Journal of Law and Society 9, 111-162.
KIRBY-LÉGIER, C. (2005). Understanding the judicial discourse of the current United States Supreme Court. La Langue, le discours et la culture en anglais du droit. Publications de la Sorbonne, 87-110.
SWALES, J. M. (1990). Genre analysis: English in academic and research settings. Cambridge University Press.
WEAVER, R. L. (1991). Langdell’s legacy: Living with the case method. Villanova Law Review 36, 517596.
Biography
The authors are all members of the Lexhnology Project. Mary C. Lavissière is an Associate Professor of Applied Linguistics at the CRINI (Nantes Université) and PI of Lexhnology, Alex Boulton is a Professor of English and Applied Linguistics at the ATILF (CNRS & UL), interested in uses of corpus tools and techniques for language learning (aka data-driven learning), Carmenne Kalyaniwala is an Associate Professor of English and Applied Linguistics at the ATILF (CNRS & UL), interested in exploring digital environments for language teaching and learning and Warren Bonnard is a doctoral student working on discourse/move analysis of ESP texts.
Evgueniya Lyu
Université Grenoble Alpes
evgueniya.lyu@univ-grenoble-alpes.fr
Conception et utilisation d’une mini-série pédagogique pour enseigner l’interprétation spécialisée à travers diverses frontières professionnelles
Le programme du master « Traduction spécialisée multilingue », proposé aux étudiants en filière Langues Étrangères Appliquées (LEA) à l’Université Grenoble Alpes, prévoit un cours d’interprétation de liaison en première année de master. Contrairement à l’interprétation consécutive et l’interprétation simultanée, l’interprétation de liaison implique le recours à deux langues par un interprète et s’effectue dans un contexte moins formel avec minimum deux interlocuteurs (Gentile, Ozolins & Vasilakakos 1996 ; Al Jarf 2007 ; Taylor-Bouladon 2011 ; Wu 2021). L’interprétation de liaison est surtout fréquente dans les domaines des affaires, du social, juridique et médical.
Notre cours poursuit trois objectifs principaux : initier les apprenants à l’interprétation de liaison (du français vers l’anglais et de l’anglais vers le français), les familiariser avec diverses stratégies d’interprétation et développer les compétences nécessaires pour ce type d’interprétation, et, en atteignant ces deux objectifs, participer à la professionnalisation des apprenants. En outre, la pratique de ce type d’interprétation nécessite des connaissances spécialisées que les étudiants doivent également développer. Afin d’atteindre ces objectifs, les éléments théoriques, les exercices de leur mise en pratique ainsi que les tâches de simulation, proches des situations authentiques d’interprétation, sont offerts aux étudiants. Néanmoins, la quasi-absence du matériel audio-visuel adapté à nos besoins nous a amenée à en concevoir un, sous forme d’une mini-série d’onze épisodes. Chaque épisode vise le travail sur des compétences/stratégies d’interprétation bien distinctes et se concentre sur une thématique spécialisée particulière.
Dans cette communication, nous proposons d’abord de parcourir les étapes de la conception de la mini-série (rédaction d’un scénario, sa didactisation, collaboration avec les spécialistes des domaines impliqués et réalisation technique), de décrire ensuite l’enseignement mis en œuvre à la rentrée 2023 et d’offrir l’évaluation du support par les étudiants ainsi que d’analyser son efficacité.
Références bibliographiques
AL JARF, R. (2007). « How to teach liaison interpreting to beginners ». Communication présentée à la conférence Foundations for a pedagogy of Arabic translation, Bruxelles (Belgique), 18-20 octobre.
GENTILE, A., U. OZOLINS & M. VASILAKAKOS. (1996). Liaison interpreting. Melbourne University Press.
TAYLOR-BOULADON, V. (2011). Conference interpreting: Principles and practice (3e éd.). Amazon Italia Logistica S.r.l.
WU, S. (2021). The liaison interpreter’s role as an intercultural mediator: A cognitive-pragmatic approach. Open Journal of Modern Linguistics 11, 90–103.
Biographie
Evgueniya LYU est maîtresse de conférences à l’Université Grenoble Alpes (ILCEA4 – GREMUTS) où elle enseigne dans la filière LEA. Ses intérêts de recherche portent sur l’anglais de spécialité, la didactique de l’anglais de spécialité et l’innovation pédagogique dans l’enseignement-apprentissage des langues étrangères.
Joëlle Popineau
Université de Tours
joelle.popineau@univ-tours.fr
Frontières et déplacements en anglais juridique : Comment traduire tribunal judiciaire en anglais et Magistrates’ Court en français ?
Depuis l’influence de Guillaume le Conquérant sur le droit anglais au XIIe siècle, de nombreux termes juridiques d’origine anglo-normande commune ont évolué séparément dans le système civiliste français et le système de la Common Law au cours de l’histoire. C’est le cas de cort ou curt, qui au début du XIIe siècle prend le sens de « siège de justice » dans les Lois de Guillaume et est importé sous la forme court en anglais.
En droit pénal anglais contemporain, le terme court se retrouve quel que soit le niveau de juridiction dans la pyramide judiciaire : les Criminal Courts regroupent les Magistrates’ Courts, les Crown Courts et les Youth Courts et l’instance supérieure s’appelle la Supreme Court. Tribunal est surtout réservé aux juridictions internationales hors droit pénal, the International Tribunal of the Law of the Sea par exemple.
En droit français, la pyramide judiciaire distingue tribunal et cour suivant la gravité de l’acte commis. En effet, la classification des infractions en trois classes (contraventions, délits, crimes) distingue les infractions mineures, telles les contraventions ou les délits, jugées par un tribunal, et les crimes, ou infractions majeures, jugés devant une cour.
Cette communication porte sur le domaine pénal et se propose d’illustrer les déplacements sémantiques et historiques de deux termes juridiques ayant une étymologie commune, tribunal en français et court en anglais. Une approche juritraductologique et terminologique est menée entre les droits français et anglais et se propose de comparer ces deux termes centraux et d’autres termes nouveaux introduits lors de la récente réforme de l’organisation judiciaire de 2019 en France, à savoir le tribunal judiciaire et la cour criminelle.
Sur le plan de la traduction et de la comparaison terminologique, des difficultés apparaissent. Comment traduire tribunal judiciaire vers l’anglais ? Comment traduire les Magistrates’ Courts vers le français ? Existe-t-il une équivalence comparative des institutions judiciaires entre les deux systèmes juridiques ? Les origines terminologiques communes ont donné lieu à des frontières juridiques réelles et des déplacements sémantiques nets.
Références bibliographiques
CORNU, G. (2018). Vocabulaire Juridique. Presses universitaires de France.
GUINCHARD, S., A. VARINARD & T. DEBARD. (2011). Institutions juridictionnelles. Dalloz.
LAW, J. (dir.). (2018). Dictionary of Law. Oxford University Press.
MONJEAN-DECAUDIN, S. & J. POPINEAU. (2019). How to apply comparative law to legal translation. A new 3-step juritraductological translating approach to legal texts. In BIEL, L et al. (dir.), Research Methods in Legal Translation and Interpreting: Crossing Methodological Boundaries. Routledge, 119-133.
Biographie
Joëlle POPINEAU est maître de conférences dans le département de Droit-Langues à l’université de Tours et enseigne la traduction juridique et la juritraductologie de la licence au master. Ses travaux actuels de recherche dans le Laboratoire Ligérien de Linguistique (LLL UMR 7270) portent sur les phénomènes linguistiques et terminologiques liés à la traduction, notamment à la traduction juridique.
Marie-Alice Rebours
Université Lumière Lyon 2
marie-alice.rebours@univ-lyon2.fr
Déplacement du regard : le rôle crucial des experts en terminologie
Loin d’être récente, la reconnaissance du rôle crucial des experts dans la recherche en linguistique appliquée est régulièrement soulignée dans la littérature (voir par exemple, Condamines, Rebeyrolle et Soubeille 2004 ; Freixa, Fernández-Silva et Cabré 2008 ; Bonadonna 2016 ; Condamines 2018 ; Dury 2018 ; Picton 2018 ; Zanola 2018 ; Wozniak 2019). Une telle place accordée dans la recherche à des acteurs hors du monde académique soulève plusieurs questions. Que faut-il entendre par experts ? Les experts sont-ils les mêmes selon les domaines et selon les questions de recherche ? Comment travailler avec des experts ? Qu’attendre de cette collaboration ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles la présente communication souhaite apporter des éléments de réponse. Après un cadrage théorique et définitoire, la discussion proposera un retour d’expérience sur la collaboration avec des experts dans le cadre d’une étude en diachronie (1952-2019) sur la variation et le renouvellement terminologique au niveau des emprunts à l’anglais dans les domaines du jean et des chaussures de style sportif (les « baskets ») en France. La communication abordera dans un premier temps la prise de contact et les différentes approches utilisées selon les experts (questionnaires, entretiens, etc.) et les domaines (« entretiens de triangulation » [Wozniak 2019 : 134] dans le secteur des « baskets »). Dans un second temps, elle exposera comment les différents retours collectés ont profondément déplacé notre regard sur notre objet de recherche : par l’approfondissement de notre connaissance du domaine, ces apports nous ont amenée à changer de direction pour nous tourner vers l’interdisciplinarité, avec l’inclusion dans notre travail de la sociologie bourdieusienne en particulier. Nous conclurons sur les apports du linguiste pour l’expert, en soulignant que ce déplacement du regard peut être profitable dans les deux sens. Les hypothèses avancées seront illustrées par des exemples tirés de notre recherche sur l’influence de l’anglais dans le prêt-à-porter féminin des années 1950 à nos jours. Cette recherche s’appuie sur un corpus de termes relevés dans des catalogues français de vente par correspondance, une enquête en ligne, un travail de veille terminologique et des entretiens avec des professionnels.
Références bibliographiques
BONADONNA, M.-F. (2016). Le vêtement d’extérieur dans la terminologie française de la mode. L’Harmattan, Coll. laboratorio@francesisti.it.
BOURDIEU, P. (1982). Ce que parler veut dire. L’économie des échanges linguistiques. Fayard.
CONDAMINES, A., J. REBEYROLLE & A. SOUBEILLE. (2004). Variation de la terminologie dans le temps : une méthode linguistique pour mesurer l’évolution de la connaissance en corpus. Actes d’Euralex International Congress, Lorient, 6-10 juillet, 547-557.
CONDAMINES, A. (2018). Nouvelles perspectives pour la terminologie textuelle. In ALTMANOVA, J. et al. (dir.), Terminology and Discourse. Peter Lang.
DURY, P. (2018). « La dimension diachronique en anglais de spécialité : une approche terminologique ». Note de synthèse non publiée pour l’Habilitation à diriger des recherches, Université Paris 7.
FREIXA, J., S. FERNANDEZ-SILVA & M.-T. CABRE. (2008). La multiplicité des chemins dénominatifs. Meta 53(4), 731-747.
PICTON, A. (2018). Terminologie outillée et diachronie : éléments de réflexion autour d’une réconciliation. ASp 74 [En ligne]. DOI : 10.4000/asp.5255.
WOZNIAK, S. (2019). Approche ethnographique des langues spécialisées professionnelles. Peter Lang.
Coll. « Aspects linguistiques et culturels des discours spécialisés ».
ZANOLA, M.-T. (2018). La terminologie des arts et métiers entre production et commercialisation : une approche diachronique. Terminalia 17, 16-23.
Biographie
Marie-Alice REBOURS a exercé la traduction spécialisée pendant dix ans avant d’entamer des recherches sur la néologie, la variation et le renouvellement terminologique dans le prêt-à-porter féminin avec une approche associant la sociologie et le marketing. Ses recherches actuelles s’appuient notamment sur un corpus de termes relevés dans des catalogues de vente par correspondance depuis les années 1950 et une collaboration avec des experts.
Cédric Sarré
Sorbonne Université
cedric.sarre@inspe-paris.fr
Frontières mouvantes entre savoirs, savoir-faire et savoir-mobiliser : la compétence en ASP en débat
Parce que plusieurs auteurs français estiment que la « transmission » de l’anglais de spécialité (ASP) est l’objectif principal d’un cours, voire d’une formation en ASP (Lyu 2020 ; Van der Yeught 2016), on peut en déduire que l’enseignement de l’ASP est considéré par certains anglicistes de spécialité comme un processus de transmission de savoirs issus de la description des variétés spécialisées de l’anglais (VSA). Cette conception semble néanmoins en décalage avec les théories les plus récentes en matière d’enseignement-apprentissage des langues et de l’emblématique perspective actionnelle telle qu’elle est prônée par les auteurs du Cadre européen commun de référence pour les langues – CECRL (Conseil de l’Europe 2001) selon laquelle « on n’apprend plus une langue pour développer un savoir sur la langue, mais pour agir avec cette langue » (Richer 2008 : 15). Se pose ainsi la question de savoir « à quoi serviraient des connaissances qui ne seraient jamais mobilisées dans des situations de la vie » (Hazette 2001, cité dans Hirtt 2009), puisque c’est bien l’accomplissement de la tâche qui est désormais visé et que « l’appropriation de nombreuses connaissances ne permet pas, ipso facto, leur mobilisation dans des situations d’action » (Perrenoud 1998 : 9). La construction des savoirs par la réalisation d’une tâche pose ainsi la question de la place de l’enseignement explicite, et donc de l’apprentissage conscient, par rapport à l’appropriation (implicite, par définition).
L’objectif de cette communication est de questionner les frontières mouvantes entre savoirs, savoirfaire et « savoir-mobiliser » (Le Boterf 1994) dans l’enseignement-apprentissage de l’ASP de manière à définir la « compétence en ASP ». Autrement dit, que signifie « être compétent » en ASP ? Nous tenterons de répondre à cette question à travers une recherche de type bibliographique qui nous permettra de nuancer l’opposition apparente entre ces deux conceptions, voire de les réconcilier. Nous montrerons par ailleurs dans quelle mesure les évolutions conceptuelles du modèle de compétence (communicative, puis interactionnelle), engendrées par son application à l’anglais de spécialité, nous ont permis de mettre en évidence ce que nous nommons la « compétence à communiquer langagièrement en contexte spécialisé » (CCLCS) (Braud et al. 2017) et dont nous proposerons une première modélisation.
Références bibliographiques
BRAUD, V., P. MILLOT, C. SARRÉ & S. WOZNIAK. (2017). Quelles conceptions de la maîtrise de l’anglais en contexte professionnel ? Vers une définition de la compétence en anglais de spécialité. Mélanges CRAPEL 37, 13-44.
HIRTT, N. (2009). L’approche par compétences : une mystification pédagogique. L’école démocratique 39(1), 1-34.
LYU, E. (2020). L’étude de cas au service de l’enseignement de l’anglais pour psychologues et orthophonistes. ASp 77, 73-99.
PERRENOUD, P. (1998). Construire des compétences dès l’école. Éditions Sociales Françaises (ESF éditeur).
RICHER, J. J. (2008). Le français sur objectifs spécifiques (FOS) : une didactique spécialisée ? Synergies Chine 3, 15-30.
VAN DER YEUGHT, M. (2016). Protocole de description des langues de spécialité. Recherche et pratiques pédagogiques en langues de spécialité. Cahiers de l’APLIUT 35(spécial 1). DOI : 10.4000/apliut.5549.
Biographie
Cédric SARRE est Maître de conférences en didactique de l’anglais à Sorbonne Université, INSPE de l’académie de Paris. Son activité de recherche porte sur (1) l’analyse des interactions pédagogiques, (2) l’apprentissage des langues médiatisé par les technologies (ALMT), (3) l’anglais de spécialité (du point de vue didactique, institutionnel et épistémologique) et sur (4) la formation des enseignants.
Michel Van Der Yeught
Aix-Marseille Université
michel.vanderyeught@univ-amu.fr
Quelle frontière entre l’intentionnalité pédagogique et celle de la vie quotidienne ? Tirer parti de la nature « fictive » de l’acte pédagogique en langue de spécialité
Les enseignants de langue s’intéressent à la motivation des apprenants (Les Cahiers de l’APLIUT 2005), mais ils examinent peu en quoi les situations pédagogiques diffèrent de la vie réelle. Tout au plus recommandent-ils que « des objectifs précis, réalistes et signifiants » stimulent la créativité des étudiants (Hardy 2005). Cette présentation revisite la problématique du « réalisme » de l’acte pédagogique à la lumière de la notion d’intentionnalité construite par le philosophe américain John Searle et mobilisée par Van der Yeught (2019) pour théoriser l’étude des langues de spécialité (LSP). Pour Searle, l’intentionnalité est cette capacité qu’a l’esprit de se diriger vers des objets extérieurs à lui-même (2004 : 19). Ce qu’il appelle « the directedness of the mind » indique qu’elle se déplace du sujet vers l’objet. En revanche, la plupart des dispositifs pédagogiques impliquent un mouvement inverse : de l’objet au sujet. Souvent, en effet, l’apprenant peine à voir dans les objets d’apprentissage de quoi retenir son attention : ils lui sont d’abord proposés comme « objets d’intentionnalité » par l’enseignant. On comprend que les tâches « réalistes » et « signifiantes » visent à stimuler sa motivation en retrouvant la direction « naturelle » de l’intentionnalité quotidienne. Ce caractère « fictif », car intentionnellement inversé, de l’acte pédagogique s’observe dans les nombreuses LSP dont l’enseignant maîtrise « l’encyclopédie spécialisée » (Van der Yeught 2019) : le pédagogue y détermine, mieux que ses étudiants, les objets d’apprentissage les plus pertinents. Néanmoins, la frontière entre « l’irréalité » de l’acte pédagogique et la « réalité » de la vie quotidienne n’est pas nécessairement étanche. En particulier, une didactique des LSP fondée sur le spécialisé peut en tirer parti en résorbant le caractère fictif de l’enseignement et en l’ancrant mieux dans le réel.
Références bibliographiques
HARDY, M. (2005). Éditorial. Les Cahiers de l’APLIUT [En ligne] 24(2). DOI : 10.4000/apliut.2870.
LES CAHIERS DE L’APLIUT. (2005). « La motivation, un moteur dans l’apprentissage des langues » [En ligne], 24(2). DOI : 10.4000/apliut.2866
Searle, J. R. (2004). Mind: A Brief Introduction. Oxford University Press.
VAN DER YEUGHT, M. (2019). Une épistémologie et une théorie des langues de spécialité au service de solutions pour le secteur LANSAD. In CHAPLIER, C. & A.-M. O’CONNELL (dir.), Épistémologie à usage didactique : Langues de spécialité (secteur LANSAD). L’Harmattan, 53-95.
Biographie
Michel VAN DER YEUGHT est professeur émérite à Aix-Marseille Université et membre du laboratoire LERMA (UR 853). Ses intérêts de recherche portent sur l’anglais économique et financier et sur les problématiques théoriques et épistémologiques en langues de spécialité.
Séverine Wozniak
Université Lumière Lyon 2
severine.wozniak@univ-lyon2.fr
Déplacer les perspectives : les récits dans la relation guide-client dans le domaine de l’alpinisme
L’objectif de cette présentation est de contribuer à la réflexion menée sur les discours professionnels analysés par le prisme des outils et des concepts de la recherche en anglais de spécialité. Je propose d’élaborer plusieurs pistes pour l’étude des domaines spécialisés professionnels afin de saisir ce que Florence Mourlhon-Dallies qualifie de « logique d’exercice des professions » (Mourlhon-Dallies 2008) par l’analyse de récits spécialisés professionnels écrits.
Cette approche m’amène à constater que, dans le cadre d’un contexte spécialisé professionnel, discours et compétence sont intrinsèquement mêlés : le discours professionnel apparaît comme une déclinaison de la compétence professionnelle. Les chercheuses et les chercheurs francophones en sciences du langage ont travaillé cette question de la « part langagière du travail » (Boutet 2001). Elle s’inscrit par ailleurs dans une réflexion plus large sur la place de l’écrit et des littératies pour la connaissance des mondes professionnels. En 2013, dans un article publié dans le Journal of Sociolinguistics, Theresa Lillis et Carolyn McKinney plaidaient pour replacer et légitimer l’écrit au cœur de l’analyse sociolinguistique, un champ dans lequel l’étude de la part orale du langage reste largement prépondérante (Lillis & McKinney 2013), ce qui est d’autant plus vrai dans le domaine de la recherche sur les mondes professionnels.
En effet, la masse des écrits professionnels ne cesse de s’accroître, du fait tout d’abord de la tertiarisation de l’ensemble des activités économiques, du développement des activités numériques et des méthodes de suivi et de contrôle qualité (l’écrit professionnel participe en effet directement de la normalisation et de la codification des discours professionnels) et enfin, de l’évolution même du statut de professionnel, de plus en plus individualisé. Les chercheuses et les chercheurs en linguistique appliquée sont alors amenés à s’interroger sur le statut des récits professionnels : constituent-ils des objets pertinents pour la recherche ? Les données qui les nourrissent et y sont restituées contribuentelles de manière fiable et pertinence à la connaissance des mondes professionnels, notamment en ce qu’ils participent de la composante discursive de l’expertise professionnelle (Wozniak 2019) ?
Références bibliographiques
BOUTET, Josiane. (2001). La part langagière du travail : bilan et évolutions. Langage et Société 98, 17– 42.
LILLIS, Theresa & Carolyn MCKINNEY. (2013). The sociolinguistics of writing in a global context : Objects, lenses, consequences. Journal of Sociolinguistics 17(4), 425–439.
MOURLHON-DALLIES, Florence. (2008). Enseigner une langue à des fins professionnelles. Les Éditions Didier.
WOZNIAK, Séverine. (2019). Approche ethnographique des langues spécialisées professionnelles. Peter Lang.
Biographie
Séverine WOZNIAK est professeure des universités à l’Université Lumière Lyon 2. Ses recherches s’inscrivent dans le champ de la linguistique appliquée et portent sur les langues et cultures de spécialité, la caractérisation des domaines spécialisés et de leurs discours ainsi que sur les politiques linguistiques des établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche du secteur LANSAD.