Atelier 19 : ALAES-ALOES
Responsables de l’atelier
Laura Goudet
Université de Rouen
laura.goudet@univ-rouen.fr
ALOES
Denis Jamet
Université Jean Moulin Lyon 3
denis.jamet@univ-lyon3.fr
ALAES
Félix Anthony
Université Grenoble Alpes
felix.anthony@univ-grenoble-alpes.fr
Les structures attributives en anglais : de l’absence de terme stable
Les séquences de type [Det + N1 + of + Det + N2] sont communément appelées « structures attributives » par les linguistes français car elles permettent d’attribuer une propriété au référent du sujet via une glose avec la copule be. Ainsi, on comprendra que l’exemple « a gem of a book » correspond à « this book is a gem ». Cependant, ces constructions ont ceci de particulier qu’elles ne possèdent pas de nom qui leur est propre en anglais, et l’absence de consensus concernant leur dénomination est révélatrice d’ambiguïtés. Même dans les articles spécialisés récents, on trouvera des termes aussi variés que « binominal noun phrase » (Aarts 1998, Kim and Sells 2015), « expressive binominal noun phrase’’ (Foolen 2004), »constructional idiom » (Asaka, 2002), ou encore »construction qualitative » (Meinard, 2023). Cette brève consistera donc en un état de l’art, et nous nous demanderons s’il est possible de trouver un nom qui reflète toutes les complexités de la construction.
Biographie
Félix Anthony est agrégé d’anglais (option C) et enseigne dans l’académie de Strasbourg depuis 15 ans. Il est doctorant en linguistique anglaise et est rattaché au Laboratoire de linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles (LIDILEM, Université Grenoble Alpes). Il réalise sa thèse, intitulée « »A gem of a book, this giant of a man »- les structures attributives en anglais : grammaire et pragmatique » sous la direction de Laure Gardelle (Université Grenoble Alpes).
Leela Azorin
Aix Marseille Université
Leela.AZORIN@univ-amu.fr
Frontières et catégorisation : BE going to, gonna, imma – étude linguistique et phonétique des contractions d’un semi-modal émergent
Cette présentation se propose d’étudier les différents variants inhérents au paradigme de BE going to dans deux types de corpus qui sont au coeur de l’innovation et, potentiellement, du changement linguistique (McCulloch 2019) : un corpus écrit provenant du web (Climate Change Tweets, Littman and Wrubel 2019) et un corpus oral (Santa Barbara Corpus of Spoken American English, Du Bois et al. 2000-2005). Nous présenterons une typologie des différents variants faisant parti du paradigme BE going to/gonna, tels que gonna, gunna, gon et imma, que nous pouvons trouver dans les deux corpus étudiés. Cela nous amènera à interroger la place de ces différents variants au sein d’un même paradigme, ou d’une même construction, en suivant la terminologie et le cadre théorique de la grammaire de construction (GxC) (Daugs 2021). Comment la grammaire de construction peut-elle nous aider à catégoriser de tels variants ? Sont-ils distincts les uns des autres, ou appartiennent-ils à une même construction (Daugs 2021; 2017) ? Récemment, certains linguistes ont tenté de montrer que les formes plus contractées étaient davantage utilisées, et semblaient s’émanciper de plus en plus, pouvant potentiellement indiquer un changement au sein du paradigme (Lorenz 2013, Lorenz and Tizón-Couto 2016). Cette présentation a donc pour but de mieux comprendre comment de telles formes peuvent s’intégrer au sein d’une approche constructionnelle. Elle souhaite également interroger la notion de frontière pour ces différentes catégories de variants. Comment est-il possible de catégoriser des variants aussi divers et hétérogènes ? Pour cela, l’analyse porte sur les données des deux corpus en s’appuyant sur différents critères syntaxiques, morphosyntaxiques et phonétiques : la présence ou l’absence de négation, la présence et le choix d’un pronom et, en ce qui concerne les critères phonétiques, il sera question d’examiner les phonèmes qui suivent les formes verbales étudiées. Les résultats de l’étude interrogent le statut de ces variants, et alimentent une discussion autour des frontières entre les concepts de variation et de réduction (Lorenz 2013). BE going to et gonna sont des formes verbales qui ne sont pas clairement catégorisées par les linguistes dans les articles de recherches ou dans les grammaires traditionnelles, et leurs variants le sont encore moins. Ils sont tantôt définis comme étant des « modaux », tantôt considérés comme étant sur le spectre de l’« auxiliarité » (Hopper and Traugott 2003), sans jamais clairement appartenir à l’une ou l’autre des catégories (“quasi-modal” Collins 2009, “semi-auxiliary” Quirk et al. 1985). Cette recherche amène donc à questionner les frontières de ces catégories, puisque certaines formes que nous trouvons dans les corpus semblent être à mi-chemin entre différentes catégories. Certains linguistes ont à ce propos créé une catégorie en soi pour des formes telles que gonna, wanna, gotta en utilisant les concepts d’« emergent » modals (Machová 2015) ou “miniconstruction[s]” (Boas 2004), interrogeant alors leur indépendance vis-à-vis de la forme mère, non-réduite, qui serait BE going to.
Biographie
Leela Azorin est actuellement en 3ème année de thèse, en co-direction avec Laure Lansari (UPJV, CORPUS), et Sophie Herment (AMU, LPL). Après un master 2 de linguistique anglaise à l’Ecole Normale Supérieure Paris-Saclay et l’Université Paris-Cité, elle a débuté en septembre 2021 une thèse en sciences du langage au Laboratoire Parole et Langage (Aix-Marseille Université), intitulée : « De BE going to à gonna : étude comparée entre un corpus web et un corpus oral ». (Parmi ses domaines d’intérêt, on peut mentionner: théories de la Construction Grammaire et grammaticalisation, variations linguistiques (morpho-syntaxiques et sémantico-pragmatique) et sociolinguistique. )
Carmelo Alessandro Basile
Université Sorbonne Nouvelle Paris 3
alessandro_basile@outlook.it
Bordering modalities: a comparative analysis of BETTER in World Englishes
With a few notable exceptions (e.g. Mitchell 2003; Denison and Court 2010; van der Auwera and de Wit 2010; van der Auwera et al. 2014; van Linden 2015), there has been limited research on comparative modal constructions such as (had) better. Denison and Court (2010) offer a diachronic study on BETTER to explain the emergence of the present-day deontic functions of necessity – associated with advisability or threat – more often expressed with 1st and 2nd person subjects, as in (1).
(1) You had better repay the debt within six months.
(Denison and Court 2010: 367)
The same authors also claim that the latest step in the grammaticalization cline of BETTER is with inanimate or dummy subjects, as in (2), where the modality expressed is “simultaneously” deontic (i.e. directive) and epistemic (i.e. speculative).
(2) We’ve come a long way and spent a lot of money. It had better be good (Denison and Court 2010: 356)
While van der Auwera et al. (2014) and van Linden (2015) have investigated the productivity of the BETTER construction in both British and US English, to present knowledge, no large-scale comparisons on the use of BETTER in other dialects have been carried out. The present paper aims to study the synchronic use of BETTER in some postcolonial dialects of English (i.e. Singapore, Hong Kong, Indian, and Philippines Englishes) compared to British and US Englishes, using GloWbE and ICE corpora.
Data reveal that BETTER is more grammaticalized in US English than in British English, but less than in Singapore English (SgE) data, where the construction seems to be more grammaticalized than in the other dialects. While BETTER appears 0.47 and 1.51 times per 1 million words with inanimate subjects and with direct not-negation – as in you better not go – respectively, in US English their use corresponds to 0.39 and 1.17. A grammaticalization index is then proposed to measure BETTER geographically.
The hypothesis of a functional need in SgE for deontic BETTER will be tested. Building on Basile (2023), it will be shown why SgE “needs” alternative deontic constructions in a modal system where (semi-)modals of necessity (i.e. must, have (got) to, and need to) have been shown to express higher rates of “dynamic” modality (cf. Palmer 1990; Gisborne 2007; Basile 2023) than in other dialects. Finally, it will be argued to what extent examples like (2) actually convey epistemic functions.
Biographie
Ayant achevé sa thèse intitulée « La modalité en contact : le cas de la nécessité et de l’obligation dans les New Englishes » à Université Paris Cité en novembre dernier, Carmelo Alessandro BASILE est actuellement ATER en linguistique anglaise à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3. Ses intérêts de recherche incluent la modalité, l’analyse de corpus, les théories de la grammaticalisation de contact, les dialectes postcoloniaux de l’anglais et, plus spécifiquement, l’anglais de Singapour. En 2023, Il a publié un article dans la revue English World-Wide (John Benjamins Publishing Company) intitulé « Necessity modal development in Singapore English: An investigation of substratist and contact-grammaticalisation approaches. »
Florine Berthe
Université de Pau et des pays de l’Adour
florine.berthe@univ-pau.fr
La structure the-N-is en anglais oral : frontières intonatives, déplacement et impact sur le fonctionnement discursif
Cette communication sera à l’interface entre syntaxe, discours et prosodie et traitera du fonctionnement de la structure the-N-is et de ses variantes lexico-grammaticales (the thing is, the idea is, the funny thing is etc…) en anglais oral. A partir d’un corpus d’anglais oral britannique, il s’agira de questionner l’appartenance catégorielle de ces structures à travers l’étude de leurs réalisations prosodiques. Une attention particulière sera portée au découpage en unités intonatives et plus particulièrement à la position des frontières intonatives et à l’impact de leur déplacement sur le fonctionnement de ces structures en contexte.
Différentes appartenances catégorielles sont revendiquées pour ces structures. En raison de leur organisation en deux temps reliés par une forme de la copule be, celles-ci sont parfois associées aux structures spécificationnelles (Delahunty, 2012), au même titre que les pseudo-clivées. L’enjeu de ces structures en contexte serait alors d’identifier, ou plus précisément de spécifier, le référent d’un nom faiblement référentiel thing, idea, etc. Cette analyse est toutefois remise en cause (Keizer, 2013), notamment en ce qui concerne les formes les plus fréquentes de cette structure, parfois qualifiées de formes semi-figées (Aijmer, 2007).
L’étude des 569 occurrences du corpus et du contexte dans lequel elles s’inscrivent montre que 46 occurrences présentent des paramètres co-textuels qui indiquent qu’elles conservent sans l’ombre d’un doute une fonction spécificationnelle. Au contraire, 28 présentent des paramètres co-textuels qui signalent qu’elles ne permettent plus la spécification d’un référent. Ainsi, pour une majorité des occurrences du corpus, une ambiguïté subsiste et le co-texte à lui seul ne permet pas de lever cette ambiguïté. L’enjeu de ce travail est donc de voir dans quelle mesure la prosodie est discriminante.
L’étude prosodique des occurrences non-ambiguës sous Prat (Boersma et Weenink, 2001) laisse apparaître des régularités en termes de découpage en unités intonatives et de position des frontières intonatives. Les variantes présentant un fonctionnement spécificationnel se réalisent en une unité intonative ou en deux unités intonatives avec une frontière avant la copule be. Par opposition, les variantes pour lesquelles la spécification n’est plus un enjeu se réalisent en deux unités intonatives avec une frontière, cette fois-ci, après la copule be. L’étude de l’ensemble des occurrences du corpus à l’aune de ces réalisations prosodiques montre que la prosodie peut être utilisée pour favoriser une lecture spécificationnelle ou au contraire pour reléguer la spécification en arrière-plan au profit d’autres fonctions discursives. La place des frontières intonatives joue ainsi un rôle central dans le fonctionnement de ces structures et leur déplacement participe à la construction du sens et contribue à leur fonctionnement discursif.
Biographie
Florine Berthe est maîtresse de conférences en linguistique à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. Ses travaux se situent à l’interface de la syntaxe, de la prosodie et de la pragmatique et traitent de marqueurs de l’oral. Elle s’intéresse en particulier aux structures du type the-N-is (the thing is), aux pseudo-clivées ainsi qu’aux marqueurs discursifs.
Bibliographie
Aijmer, Karin. « The Interface between Discourse and Grammar: The Fact Is That ». Pragmatics & Beyond New Series, édité par Agnès Celle et Ruth Huart, vol. 161, John Benjamins Publishing Company, 2007, p. 31‑46.
Boersma, Paul, et David Weenink. « PRAAT, a system for doing phonetics by computer ». Glot international, vol. 5, 2001, p. 341‑45.
Delahunty, Gerald. « An Analysis of The Thing Is That Sentences ». Pragmatics, vol. 22, no 1, 2012, p. 41‑78.
Keizer, Evelien. « The X Is (Is) Construction ». Casebook in Functional Discourse Grammar, édité par J. Lachlan Mackenzie et Hella Obertz, John Benjamins Publishing Company, 2013, p. 213‑48.
Anne-Laure Besnard & Manon Philippe
Université Rennes 2
anne-laure.besnard@univ-rennes2.fr / manon.philippe@univ-rennes2.fr
“Are we up to the task?” Entre figement et polysémie : frontières syntaxiques et sémantiques de UP TO
“Are we up to the task—are we equal to the challenge? Are we willing to match the Russian sacrifice of the present for the future—or must we sacrifice our future in order to enjoy the present?” (JFK, ‘New Frontier’ Speech, 1960)
On s’intéressera aux emplois de UP TO comparables à celui proposé dans la citation de J. F. Kennedy, où il fait écho aux expressions “equal to” et “willing to”, sans pour autant voir son sémantisme réduit à ces deux significations d’aptitude et de volonté.
L’emploi illustré ci-dessus peut en effet être mis en relation avec d’autres emplois relativement opaques de UP TO, tous issus d’après l’OED d’un UP positionnel s’opposant à un UP dynamique signifiant un mouvement dans l’espace. Nous nous concentrerons en particulier sur les sens suivants regroupés sous une entrée par l’OED (UP2, “up to”, hors sens dialectaux) :
- 19.a i) Able to, fit or qualified for; capable of; ii) Well aware of and prepared for; iii)
expert of or well-versed in ; iv) ready for: “Are we up to the task?” (JFK) - 19.b i) Equal in quality or quantity to; on a level with; ii) not up to much, of no great ability, importance, or worth: “I guarantee you the wiring in this house is not up to code, man.” (COCA:MOV, 2012)
- 19.c Engaged in or bent on (some activity, esp. of a reprehensible nature): “My cousin’s eyebrow showed me he was up to no good.” (COCA:FIC, 2018)
- 19.d Obligatory or incumbent upon: “But if you send a text it is up to you to make sure it can be confidentially received.” (COCA:ACAD, 2012)
Le but de cette communication est d’éclairer le fonctionnement de ce UP TO, tant d’un point de vue sémantique que syntaxique, à partir d’une étude de corpus (COCA).
En sémantique, quelle relation entre tous ces sens et la préposition / l’adverbe UP, initialement en lien avec la spatialité ? Peut-on trouver un invariant de UP TO, et des effets de sens qui seraient dépendants du co-texte proche, comme la détermination du complément : up to the task → défini / sens “capacité” ; up to something → indéfini / sens “intention” (cette tendance peut-elle être généralisée ?). On s’interrogera aussi sur la pertinence de tels emplois de UP TO, là où des expressions au sens équivalent en surface (be ready/able to, equal/even with, occupied with etc.) sont déjà disponibles. L’abstraction liée à UP permet-elle plus d’emplois qu’avec les adjectifs? Ou bien la différence est-elle à chercher dans les contraintes syntaxiques liées aux compléments acceptés, par exemple ?
En syntaxe, justement, l’étiquetage de UP mais aussi de UP TO ne fait pas consensus dans les dictionnaires, y compris au sein d’un même ouvrage : UP adverb + TO preposition (OED) ; UP TO preposition (Collins) ; UP TO X phrase (COBUILD) ; UP TO SOMETHING idiom dans UP adverb (Oxford Learner’s) ; UP TO preposition et UP TO phrase (Merriam-Webster) ; UP TO dans UP adjective (Britannica) ; UP TO preposition, UP TO (DOING SOMETHING) idiom et UP TO adverb (Cambridge dictionary). Ainsi on tentera de déterminer si cette collocation forte entre UP et TO est à traiter en PREP/ADV/ADJ + SP complément, ou s’il s’avère plus pertinent d’envisager le figement progressif de l’expression menant à l’apparition d’une préposition complexe UP TO.
Il s’agira donc de s’interroger sur les frontières entre les catégories syntaxiques et sémantiques de UP (TO) ainsi que sur le partage des rôles entre UP et TO dans la co-construction du sens de UP TO, en comparant notamment avec d’autres formes en UP, telles que UP FOR, UP WITH, ou des formes en DOWN (DOWN TO, DOWN FOR).
Références citées
Davies, Mark. The Corpus of Contemporary American English. 2008. [Consulté le 1er décembre 2023] Disponible à www.english-corpora.org/coca/.
Kennedy, John F. “New Frontier”. de l’investiture à la Convention du Parti démocrate, le 15 juillet 1960. Consulté le 1er décembre 2023] Disponible à https://www.jfklibrary.org/learn/about-jfk/historic-speeches/acceptance-of-democratic-nominati on-for-president
Cambridge Dictionary, s.v. “up to, prep.”. Cambridge University Press & Assessment 2023. [Consulté le 1er décembre 2023] Disponible à https://dictionary.cambridge.org/dictionary/english/up-to.
COBUILD, “up to, phrase”, Collins 2023. [Consulté le 1er décembre 2023] Disponible à https://www.collinsdictionary.com/dictionary/english/up-to.
Collins Dictionary, “up to, prep.”, Collins 2023. [Consulté le 1er décembre 2023] Disponible à https://www.collinsdictionary.com/dictionary/english/up-to
Merriam-Webster.com Dictionary, “up to, prep.”, Merriam-Webster, Inc. 2023. [Consulté le 1er décembre 2023] Disponible à https://www.merriam-webster.com/dictionary/up%20to.
Oxford English Dictionary, “‘up to –’ in up, adv.², sense III.19.a-ei”. Oxford University Press. 2023. [Consulté le 1e décembre 2023] <https://doi.org/10.1093/OED/5571333891>.
Oxford Learner’s Dictionary, “up, adv.”, Oxford University Press 2023. [Consulté le 1er décembre 2023] Disponible à https://www.oxfordlearnersdictionaries.com/definition/english/up_1#up_idmg_9.
The Britannica Dictionary, “up, adj.”. Encyclopædia Britannica. 2023. [Consulté le 1er décembre 2023] Disponible à https://www.britannica.com/dictionary/up.
Biographies
Anne-Laure Besnard est maîtresse de conférences en linguistique anglaise à l’Université Rennes 2 au sein de l’équipe de recherche ACE (Anglophonie : communautés, écritures). Elle s’intéresse en particulier aux expressions périphrastiques de modalité et d’évidentialité en anglais contemporain dans une perspective énonciative.
Manon Philippe est maîtresse de conférences en linguistique anglaise à l’Université Rennes 2 au sein de l’équipe de recherche ACE (Anglophonie : communautés, écritures). Ses réflexions portent sur les unités relevant du domaine nominal, en particulier les nominaux propres et unités nominalisées, dans une perspective génétique.
Charles Brasart
Nantes Université
charles.brasart@univ-nantes.fr
Les motivations de l’alternance codique : à la frontière entre thème et rhème ?
Cette communication propose d’étudier les motivations qui sous-tendent l’alternance codique, que nous définirons comme l’usage fluide de deux langues ou plus au cours de la même conversation par un ou plusieurs locuteurs bilingues[1]. Les perspectives socioculturelles mettent l’accent sur l’alternance en tant qu’outil de construction de l’identité sociale et personnelle[2] ; dans cette optique, les motivations sont métadiscursives plutôt que référentielles/sémantiques, et si la notion de culturème, à la rigueur, peut être liée de façon plus directement linguistique au choix de langue, les modèles socioculturels n’expliquent pas de façon plus large pourquoi d’autres éléments font l’objet d’alternance. Les modèles psycholinguistiques, quant à eux, la considèrent comme automatique et déclenchée par la disponibilité d’un lemme dans le lexique, disponibilité qui dépend de plusieurs facteurs, tels que caractère concret ou non du référent, imageabilité[3], longueur du lexème[4], cohésion lexicale[5], ou amorçage[6]. Dans les approches fonctionnelles, l’alternance codique sert à signaler la frontière entre topic et focus[7] et ce sont donc moins la référence ou les lexèmes qui importe que la charnière informationnelle à laquelle se fait le changement de langue. Une autre approche, qui a rencontré moins d’écho, établit un pont entre thème/rhème d’un côté et référence de l’autre. Dans ce modèle, c’est la prédictibilité du contenu d’un énoncé qui influe sur le choix d’alterner, les significations moins prévisibles étant considérées comme favorisant l’alternance en tant que marqueur rhématique. Un contenu informatif/important favorise un encodage distinctif et/ou explicite[8], et Myslín & Levy émettent ainsi l’hypothèse qu’une référence moins prévisible et plus informative sera le locus privilégié d’un changement de langue[9]. Ils vont même plus loin et précisent : « a switch to a speaker’s less frequent and therefore more salient language may alert comprehenders to high information content that must be especially carefully attended to[10]. » Cette communication propose de tenter d’appliquer l’hypothèse de Myslín & Levy à un autre corpus que le leur. Celui-ci a été enregistré auprès de 10 bilingues anglais-allemand[11], et contient environ douze heures d’enregistrement, représentant 95 000 mots et 1 487 occurrences d’alternance codique. Myslín & Levy recensent 601 changements de langue du tchèque vers l’anglais dans leur corpus, 24 de l’anglais vers le tchèque, et 112 qu’ils qualifient de « multiple switches ». Sur les deux premières catégories, 81,12% sont caractérisées par un unique mot en position finale. Or les changements se font de façon moins unidirectionnelle dans notre corpus anglais-allemand et les changements finaux ne concernent que 10,22% des occurrences. Ceci n’invalide pas l’hypothèse de Myslín & Levy, mais contraint à la replacer dans un cadre plus large, au sein d’un faisceau de facteurs : nous expliquerons dans quelle mesure l’analyse de notre corpus montre que cohésion lexicale, imageabilité et caractère concret des référents semblent être de meilleurs prédicteurs de l’alternance. En explorant la reproductibilité du modèle de Myslin & Levy sur un corpus différent, cette recherche contribue à une meilleure compréhension des facteurs influençant le changement de langue chez les locuteurs bilingues, et montre que si ces derniers n’hésitent pas à franchir les frontières linguistiques à des fins discursives et sémantiques, les frontières entre groupes, elles, semblent moins poreuses, continuant à contrarier la recherche de reproductibilité et d’universaux.
Bibliographie
Altarriba Jeanette, Bauer Lisa M. et Benvenuto Claudia, « Concreteness, context availability, and imageability ratings and word associations for abstract, concrete, and emotion words », Behavior Research Methods, Instruments, & Computers, no 4, vol. 31, 1999, p. 578‑602
Angermeyer Philipp Sebastian, « Lexical cohesion in multilingual conversation », International Journal of Bilingualism, no 4, vol. 6, 2002, p. 361‑393
Brasart Charles, L’Alternance codique : structurer le sens en conversation bilingue, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2024.
Clyne Michael, « Constraints on code switching: How universal are they? », Linguistics, no 25, 1987, p. 739‑764
Eppler Eva, Emigranto: The Syntax of German-English code-switching, Vienne, Braumüller, 2010
Givón Thomas, « Iconicity, isomorphism, and non-arbitrary coding in syntax », in John Haiman (dir.), Typological Studies in Language, Amsterdam, John Benjamins Publishing Company, 1985, p. 187‑220
Gumperz John, Discourse strategies, Cambridge, Cambridge University Press, 1982
Myers-Scotton Carol, Dueling languages: Grammatical Structure in Code Switching, Oxford, Clarendon Press, 1993
Myslín Mark et Levy Roger, « Code-Switching and Predictability of Meaning in Discourse », Language, no 4, vol. 91, 2015, p. 871‑905
Romaine Suzanne, Bilingualism, 2e éd., Oxford, Blackwell Publishing, 1995
Zentella Ana Celia, Growing Up Bilingual, New York, Blackwell Publishing, 1997
Biographie
Charles Brasart est Maître de Conférences en linguistique anglaise à Nantes Université. Ses travaux portent sur l’alternance codique ainsi que la place du multilinguisme dans les espaces réputé monolingues.
Marc-Philippe Brunet
Université Mont-Blanc Savoie
mpbrunet77@yahoo.fr
Social space and linguistic boundaries: Language variation in Middle Tennessee
This study investigates the interactions between a particular locale’s unique socio- geographical position on one hand, and language use. Our survey location, Murfreesboro, is a liminal space on several dimensions. Not only does the city lie on the edge of an isogloss where monophthongization is common, but the city has also witnessed exceptional rates of urban development since the last fifty years, to the point that it has now become an educated enclave (by regional and national standards). This growth, propelled by a variety of socio-economic factors, has led to a prominent local opposition between (a) rural and urban residents, and (b) educated and less educated residents. This study seeks to explore the extent to which this is reflected in local language use. Our study is conducted within the theoretical and methodological frameworks of the PAC Programme (Phonologie de l’Anglais Contemporain: usages, variétés, structure) and the LVTI project (Langue, Ville, Travail, Identité) (Durand et al., 2012; Przewozny et al., 2020). Research is based on the analysis of authentic spoken data and sociolinguistic metadata obtained from recent fieldwork, and focuses on the monophthongization of /aɪ/ — an especially salient phenomenon of contemporary Southern American phonology (Fridland, 2012; Tillery and Bailey, 2004) — in pre-voiced/word-final environments (e.g., ride, rye). In particular, we rely on the LVTI sociolinguistic questionnaire, so as to reveal local emic categories – that is to say the “locally- embedded dividing lines” (Girard, 2011) that structure the social space of the members of a community. Results suggest that these symbolic boundaries, as well as the socio-economic lines of segmentation of the locale, deeply constrain language use. In particular, we report overlapping forms of intra- and inter-class distinctions regarding production of /aɪ/, which reflect the social changes that the survey location is undergoing.
Bibliographie
Durand, J., & Przewozny, A. (2012). La phonologie de l’anglais contemporain: Usages, variétés et structures. Revue Française de Linguistique Appliquée, XVII–1(1), 25–37.
Girard, V. (2011). Quelles catégories de classement pour l’analyse localisée de la représentation politique? Terrains travaux, 19(2), 99–119.
Fridland, V. (2012). Rebel vowels: How vowel shift patterns are reshaping speech in the modern South.
Language and Linguistics Compass, 6/3, 183–192.
Przewozny, A., Navarro, S., & Viollain, C. (2020). The corpus phonology of English: Multifocal analyses of variation. Edinburgh University Press.
Tillery, J., & Bailey, G. (2004). The urban South: Phonology. In E. W. Schneider, K. Burridge, B. Kortmann, R. Mesthrie, & C. Upton (Eds.), A handbook of varieties of English. Vol 1: Phonology (pp. 325–337). Mouton de Gruyter.
Biographie
Marc-Philippe Brunet est PRAG d’anglais à l’Université Savoie Mont-Blanc. Ses travaux portent sur la phonologie anglaise et sur la linguistique de corpus. Il s’intéresse aux différentes interactions entre phénomènes phonétiques et variables sociales, et étudie particulièrement l’insécurité linguistique, l’indexicalité, ainsi que les attitudes sociolinguistiques des locuteurs. Il a récemment soutenu une thèse qui porte sur la variation sociolinguistique et sur la signification sociale de l’anglais parlé aux sud des Etats-Unis.
Maëline Buge
Sorbonne Université
maeline.buge@gmail.com
Le statut du verbe dare dans les constructions mixtes en anglais contemporain : un bref état de l’art.
La brève aura pour objectif de dresser un compte rendu de l’état de l’art des constructions mixtes dans lesquelles apparaît le verbe dare en anglais contemporain. Dans ces constructions, que l’on pourrait qualifier d’hybrides, dare présente simultanément des caractéristiques de verbe lexical et d’auxiliaire de modalité.
Il s’agira d’abord de définir ce qu’est une construction mixte (ou du moins de donner un aperçu des différentes définitions existantes). Je me concentrerai ensuite sur les formes sous lesquelles le verbe dare apparaît dans ces constructions et sur son statut au sein de celles-ci. Enfin, j’émettrai quelques hypothèses concernant l’existence même de ces constructions et tâcherai de répondre à quelques questions les concernant (comment et pourquoi sont-elles formées ? Que disent-elles de l’évolution de dare ? Ce verbe a-t-il un sens différent lorsqu’il y est employé ? Ces emplois de dare étant nombreux en anglais contemporain, combien d’occurrences sélectionner pour les périodes les plus récentes, de 1920 à 2020 environ ?)
Biographie
Maëline Buge est doctorante contractuelle en linguistique anglaise, en deuxième année de thèse à Sorbonne Université. Elle travaille sur les verbes need et dare du vieil anglais à l’anglais contemporain, sous la direction d’Elise Mignot et de Grégory Furmaniak. Ses recherches portent principalement sur la façon dont ces verbes ont évolué depuis le vieil anglais et sur le lien potentiel entre leur évolution et leur comportement marginal en anglais contemporain.
Juliette Cahard
Sorbonne Université
julietteccahard@gmail.com
La notion de ‘tête’ dans les syntagmes verbaux et nominaux dans la description de l’anglais
L’objectif de ma brève sera dans un premier temps de présenter mon sujet et puis d’aborder un point d’état de l’art. J’aimerais plus particulièrement discuter de la pertinence de la notion de tête en considérant éventuellement les propos de certains linguistes tel que Hawkins (1993) ou Zwicky (1985) qui remettent en question l’utilité de cette notion.
Biographie
Juliette Cahard est doctorante sous contrat à la faculté de Lettres de Sorbonne Université. Ses travaux de recherche portent sur la notion de tête dans les syntagmes verbaux et nominaux dans la description de l’anglais. Elle est en 1ère année de thèse de doctorat sous la direction d’Elise Mignot.
Léo Clerc
Université Jean Monnet de Saint-Etienne
leo.clerc@univ-st-etienne.fr
Enseignement-apprentissage de la prosodie en anglais langue additionnelle : analyse du phénomène de déplacement des frontières intonatives dans un corpus phonologique d’apprenants
La recherche a démontré que, chez les nourrissons, la prosodie constitue la « toute première acquisition langagière » (Hilton 2022, 113). Même les fœtus perçoivent très vite les schémas intonatifs de leur langue première ainsi que leurs implications au cours de leur développement (Mehler et Dupoux 1990; Di Cristo 2002). Une fois acquises, ces « routines prosodiques et phonotactiques » (Hilton 2022, 113) de la langue première ont une grande influence sur les compétences des locuteurs en langue additionnelle. Pourtant, l’enseignement-apprentissage de la prosodie en langue additionnelle a pendant longtemps été relégué au second plan. En effet, la part belle a souvent été donnée à l’étude des phénomènes segmentaux, « rythme et intonation étant passés sous silence » (Diana 2010, 11‑12). Il apparait d’ailleurs que dans les grilles d’évaluation du cadre commun de référence pour les langues (CECRL), ces phénomènes ne sont traités qu’à partir du niveau B2, et leur absence dans les seuils de compétences inférieurs souligne le fait qu’il ne serait pas pertinent d’aborder la prosodie, le rythme, l’accentuation et l’intonation à des niveaux plus rudimentaires de maîtrise d’une langue additionnelle. Cependant, Yates et Zielinski (2019) insistent sur le rôle de l’intonation dans l’intelligibilité des locuteurs, que ce soit en anglais langue première ou langue additionnelle.
En didactique des langues orales (Granger 2003; Hawkins et Buttery 2009), de plus en plus de corpus phonologiques s’intéressent tout particulièrement à ces phénomènes suprasegmentaux (Tortel 2008; Gut 2010; Delais-Roussarie et Yoo 2011; Herment et al. 2014). Parmi eux, de nombreux corpus sont composés de productions orales d’apprenants. Dans le cadre de mon exposé, je présenterai le corpus phonologique d’apprenants PAC-UJM (Université Jean Monnet – Saint-Étienne) et proposerai d’explorer les phénomènes de déplacement des frontières intonatives chez des étudiants francophones au cours d’une tâche de lecture de phrases. J’évaluerai de quelles manières l’influence du système intonatif français, souvent défini comme une « langue à frontières par excellence » (Vaissière 2010), peut amener les apprenants à faire des « transferts prosodiques de sa langue maternelle vers la langue cible » (Herry-Bénit 2012). Par ailleurs, j’analyserai dans quelle mesure ces phénomènes interphonologiques sont susceptibles d’influencer l’intelligibilité en production orale.
Bibliographie
Delais-Roussarie, Elisabeth, et Hi-Yon Yoo. 2011. « Learner corpora and prosody: From the COREIL corpus to principles on data collection and corpus design », Poznan Studies in Contemporary Linguistics, 47: 26‑39.
Di Cristo, Albert. 2002. « De la métrique et du rythme de la parole ordinaire: l’exemple du français », Rythme de la prose, 16: 25‑43. https://doi.org/10.4000/semen.667.
Diana, Alain. 2010. « La phonétique dans l’enseignement de l’anglais aux spécialistes d’autres disciplines : enjeux et priorités », Phonétique, phonologie et enseignement des langues de spécialité, XXIX (3): 10‑21. https://doi.org/10.4000/apliut.577.
Granger, Sylviane. 2003. « The International Corpus of Learner English: A New Resource for Foreign Language Learning and Teaching and Second Language Acquisition Research », TESOL Quarterly, 37 (III): 538‑46.
Gut, Ulrike. 2010. « The LeaP corpus. A phonetically annotated corpus of non-native Speech, Annotation guideline ». http://wwwhomes.uni-bielefeld.de/gibbon/Docs/LeapCorpus_Manual.pdf.
Hawkins, John A., et Paula Buttery. 2009. « Using learner language from corpora to profile levels of proficiency: Insights from the English Profile Programme ». Édité par Lynda Taylor et Cyril J. Weir, Language Testing Matters: Investigating the Wider Social and Educational Impact of Assessment, , 158‑75.
Herment, Sophie, Anne Tortel, Brigitte Bigi, Daniel Hirst, et Anastassia Loukina. 2014. « AixOx, a multi-layered learners corpus: automatic annotation ». Édité par Ana Díaz-Negrillo et Francisco Javier Diaz-Pérez, Specialisation and Variation in Language Corpora, 179 (VIII): 41‑76.
Herry-Bénit, Nadine. 2012. « Analyse d’erreurs prosodiques d’étudiants francophones apprenant l’anglais », Etudes en didactique des langues, 12: 33‑58.
Hilton, Heather. 2022. Enseigner les langues avec l’apport des sciences cognitives. Hachette Education.
Mehler, Jacques, et Emmanuel Dupoux. 1990. Naître humain. Paris: Odile Jacob.
Tortel, Anne. 2008. « ANGLISH : base de données comparatives L1 et L2 de l’anglais lu, répété et parlé », Travaux Interdisciplinaires du Laboratoire Parole et Langage, 27: 111‑22.
Vaissière, Jacqueline. 2010. « Le français, langue à frontières par excellence », Frontières, du linguistique au sémiotique, . https://shs.hal.science/halshs-00682980.
Yates, Linda, et Beth Zielinski. 2019. Give it a go: teaching pronunciation to adults. Sydney: AMEP Research Centre on behalf of the Department of Immigration and Citizenship Macquarie University Sydney NSW 2109.
Biographie
Léo Clerc est PRAG à l’Université Jean Monnet – Saint-Étienne. Ses travaux de recherche portent sur l’enseignement-apprentissage de l’anglais langue additionnelle auprès d’étudiant.e.s francophones. Il s’intéresse plus particulièrement aux critères (inter)phonologiques et de déformation dus à la langue première et qui sont source d’erreur ou d’hésitation à l’échelle de la prosodie et de l’intonation. Il est actuellement inscrit en troisième année de Doctorat à l’Université Jean Monnet – Saint-Étienne sous la direction de Monsieur le Professeur Olivier Glain.
Caroline Crépin
Université Jean Moulin Lyon 3
ca.crepin@gmail.com
Water metaphors across languages: are water metaphors universal or culture-dependent?
A brief overview of mainstream water idioms[12] shows that many equivalents may be found across European languages. A good example is the proverb “Still waters run deep”, which translates as “Méfiez-vous de l’eau qui dort” in French, “Stille Wasser sind tief” in German, “Aguas mansas son profundas” in Spanish, “L’acqua cheta rovina/rompe i ponti” in Italian, and so on.
This suggests that conceptual metaphors using WATER as their source domain trigger the use of water metaphors regardless of a variety of linguistic and cultural specificities. Based on my recent doctoral research, this paper will first provide a short explanation as to why water metaphors are largely universal.
However, our survey also displays anecdotal differences, as well as significant ones, which can be accounted for by geographical and historical factors. Besides, as the former example shows, despite the equivalence in meaning, there may be differences between the aspects of the same metaphor that are being highlighted (Lakoff & Johnson, 1980).
This comparative study of water idioms will therefore be informed by the diachronic data behind linguistic phenomena such as lexicalisation or borrowing from one language to another. It will thus appear that some languages have more water idioms than others, as is the case of English, whose history of maritime expansion and wet weather is reflected in a deluge of water expressions. Conversely, it may be assumed that countries with scarce water ressources will use fewer water analogies or analogies with water scarcity.
Still, according to the principle of predictibility (Kövecses, 2010), while it is impossible to predict whether a certain idiom will exist in other languages, it is to be assumed that the idioms expressed in these languages will go along the same conceptual lines as the ones that have been identified in English, and in a majority of European languages.
In this context, through the study of water metaphors, this paper will be looking at the balance between the universality of conceptual metaphors and the imput of cultural particularisms, although this merger is not an easy one to explore.
Emphasis will also be laid on the difference between expressions falling under the scrutiny of paremiology (Piirainen, 2012), and other idioms which are more deeply entrenched in the structure of those languages, such as nominal phrases built on the model N1[WATER] OF GN2 (a heatwave, eine Hitzewelle, une vague de chaleur, una ola de calor, una ondata di caldo, etc.)
Bibliography
GIBBS, RAYMOND W. Jr. « The Social Nature of Embodied Cognition: A View from the World of Metaphor », in Intellectica. Revue de l’Association pour la Recherche Cognitive, n°56, 2011/2. Linguistique cognitive : une exploration critique. pp. 81-98. DOI : https://doi.org/10.3406/intel.2011.1148
KOVËCSES, ZOLTAN. Metaphor in Culture. New-York : Cambridge University Press, 2005, 2007. KOVËCSES, ZOLTAN. Metaphor: A Practical Introduction. New York: Oxford University Press, 2010.
LAKOFF, GEORGE & JOHNSON, MARK. Metaphors we live by. Chicago: The University of Chicago Press, 1980, 2003.
PIIRAINEN, ELIZABETH. Widespread Idioms in Europe and Beyond, Toward a Lexicon of Common Figurative Units. New-York : Peter Lang Publishing, Inc., 2012.
TURNER, MARK. The Literary Mind. New-York: Oxford University Press, 1996.
Biographie
Caroline Crépin graduated with a PhD in English Linguistics from the University of Nanterre in November 2023. Her doctoral thesis, as well as recent publications, have been devoted to the study of water metaphors in English and in French, with a focus on conceptual metaphors based on WATER as a source domain, and their interpretation in literature and metalanguage.
Romain Delhem
Université Paris Nanterre
rdelhem@parisnanterre.fr
Le déplacement d’adjectif avant l’objet : idiomatisme ou construction libre ?
En anglais, les objets doivent apparaitre strictement après le verbe dans les propositions canoniques (Biber et al. 2002 : 49 ; Huddleston & Pullum 2002 : 247 ; Carter & McCarthy 2006 : 499) et ne peuvent en être séparés que par des incises ou des particules. Il n’est toutefois pas rare de trouver un adjectif entre un verbe et son objet, comme en [1], et ce alors que les objets ne pourraient pas être considérés comme particulièrement lourds (Quirk et al. 1985 : 1395).
[1] | i | I take the package into the kitchen and set it on the counter. I slide open the junk drawer and pull out a pair of scissors. (Jay Asher, Thirteen Reasons Why, 2007) |
ii | […] and, yet, not a one of them can think of any other way for the lion to draw sustenance than by eating alive the lamb […]. (COCA 2012 BLOG) | |
iii | This delayed the siege for some days while attempts were made to make good the loss. (COCA 2010 MAG: Military History) |
Du fait de leur mobilité syntaxique, Huddleston & Pullum (2002 : 280) estiment que ces adjectifs sont des particules, le terme désignant une unité simple ayant la capacité de se placer avant ou après l’objet d’un verbe. Les auteurs affirment néanmoins que les particules adjectivales ne se retrouvent que dans un faible nombre d’idiomes (p. ex. make clear ou cut short, pour citer les auteurs) et non dans des combinaisons libres. Les séquences en [1i] et [1ii], qui sont compositionnelles, semblent toutefois contredire en partie cette hypothèse.
Nous avons donc cherché dans le Corpus of Contemporary American English les différentes combinaisons ‹ verbe + adjectif › dans lesquelles l’adjectif apparaissait avant l’objet du verbe (uniquement introduit par the, pour des raisons de faisabilité), à l’exclusion des objets lourds — selon l’échelle de complexité syntaxique donnée par Lozano & Mendikoetxea (2010) —, soit 214 verbes et 168 adjectifs, pour un total de 4218 occurrences. Nous avons ensuite procédé à une analyse collexématique covariante (voir par exemple Desagulier 2015 pour la construction ‹ adjectif as nom ›) qui permet de mesurer le degré d’attraction entre un verbe et un adjectif au sein de cette construction. Il ressort de ces analyses plusieurs enseignements :
- Le déplacement d’un adjectif avant l’objet n’est souvent permis que par des associations ‹ verbe adjectif › spécifiques (p. ex. seul dead peut être employé dans la séquence ‹ shoot adjectif objet ›, et seul hold peut être employé dans la séquence ‹ verbe accountable objet ›) ; il s’agit souvent, mais pas uniquement, de combinaisons idiomatiques, comme cela est prédit par Huddleston & Pullum ;
- Certains verbes, en particulier make, permettent à l’adjectif auxquels ils sont associés de se comporter comme une particule, ce qui n’est pas le cas lorsqu’ils sont associés à d’autres verbes.
- Inversement, certains adjectifs, comme open, semblent pouvoir se comporter comme des particules avec un grand nombre de verbes, quel que soit le verbe avec lequel ils sont associés.
Il semblerait donc, au vu des cas (ii) et (iii), que la notion de particule adjectivale soit pertinente pour décrire ce phénomène grammatical, mais qu’elle ne s’applique librement qu’avec un nombre limité de verbes généraux (find, hold, keep, leave, make, render) et d’adjectifs monomorphémiques (clean, dry, free, high, loose, open, shut, tight, wide).
Bibliographie
Biber, Douglas & Conrad, Susan & Leech, Geoffrey. 2002. Student grammar of spoken and written English. Harlow : Pearson Education Limited.
Carter, Ronald & McCarthy, Michael. 2006. Cambridge grammar of English: A comprehensive guide. Cambridge : Cambridge University Press.
Desagulier, Guillaume. 2015. Le statut de la fréquence dans les grammaires de constructions : simple comme bonjour ?. Langages 197 (1). 99–128.
Huddleston, Rodney & Pullum, Geoffrey. 2002. The Cambridge grammar of the English language. Cambridge : Cambridge University Press.
Lozano, Cristóbal & Mendikoetxea, Amaya. 2010. Interface conditions on postverbal subjects: A corpus study of L2 English. Bilingualism: Language and Cognition 13 (4). 475–497.
Quirk, Randolph & Greenbaum, Sidney & Leech, Geoffrey & Svartvik, Jan. 1985. A comprehensive grammar of the English language. London: Longman.
Biographie
Romain Delhem est maitre de conférences à l’Université Paris Nanterre et membre du Centre de recherches anglophones (EA 370). Il travaille principalement en syntaxe sur les questions de catégorisation des mots et de complémentation verbale.
Olivier Divin
Université Paris Nanterre
odivin@parisnanterre.fr
Projecting turn-boundaries in stand-up comedy performance : a macro-syntactic approach
Accounting for how speakers project turn boundaries has been the focus of many studies in the fields of Conversation Analysis and Interactional Linguistics. While some suggest syntax occupies a primary role (Sacks et al. 1974, Lerner 1991), others indicate that it is part of a wider constellation where prosody, pragmatic considerations, gesture as well as other embodied resources come into play (Ford et al. 1996, Schmitt 2005, Mondada 2015).
Most scholarly attention to date has centered on contexts of naturally occurring conversation, although more atypical interactions such as stand-up comedy have come under the spotlight, researchers arguing that comedians actively signpost appropriate places for laughter in their performances (McIlvenny et al. 1993, Rutter 2001, Quirk 2015). These works, however, do not go beyond providing a list of rhetorical prompts (e.g. tricolon, puzzle-solution, headline-punchline formats), failing to paint a comprehensive picture of the broader turn-constructional dynamics involved.
Drawing on previous research in Interactional Linguistics and Emergent Grammar (Hopper 2011), the present study suggests that comedians regularly use projecting constructions to signal upcoming points of turn completion after which the audience is expected to take over the floor. It also defend a mixed theoretical approach to turn-unit design by adopting a macro-syntactic perspective based on the Fribourg model of the period (Berrendonner 2012), which reappraises the sentence as the maximal unit for the annotation of spoken corpora.
In a first part, we will discuss the relevance of the Fribourg model’s pragma-syntactic approach to projection. In a second part, we will provide sample analyses from our corpus to illustrate its applicability to stand-up comedy. It will be demonstrated that comedians combine morpho-syntactic, prosodic and gestural resources on a macro level to project recognizable turn-taking junctures. This will then lead us to examine different patterns of audience response in order to assess the extent to which stand-up performance may be interactionally achieved.
Bibliography
BERRENDONNER, A. (2012). Grammaire de la période. Berne, Peter Lang.
FORD, C.E., FOX, B. & THOMPSON, S.A. (1996). Practices in the construction of turns : the « TCU revisited. Pragmatics, 6/3 : 427-454.
HOPPER, P. J. (2011). Emergent grammar and temporality in interactional linguistics. In : Auer, P. & Pfänder, S. (eds) Constructions: Emerging and emergent, Walter de Gruyter : 22- 44.
LERNER, G. H. (1991). On the syntax of sentences-in-progress. Language in society, 20/3 : 441-458. MCILVENNY, P., METTOVAARA, S. & TAPIO, R. (1993). “I really wanna make you laugh”: Stand-up comedy and audience response. In : Suojuanen MK. & Kulkki-Nieminen, A. (eds) Folia, Fennistica & Linguistica: Proceedings of the Annual Finnish Linguistics Symposium, May 1992. Oulu: Tampere University Finnish and General Linguistics Department Publications, 16 : 225-247.
MONDADA, L. (2015). Multimodal completions. In : A. Deppermann, & S. Günthner (eds) Temporality in Interaction. Amsterdam/Philadelphia, John Benjamins : 267–308.
QUIRK, S. (2015). Why Stand-Up Matters: How Comedians Manipulate and Influence. London, Bloomsbury. RUTTER, J. (2001). Rhetoric in stand-up comedy: Exploring performer-audience interaction. Stylistyka, 10: 307-325.
SACKS, H., SCHEGLOFF, E.A. & JEFFERSON, G. (1974). A Simplest Systematics for the Organization of Turn Taking for Conversation. Language, 50/4 : 696-735.
SCHMITT, R. (2005). Zur multimodalen Struktur von turn-taking. Gesprächsforschung, 6 : 17-61.
Biographie :
Olivier Divin est professeur agrégé d’anglais et doctorant en linguistique anglaise.
Il enseigne au collège Paul Vaillant Couturier d’Argenteuil dans l’académie de Versailles et assure des cours de linguistique et de phonologie à l’université Paris Nanterre. Ses recherches portent sur la syntaxe de la langue parlée et l’analyse multimodale de la parole en interaction. Sa thèse, dirigée par Martine Sekali et Camille Debras, s’intéresse à l’articulation des dimensions morphosyntaxiques, prosodiques et gestuelles dans la stand-up comedy, proposant un effet de loupe sur les phénomènes d’orchestration linguistique à l’oral.
Alexandre Etcheheguy
Université de Tours
alexandre.etcheheguy@etu.univ-tours.fr
L’évolution du continuum dialectal de l’anglais entre le Xème et le XIIème siècle : analyse sociolinguistique
Mon objectif serait de décrire les dynamiques de diffusion de certaines caractéristiques linguistiques rattachées à l’influence scandinave au sein du territoire d’Angleterre entre les Xe et XIIe siècles. En m’appuyant sur le cadre théorique de l’écologie du langage, la manière dont ont émergé ces innovations me permettront de mettre en lumière les situations de contact ayant eu cours sur le territoire à cette période et ainsi de mieux caractériser la situation sociolinguistique qui y régnait. Je souhaiterais traiter des données sur lesquelles je m’appuie, des sources desquelles je les tire, de la méthodologie ainsi que des outils que j’emploie pour les traiter. Je devrais être en mesure de présenter une analyse préliminaire de mes résultats.
Biographie
Alexandre Etcheheguy a suivi un cursus d’angliciste à Tours avant de bifurquer en sciences du langage au cours de deux échanges effectués à l’étranger, d’abord à la National University of Ireland à Galway puis à l’université de Queen Mary à Londres. Son master de linguistique s’est achevé avec la rédaction de son mémoire, qui portait sur l’hypothèse dite du Moyen anglais créole, et qui lui a permis de se spécialiser sur les questions de sociolinguistique historique de l’anglais médiéval ainsi que sur les phénomènes de contact linguistiques. Ces questions sont encore aujourd’hui au cœur du travail de réflexion qu’il mène dans le cadre de sa thèse, et se mêlent à l’étude comparée de corpus issus de la période du vieil- et du moyen-anglais.
Mélanie Gantier
Sorbonne Université
mel.gantier@gmail.com
Les subordonnées relatives libres et les propositions circonstancielles en WHEN(-EVER) et WHERE(-(E)VER) : quelles limites terminologiques ?
L’objectif de la brève sera de proposer un compte rendu de l’état de l’art sur la terminologie des subordonnées relatives libres et des subordonnées circonstancielles. Il s’agira de définir d’une part ce qu’est une subordonnée relative libre, notamment en WHEN(-EVER) et WHERE(-(E)VER), et d’autre part ce qu’est une subordonnée circonstancielle en WHEN(-EVER) et WHERE(-(E)VER). Pour cela, je dresserai un compte rendu des différentes terminologies issues de la grammaire traditionnelle. Puis, je m’intéresserai à des occurrences de propositions qui peuvent éventuellement questionner cette catégorisation duale mais aussi l’utilisation du terme de « subordonnée relative libre ». J’émettrai également des hypothèses : une proposition relative avec ou sans antécédent peut-elle occuper une fonction adverbiale de circonstant ? Est-il possible d’envisager l’existence d’un continuum entre propositions relatives libres et propositions circonstancielles en WHEN(-EVER) et WHERE(-(E)VER) ?
Biographie
Mélanie Gantier est doctorante contractuelle en linguistique anglaise, en première année de thèse à Sorbonne Université. Elle travaille sur les subordonnées relatives libres et les subordonnées circonstancielles en WHEN(-EVER) et WHERE(-(E)VER) en anglais contemporain, sous la direction de Christelle Lacassain. Ses recherchent portent principalement sur la classification de ces formes en WHERE(EVER) et WHEN(EVER), et sur l’existence potentielle d’un continuum entre elles.
Florian Gourbeyre
Université Jean Monnet de Saint-Etienne
florian.gourbeyre@gmail.com
Représentativité des symboles de l’anglais standard britannique et évolution de l’accent : une perspective sociophonétique
Cette brève propose une discussion d’un segment d’état de l’art sur la représentativité des symboles de l’anglais standard britannique et l’évolution de ce même standard. Une rapide présentation de l’étude empirique envisagée sur le plan sociophonétique sera également proposée.
Biographie
J’ai obtenu le CAPES externe d’Anglais en 2008 à l’Université Stendhal, Grenoble III (devenue l’UGA en 2015) avant d’enseigner dans le secondaire en tant que stagiaire, TZR, puis titulaire sur poste fixe pendant plus d’une dizaine d’années. J’ai ensuite passé l’Agrégation interne et externe d’Anglais en 2021 avant de m’inscrire en Doctorat à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne sous la direction d’Olivier GLAIN. J’ai toujours été passionné par le domaine de la linguistique : mon M1, sous la direction de Mohamed BENRABAH, portait sur la glottalisation à Reading, en Angleterre, où j’ai été étudiant ERASMUS en 2006-2007. Je suis aujourd’hui ATER à l’Université de Besançon où j’enseigne la phonétique, la phonologie et la grammaire en LLCER Anglais.
Aurélie Héois
Université Jean Moulin Lyon 3
aurelie.heois@univ-lyon3.fr
The influence of nominal etymology on the morphology of English denominal verbs
VdenomEN is a database which gathers 5,933 modern English denominal verbs (from 1800 onwards) extracted from two lexicographic databases: the Oxford English Dictionary online [OED 2022] and Green’s Dictionary of Slang [Green 2020]. The database was built as part of an on-going project whose aim is to model the behavior of denominal verbs according to their nominal base (see Héois [2022] for further information).
Many variables are coded for each denominal verb so that a quantitative analysis can be carried out on the data in order to build predictive models. These analyses are still underway, but their outcome should ideally be to put forward the most relevant variables that can explain the form and meaning of a denominal verb. These variables can be divided into three categories: the input (nominal variables describing the base-noun); the process (variables describing some of the processes involved in the derivation); and the output (verbal variables describing the output).
This communication proposes to question Dixon’s claim [2008] that the origin or etymology of the base-noun has an impact on the morphology of the derived verb. To do so, I will be using input variables concerning the etymology of the base-noun and output variables describing the morphology of the verb. Dixon distinguishes between Germanic and Romance loans: in case the output bears the same type of meaning, Dixon [2008: 47] claims that Germanic loans are derived as converted verbs while Romance loans usually undergo ize-suffixation.
To investigate the influence of nominal etymology on the verbal output in VdenomEN, I randomly select a sample of the dataset (600 verbs). I then filter verbs whose base-noun is either a borrowing or an English noun, resulting in a sample of 546 verbs which excludes verbs based on proper names or on unknown etymology. Two sub-samples are therefore created according to the origin of the base-noun: borrowings (B), and endogenous nouns (EN), respectively accounting for 40% and 60% of the total sample. I then compare the two sets and observe whether the etymological variable significantly influences the morphology of the verb.
A preliminary observation of the VdenomEN data shows that conversion remains the main derivation process whether the verb is based on a borrowed or on an English noun. Suffixation appears however to be overrepresented in the borrowed data (19%) compared to the total sample (12%). Finally, Dixon [2008] does not take backformation into account in his study while it accounts for 15% of the sample. As a consequence, the aim of this communication is to determine, using statistical tests, whether a significant correlation exists between the origin of the base-noun and the morphology of the verb, no matter what process is involved, and quantify, if possible, whether and how other variables play a role in the determination of the morphological output. Indeed, according to Dixon [2008: 51], “the principles for deriving verbs from common nouns […] depend on a combination of etymology, semantics and phonological form”.
Bibliography
Dixon R. M. W., 2008, “Deriving verbs in English”, Language Sciences, 30(1), 31-52.
Green Jonathon, 2020, Green’s Dictionary of Slang – Digital Edition, available at: https://greensdictofslang.com/.
Héois Aurélie, 2022, “What can Verbal Derivation Tell us about Proper Names?”, Lexis: Journal in English Lexicology, 20.
Levin Beth & Rappaport Hovav Malka, 2005, Argument realization, Cambridge: Cambridge University Press.
[OED] Oxford University Press (Ed.), 2022, Oxford English Dictionary [online], available on subscription at: www.oed.com.
Plag Ingo, 1999, Morphological productivity: Structural constraints in English derivation, Berlin: Mouton de Gruyter.
Plag Ingo, 2004, “Syntactic category Information and the semantics of derivational morphological rules”, Folia Linguistica, 38(3‑4), 193‑226.
Wierzbicka Anna, 1995, “Universal Semantic Primitives as a Basis for Lexical Semantics”, Folia Linguistica, XXIX(1‑2), 149-169.
Biographie
Aurélie Héois est doctorante en linguistique à l’Université Jean Moulin Lyon 3, rattachée au Centre d’Études Linguistiques – Corpus, Discours et Sociétés. Elle réalise sa thèse, intitulée Construction et sens des verbes dénominaux en anglais et en français, sous la co-direction de Denis Jamet (Université Jean Moulin Lyon 3) et Éric Corre (Université Sorbonne Nouvelle).
Laetitia Léonarduzzi
Aix Marseille Université
laetitia.leonarduzzi@amu.fr
The limits between pseudo-clefts and non-clefts
This talk investigates the borderline between pseudo-clefts and non-clefts by examining canonical WH-clefts (what I need is information), but also reverse WH-clefts (especially THAT-clefts) (information is what I need / That’s what I need) as well as headed relative clefts, whether reversed or not (the thing I need is information / information is the thing that I need). These constructions will be opposed to the corresponding non-clefts from a pragmatic, semantic, syntactic and prosodic point of view. Indeed, not all sentences containing BE and a WH (free) relative clause as subject or subject complement are pseudo-clefts, and an example such as “What we are concerned about is what the concerns were back in 1929” is ambiguous out of context. We will try to show that, among all the criteria used to characterize clefts in the literature, the ones most apt to distinguish between clefts and non-clefts are the absence of referentiality of the WH- phrase as well as the notion of instantiation of a variable (Lambrecht 2001). For instance, the That’s WH- construction, even though it displays many specific features that might put into question its status as a cleft (for instance the possibility of sluicing or its uses in discourse), can still be analysed as a cleft under these criteria. Conversely, the opposition between identifying and predicational BE to distinguish between clefts and non-clefts is not sufficient and has to be refined. In terms of frequency, our results tend to show that clauses containing a free relative are mainly interpreted as clefts, whether the WH-clause appears sentence-initially or finally, whereas with an overt antecedent, if the relative clause appears at the end of the sentence, the presupposition has to be stronger for the sentence to be interpreted as a cleft. The study is based on a corpus of 278 occurrences (among which 171 That-clefts) mainly drawn from ICE-GB (oral component), but also from various other sources.
Bibliography
CALUDE, A., 2009, “Formulaic tendencies of demonstrative clefts in spoken English”, in R. Corrigan, E.A. Moravcsik , H. Quali & K.M. Wheatley (eds.), Formulaic Language: Volume 1. Distribution and Historical Change, Philadelphie, John Benjamins, 55-76.
COLLINS, P., 1991, Cleft and pseudo-cleft constructions in English, London/New York: Routledge.
DELIN, J. & OBERLANDER, J., 1996, “The Function and Interpretation of Reverse Wh-Clefts in Spoken Discourse,” in Language and Speech, 39(2-3) 185-227.
HEDBERG, N. & FADDEN, L., 2007, “The Information Structure of It-clefts, Wh-clefts and Reverse Wh-clets in English,” in N. Hedberg & R. Zacharski (eds.) The Grammar-Pragmatics Interface. Essays in honor of Jeanette K. Gundel, 49-76, Amsterdam/ Philadephia: John Benjamins.
LAMBRECHT, K., 2001, “A framework for the analysis of cleft constructions”, Journal of Linguistics, 39(3): 463-516.
OHLANDER, S., 1985, “That’s when your heartaches begin”, Papers on Language and Literature Presented at Alvar…, Gottenburg Studies in English 60, 281-302.
PRINCE, E., 1978, “A Comparison of Wh-Clefts and it-Clefts in Discourse.” Language 54/4: 883-906.
WEINERT, R. & MILLER J., 1996, “Cleft constructions in spoken language”, Journal of Pragmatics 25/2: 173-206.
Biographie
Laetitia Leonarduzzi est MCF en linguistique anglaise à l’Université d’Aix-Marseille (AMU). Elle est membre du Laboratoire Parole et Langage. Ses sujets de recherche sont essentiellement la syntaxe et l’interface syntaxe/prosodie, la sémantique, le discours et la linguistique de corpus.
Élisa Marcadet
Université de Tours
elisa.marcadet@univ-tours.fr
Le Surtees Psalter (13e et 14e siècles) : édition critique et étude grapho-phonématique
Je souhaiterais présenter une amorce d’analyse de données, plus précisément l’analyse des graphèmes <y> dans mon corpus moyen-anglais, et des phonèmes représentés (consonnes / voyelles / semi-voyelles).
Je commence tout juste mon analyse linguistique puisque les deux premières années de thèse étaient dédiées à la constitution de mon corpus. Mon travail consiste en la reconstruction phonologique théorique du moyen-anglais à partir des graphèmes utilisés par les scribes. Je me concentre plus particulièrement sur les graphèmes <y> et les différentes représentations phonologiques qui lui sont associées dans le but de mettre à jour les potentielles contraintes d’usage.
Biographie
Elisa Marcadet est membre du Laboratoire Ligérien de Linguistique (LLL) ; (UMR 7270, Universités d’Orléans et de Tours, CNRS, Bibliothèque Nationale de France) depuis 2019, Lauréate du Prix Geneviève Nore 2020, Ingénieure d’études dans le projet ANR PsalteRATIO depuis la rentrée 2023, et en troisième année de thèse de doctorat sous la direction de Pr. F Toupin et Dr. I. Sasu. Le Surtees Psalter (13e et 14e siècles) : édition critique et étude grapho-phonématique est une thèse pluridisciplinaire paléographique et linguistique sur le moyen-anglais qui allie des méthodes d’humanités numériques et de recherches grapho-phonématiques pour proposer une édition critique XML-TEI des six versions du Surtees Psalter et une étude linguistique en phonologie historique de l’anglais.
Kimberly Oger
Université de Reims Champagne Ardennes
kimberly.oger@univ-reims.fr
A Study of the Discourse Conditions Licensing British DO
I propose to present the results of an investigation into the discourse conditions which license the use of British DO.
The study takes its origin in Laura Kertz’s (2008, 2010, 2013) work on antecedent mismatches for verb-phrase ellipsis. Kertz puts forth the argument that the information structure of the clause containing the ellipsis has a significant effect on the acceptability of the ellipsis. More specifically, in cases of antecedent mismatch, the acceptability of the ellipsis is greatly improved whenever the auxiliary verb carries contrastive focus. She thus defines two main types of ellipsis, subject-focus (or argument-focus) ellipsis and auxiliary-focus ellipsis. The diagnostics for distinguishing between the two are three-fold : whether the subject of the ellipsis clause is interpreted as contrastive, whether the subject or the auxiliary of the target clause bears a pitch accent and whether the auxiliary of the target clause is redundant.
Based on this hypothesis, Philip Miller’s (2011) empirical study of 122 occurrences of VPE involving auxiliary DO showed that a large majority of such instances involve polarity focus, which can be construed as a sub-type of auxiliary-focus ellipsis.
The phenomenon known as « British DO », exemplified in (1), involves the use of non-finite forms of DO and is generally considered a related but distinct linguistic phenomenon. However, it has been suggested in the literature (Pullum & Wilson 1977, Baltin 2012, Thoms & Sailor 2018, inter alia) that British DO might be viewed as a form of VPE.
This assumption gains support from the observation that British DO is seldom encountered in other varieties of English, notably in American English, where instances of ellipsis would be expected instead:
(1) I said that and I realized that I’d said it and I shouldn’t have done. (BNC, British DO)
Compare: I shouldn’t have (VPE, AmE)
Building on the groundwork laid by Kertz and Miller, I undertook to examine the discourse conditions licensing the use of British DO. The study I propose to present focuses on 418 occurrences of British DO collected from the Spoken BNC. Each occurrence was carefully analyzed in terms of subject-focus and auxiliary-focus, with special attention paid not only to polarity, but also tense, modality and aspect.
The results of the study reveal that over 97% of occurrences of British DO involve auxiliary focus, which is even greater than what Miller found in the case of VPE. However, unlike VPE, modality is determined to be the leading factor licensing British DO, whereas polarity focus is a factor in only 11.3% of occurrences.
In light of these findings, I conclude that British DO is indeed a variant of VPE, but that the discourse conditions licensing its use are far more restricted than those governing conventional VPE.
Bibliography
Baltin, Mark. 2012. « Deletion versus Pro-Forms: An Overly Simple Dichotomy? » Natural Language & Linguistic Theory 30 (2): 381-423.
Kehler, Andrew. 2000. « Coherence and the Resolution of Ellipsis ». Linguistics and Philosophy 23(6): 533-575.
Kertz, Laura. 2008. « Focus Structure and Acceptability in Verb Phrase Ellipsis ». In Natasha Abner (ed.), Proceedings of the 27th West Coast Conference on Formal Linguistics. Somerville, MA: Cascadilla Press.
Kertz, Laura. 2010. « Ellipsis Reconsidered ». PhD Thesis. University of California, San Diego.
Kertz, Laura. 2013. « Verb Phrase Ellipsis: The View from Information Structure ». Language 89 (3): 390- 428.
Miller, Philip. 2011. « The Choice between Verbal Anaphors in Discourse ». Discourse anaphora and anaphor resolution colloquium. Springer, Berlin, Heidelberg. 82-95.
Miller, Philip & Barbara Hemforth. 2014. « Verb Phrase Ellipsis with Nominal Antecedents ». Ms., Retrieved from https://hal-univ-diderot.archives-ouvertes.fr/hal-01234401.
Miller, Philip & Geoffrey K. Pullum. 2013. « Exophoric VP Ellipsis ». The Core and the Periphery: Data- Driven Perspectives on Syntax Inspired by Ivan A. Sag. 5-32.
Pullum, Geoffrey, and Deirdre Wilson. 1977. « Autonomous Syntax and the Analysis of Auxiliaries ». Language 53 (4): 741.
Rooth, Mats. 1992. « A Theory of Focus Interpretation ». Natural Language Semantics 1, nᵒ 1. 75-116.
Thoms, Gary and Craig Sailor. 2018. « When silence gets in the way: Extraction from DO-ellipsis in British dialects ». In Proceedings of NELS (Vol. 48, pp. 145-155).
Biographie
Kimberly Oger is an associate professor at Université de Reims Champagne-Ardenne, where she teaches English linguistics as well as corpus linguistics and digital humanities. She is a member of the Cirlep research center and her research focuses mainly on corpus linguistics, syntax and verbal anaphora. She specializes in the study of all aspects concerning the licensing and use of British do.
Blandine Pennec
Université Toulouse Jean Jaurès
blandine.pennec@univ-tlse2.fr
ONLY en tant que marqueur argumentatif : questions de frontière entre l’emploi adverbial et l’emploi en tant que connecteur
Le terme only fait traditionnellement l’objet d’un emploi intégré au contenu propositionnel, portant sur un constituant précis de la phrase (ce constituant étant toutefois variable, car il peut s’agir de différents types de syntagmes). L’exemple ci-dessous permet de rappeler le rôle d’adverbe (prenant ici le sens de merely) portant sur le syntagme verbal et permettant de modifier la relation prédicative :
(1) But he’s found all this stuff. He only finds what we want him to find. (COCA, Movie, Epic, 2013)
Only joue alors un rôle intra-prédicatif. Toutefois, comme de nombreux adverbes, il peut par ailleurs jouer le rôle d’adverbe de phrase (cf. Guimier, 1988), autrement dit se caractériser par une portée, non plus intra- mais extraprédicative. La particularité de only réside toutefois dans le fait que cet emploi extraprédicatif peut s’accompagner d’une valeur de ligateur (il relie manifestement les segments qui l’encadrent), doublée d’une valeur argumentative : il semble en effet que only joue alors un rôle de connecteur, dans des emplois transphrastiques (2), mais aussi interpropositionnels (3) :
(2) An extremely annoying police detective stole my parking space this morning. Only, apparently, it’s not my space anymore. (COCA, Movie, I’ll Be Home for Christmas, 2016)
(3) He watched my face and visibly brightened. « See? » he said. « It’s awesome. » « It’s still a man-vs-man story, » Janet said, half to herself. « I need to work out a way to bring the bad guys into the show. » Dear Mom, I’ve never seen a TVshow up close before and it’s pretty weird. By the way, if they show you the bit where Debbie talks about her sister – that’s the woman I took to the embassy, only I couldn’ t talk her into going back to the States. (Fiction, Fantasy & Science Fiction, 2015, High Stakes, Kritzer, Naomi)
Il apparaît que, dans cet emploi, le marqueur only peut être paraphrasé par but en (2) ou (3) (ce dernier exemple pouvant aussi admettre des paraphrases en however ou except that). Naturellement, nous ne considérons pas la paraphrase comme étant strictement équivalente à la valeur du marqueur examiné, mais elle permet néanmoins de vérifier que cet emploi de only est différent de celui observé en (1) (une telle paraphrase étant alors impossible).
Les caractéristiques de cet emploi connectif, par contraste avec l’emploi en tant que simple adverbe, seront examinées en détail, ce qui reviendra à poser à la question de la ligne de partage (ou « frontière ») entre les deux emplois. Le statut syntaxique précis de only dans cet emploi connectif sera en outre discuté (tests syntaxiques à l’appui), afin de déterminer s’il s’agit d’une conjonction à proprement parler (et, le cas échéant, de quelle nature) ou d’un adverbe de liaison jouant le rôle de connecteur.
C’est ensuite son statut discursif qui sera questionné, en faisant contraster les propriétés d’un connecteur et celles d’un marqueur de discours.
L’étude cherchera également à caractériser la dimension argumentative attribuable à only dans cet emploi, sachant que les propositions reliées ne sont manifestement pas co-orientées. Les effets de sens précis pouvant être déclenchés en fonction des configurations d’accueil seront également recensés (sachant qu’only n’admet pas toujours la même paraphrase selon les exemples), de même que les conditions d’émergence de ces effets de sens. Ce sont ainsi les conditions de la « déformabilité » (cf. Culioli, 1986) de ce marqueur qui seront examinées. Au-delà de ces effets précis en contexte, la question de la valeur fondamentale de only (autrement dit du dénominateur commun duquel dérivent ses différents effets en contexte) se posera également afin de tâcher d’unifier l’ensemble des configurations.
Le corpus sur lequel se base cette étude est le COCA, toutes sections confondues. Non pas que le marqueur only dans cet emploi soit absent d’autres variétés d’anglais, mais l’objectif est de mettre en système l’ensemble de ses effets au sein d’une seule et même variété d’anglais, de façon à garantir le caractère comparable des occurrences relevées. L’objectif de ce travail est également de mettre en lumière un processus de grammaticalisation, voire de pragmaticalisation (ce point sera aussi discuté) à l’œuvre lors du passage du simple adverbe à l’emploi connectif.
Bibliographie
Culioli Antoine, 1990, « Stabilité et déformabilité en linguistique », in Études de Lettres, Langages et Connaissances, Université de Lausanne, 1986. Repris dans Culioli, Antoine, Pour une linguistique de l’énonciation, Opérations et représentations, Gap, Ophrys, Coll. « L’homme dans la langue animée par Janine Bouscaren », t. 1, p. 127-134.
Culioli Antoine, 1990, Pour une linguistique de l’énonciation, Opérations et représentations, Tome 1, Coll. L’Homme dans la langue, Gap/ Paris, Ophrys.
Deléchelle Gérard, 1993, « Connecteurs et relations inter-énoncés » in Jean-Rémi Lapaire et Wilfrid Rotgé (eds.), Séminaire pratique de linguistique anglaise, Toulouse : Presses Universitaires du Mirail, p. 173-194.
Erman Britt and Kotsinas Ulla-Britt, 1993, « Pragmaticalization: the case of ba and you know », Studier i modern språkvetenskap, p. 76-93.
Guimier Claude, 1988, Syntaxe de l’adverbe anglais, Lille, Presses Universitaires de Lille.
Guimier Claude (eds.), 2000, Connecteurs et marqueurs de connexions : syntaxe et sémantique, Caen, Presses Universitaires de Caen.
Halliday Michael, A.K. and Hasan Ruqaiya, 1976, Cohesion in English, Londres, Longman.
Hancil Sylvie (eds.), 2001, Marqueurs discursifs et subjectivité, Rouen, Publications des Universités de Rouen et du Havre.
Huddleston and Pullum, 2002, The Cambridge Grammar of the English Language, Cambridge University Press.
Quirk Randolph, Sidney Greenbaum, Geoffrey Leech and Jan A. Svartvik, 1985, A Comprehensive Grammar of the English Language, Londres et New York, Longman.
Traugott Elizabeth C. and Dasher Richard B., 2002, Regularity in Semantic Change, Cambridge University Press, Cambridge.
Biographie
Blandine Pennec est Professeur de linguistique anglaise à l’Université Toulouse II – Jean Jaurès et membre du laboratoire CAS. Elle a été directrice adjointe de l’UFR LLCE à Toulouse durant cinq ans, et enseigne principalement dans les préparations au CAPES et à l’Agrégation. Du point de vue de la recherche, elle travaille essentiellement en linguistique énonciative ainsi qu’en pragmatique. Elle a notamment publié un ouvrage sur les réajustements du discours, ainsi que sur les mots de la Covid-19.
Chloé Peres
Université Paris 13
chloeperes05@gmail.com
REMEMBER + proposition infinitive en to – de la nécessité de se souvenir au souvenir de la nécessité
L’anglais contemporain possède plusieurs verbes tels que remind, recall ou encore recollect pour référer à un processus de remémoration. Néanmoins, c’est remember qui est le verbe le plus fréquemment utilisé pour référer à un tel processus cognitif. Ce dernier peut être suivi par diverses subordonnées nominales, à titre d’exemple :
– Even though reality was that it was over, and I remember that my aunt passed.
– I remember feeling restrained, sly, and excited by all the new varieties waiting for me to taste them.
– He felt like he had to remember to breathe, or else he’d stop.
– Nobody could even remember if it was a two-door or a four-door.
– I don’t remember what she said.
Ces dernières n’apparaissent pas dans les mêmes conditions ni dans les mêmes contextes. Par ailleurs, il semblerait également que le type de subordonnée nominale influe sur la signification même du verbe, ce dernier dénotant une projection de l’esprit tantôt vers le passé, tantôt vers l’avenir.
En ce qui concerne l’emploi d’une proposition subordonnée infinitive en to en guise de complément direct de REMEMBER, il s’avère être soumis à certaines conditions. En effet, selon Kartunnen (1971) et Cotte (2006), l’association de REMEMBERED et d’une proposition subordonnée infinitive suppose deux notions bien précises: d’une part, il y aurait une sorte de nécessité qui pèserait sur le référent du sujet pour effectuer une tâche et d’autre part, il y aurait une notion de volonté de la part de ce même référent du sujet pour effectuer la tâche qui lui incombe. Par ailleurs, cette structure syntaxique n’est présente que dans 3,8% des occurrences recensées dans le cadre de cette recherche, tous schémas syntaxiques comprenant une proposition en guise de complément confondus.
En partant des hypothèses formulées par Kartunnen et Cotte, cette communication a quatre objectifs principaux – en s’appuyant sur des données et des occurrences issues de ma base de données et de mon échantillon, il s’agira de déterminer :
- la ou les raison(s) pour lesquelles cette structure est si peu fréquente
- les contextes ou conditions dans lesquelles on retrouve cette complémentation
- si le sémantisme du verbe recteur est influencé par cette complémentation
- l’effet de sens véhiculé par l’énoncé dans son ensemble, notamment si les idées de nécessité et/ou de volonté (qui paraissent contradictoires) sont présentes.
Bibliographie
ADAMCZEWSKI, Henri & DELMAS, Claude. 1998. Grammaire linguistique de l’anglais. Paris : Armand Colin.
COTTE, Pierre. 1982. « TO, opérateur de dévirtualisation en anglais », Modèles linguistiques IV, 2, : 135-149.
COTTE, Pierre (a). 2006. « De la cognition à la syntaxe : le complément dans la genèse du sens ». C. Delmas (éd.), Complétude, cognition, construction linguistique. Paris : Presses de la Sorbonne Nouvelle, : 29-34.
COTTE, Pierre. 2012. « Hiérarchies », E-rea 9.2, mis en ligne le 15 mars 2012 (< http://erea.revues.org/2652 >).
EGAN, Thomas. 2006. “The classification of non-finite complement constructions in English”. D. LEBAUD, C. PAULIN & K. PLOOG (eds.), Constructions verbales et production du sens. Besançon : Presses Universitaire de Franche-Comté: 187-199.
KARTTUNEN, Lauri. 1971. « Implicative Verbs ». Language, 47(2), 340-358. doi:10.2307/412084
KIPARSKY, Paul & Carol KIPARSKY. 1971.“Fact”. STEINBERG, Danny D, and Leon A. JAKOBOVITS. Semantics: An Interdisciplinary Reader in Philosophy, Linguistics and Psychology. Cambridge [England: University Press, pp.345-369
KHALIFA, Jean-Charles. 1999. La syntaxe anglaise aux concours CAPES-agrégation : théorie et pratique de l’énoncé complexe. Armand Colin
KHALIFA, Jean-Charles. 2004. Syntaxe de l’anglais. Paris : Ophrys.
LAPAIRE, Jean-Rémi & ROTGE, Wilfrid. 1998. Linguistique et Grammaire de l’anglais. Presses universitaires du Mirail.
Biographie
Chloé PERES est doctorante sous contrat à l’université Sorbonne Paris Nord. Ses travaux de recherche portent sur la complémentation des verbes qui dénotent un processus cognitif de remémoration. Elle est en 3ème année de thèse de doctorat sous la direction de Grégory FURMANIAK & Christelle LACASSAIN.
Stéfany Thierry
Université de Tours
stefany.thierry@univ-tours.fr
Enquête socio-phonétique sur les emprunts faits aux langues aborigènes en anglais australien contemporain
La colonisation britannique au début du 16ème siècle a permis de repousser les frontières de ses îles et ainsi de développer de manière considérable différentes variétés géographiques de l’anglais. Durant notre communication, nous nous intéresserons en particulier à la variété parlée en Australie et communément appelée ‘Australian English’ (notée AusE par la suite). Les déplacements de population, ses frontières déplacées ainsi que le contact avec d’autres populations ont permis à cette variété d’être aujourd’hui décrite par Butler comme suit:
« AusE is dear to the hearts of those of us who are Australian – we know each other by the sound of the language we speak, by the special words we use, by the sense of shared experience and a common history that filters through it. AusE therefore becomes one of the icons of our culture. » (2001, p.151). Comme mis en avant par l’auteur, c’est ce vocabulaire typique qui sera au cœur de notre communication et plus particulièrement les emprunts faits aux langues aborigènes d’Australie (‘Indigenous Languages of Australia’, expression abrégée ILA par la suite) présents en AusE.
En nous intéressant aux théories sur les emprunts, nous avons pu relever chez différent.e.s auteur.e.s (Deroy 1956, Poplack 2018 et Treffers-Daller 2007) que l’assimilation de l’emprunt dans la langue cible (AusE ici) pouvait être déterminée par son ancienneté et sa fréquence d’usage. En effet, plus l’emprunt est vieux et utilisé, plus sa prononciation va être adaptée à la prononciation de la langue cible. Nous avons voulu rendre compte de la place que prennent les emprunts aux ILA dans la variété de l’AusE, tant de manière quantitative que qualitative. Alors qu’il existe des corpus de fréquence pour l’anglais britannique et l’anglais américain (respectivement BNC et COCA), il semble qu’un tel corpus n’existe pas pour la variété d’anglais australien. En nous basant sur notre corpus de thèse contenant tous les emprunts provenant des ILA contenus dans la variété d’AusE, et plus particulièrement dans 3 des éditions du dictionnaire de référence pour cette variété, le Macquarie Dictionary (noté MQD), nous avons décidé de travailler à la mise en place d’une micro-étude socio-phonétique réalisée en ligne et sur le terrain afin de rendre compte des différences de prononciation des emprunts en fonction de leur fréquence d’usage.
Sur les quelques 800 emprunts provenant de 75 ILA différentes, nous avons proposé, dans un premier temps, un test de perception des locuteurs vis-à-vis de leur usage pour 56 substantifs afin d’avoir une tendance d’usage pour ces derniers, et dans un deuxième temps, nous avons proposé aux locuteurs qui le souhaitaient de s’enregistrer (ou de les enregistrer lors de notre travail de terrain) en train de prononcer certains de ces mots choisis par nos soins. Notre communication portera donc sur la mise en place de cette micro-étude et les résultats qui en découlent en prenant en compte le biais possible apporté par l’introspection. Nous espérons pouvoir mettre en lumière l’importance de la fréquence d’usage dans la variation de prononciation considérant que cette dernière sera plus présente si l’emprunt est moins fréquent. Cela viendrait alors confirmer que l’assimilation phonétique de l’emprunt est bien déterminée par sa fréquence d’usage.
Bibliographie
Butler, S. (2001). Australian English—An identity crisis. In English in Australia (p. 151-161). John Benjamins Publishing Company.
Deroy, L. (1956). L’emprunt linguistique (Presses Universitaires de Liège, Les Belles Lettres).
Macquarie Dictionary (5ème édition). (2009). Pan Macmillan.
Macquarie Dictionary (eighth edition). (2020). Pan Macmillan.
Macquarie Dictionary (on line). (s. d.). Pan Macmillan.
Poplack, S. (2018). Borrowing. Oxford University Press.
Treffers-Daller, J. (2007). Borrowing. John Benjamins Publishing Company, Handbook of Pragmatics.
Biographie
Stéfany Thierry est doctorante en 4ème année au sein du Laboratoire Ligérien de Linguistique sous la direction de M. Jean-Michel Fournier et en co-encadrement de Mme Marjolaine Martin. Son travail porte sur la variété d’anglais australien contemporain et plus particulièrement sur les emprunts lexicaux faits aux langues aborigènes, que l’on retrouve aujourd’hui dans le vocabulaire de cette variété. Sa recherche est basée sur une étude dictionnairique et a pour but de comparer la prononciation de ces emprunts dans la langue aborigène d’origine et la prononciation en anglais australien contemporain. En parallèle, elle enseigne la langue orale ainsi que la grammaire et la linguistique au sein du département d’anglais de l’Université de Tours depuis 2 ans.
Fabienne Toupin
Université de Tours
fabienne.toupin@univ-tours.fr
JUMP : expression du dépassement et frontière
La réflexion qui guide cette proposition de communication s’inscrit dans le cadre d’une opération de recherche menée dans un laboratoire de linguistique sur l’expression du dépassement dans les langues naturelles. Elle a pour objet jump, terme transcatégoriel (verbe, nom, adjectif et adverbe), le verbe ayant été retenu pour cette étude. Ce verbe n’est attesté qu’à partir de 1500 environ, c’est-à-dire au début de l’époque moderne dans la périodisation de l’histoire de l’anglais.
L’analyse s’inscrira dans le cadre théorique de la Théorie des Opérations Prédicatives et Énonciatives (TOPÉ), élaborée par Antoine Culioli et ses collaborateurs. Ce n’est donc pas une étude sémantique qui sera menée, mais une étude énonciative : jump sera traité d’abord et avant tout comme un marqueur, c’est-à-dire comme un marqueur d’opération. À travers l’examen d’une diversité d’emplois, il s’agira premièrement de nous demander quelles sont les propriétés de jump qui le rendent apte à construire la valeur de dépassement dans les énoncés anglais le contenant[13]. Deuxièmement, on s’interrogera sur le mode de fonctionnement spécifique et invariant du marqueur jump ; l’analyse menée devrait permettre d’esquisser une proposition de forme schématique.
La réflexion s’appuiera sur des énoncés en anglais moderne et contemporain contenant ce qu’il est convenu d’appeler des expressions idiomatiques[14]. Ces énoncés proviennent de l’Oxford English Dictionary (qui a la spécificité de fonctionner aussi comme une base de données répertoriant les exemples les plus anciennement connus) et du Corpus of Contemporary American English. Dans le cadre théorique retenu, les expressions idiomatiques ne sont pas traitées différemment des autres emplois, mais elles permettront de délimiter un corpus d’exemples à la fois original et relativement maniable, aux proportions mieux adaptées à une communication. On montrera que la principale propriété permettant à jump d’exprimer le dépassement est qu’il implique la représentation de trois zones distinctes : X (zone de départ), Y (zone d’arrivée) et Z, zone à franchir qui peut à l’occasion être représentée comme une frontière. C’est ce que l’on peut observer dans les exemples ci-dessous :
(1) « Adiós, old fruit. Hasta luego. Go and jump in the nearest lake. » (1968)
On a défigement partiel, par ajout de l’adjectif nearest, d’une expression idiomatique employée pour demander à quelqu’un de s’en aller, d’une manière grossière et/ou méprisante. Initialement (avant l’ordre), à un moment Ti, l’interlocuteur se trouve dans une zone X qui est à proximité du locuteur. L’ordre donné vise à faire passer l’interlocuteur en Tj dans une autre zone, Y, celle du lac, dans laquelle il n’est plus à proximité du locuteur et même plus visible de ce dernier. Pour ce faire, l’interlocuteur est amené à franchir une zone Z, qui est la distance qui le sépare du lac.
(2) If you think the show’s already passed its peak, be sure to vote for it at ‘Jump the Shark’.., a site that pinpoints the moment of each TV show’s decline. The name comes from the ‘Happy Days’ show where Fonzie jumped a shark tank… Has ‘SP’ [sc. the television show South Park] ‘jumped the shark’ with its April Fools’ episode? Only time and ratings will tell. (1998)
Jump the shark, d’un niveau de langue argotique, exprime le déclin, en qualité ou en popularité, d’une émission de télévision, déclin qui peut être marqué par un événement particulier. À l’instant Ti (antérieur au « April Fools’ episode »), la série télévisée « South Park » se trouvait dans une zone X qui est celle de la qualité, de la popularité et du succès. En Tj, le locuteur se demande si elle est passée dans la zone Y, qui est celle du déclin, en termes qualitatifs ou en audience. Si oui, pour ce faire, elle a franchi une zone Z qui correspond à un moment ou événement particulier marquant le début du déclin – événement qui fut initialement, dans l’émission « Happy Days », un saut par-dessus un bassin à requins.
(3) If, through mistake, I jumped a man’s claim, as soon as I knew it, I jumped off again. (1848)
L’expression idiomatique jump a claim, surtout employée aux États-Unis, en Australie et en Afrique du Sud, renvoie à l’appropriation illégale de terres ou à de mines. Au départ, à l’instant Ti, le locuteur se trouvait ds la zone X où il n’était pas entré en possession d’un terrain appartenant en réalité à autrui. En Tj il se trouvait en Y, zone où il s’était adjugé ce terrain. Pour ce faire, il avait dû franchir une zone Z, celle de l’appropriation du terrain et de la violation d’une règle de droit, zone que l’on peut donc voir comme une frontière entre légalité et illégalité.
Dans les énoncés contenant jump, le dépassement peut être de type spatial, temporel ou encore notionnel, et ce que l’on nomme « Z » peut être représenté comme une distance à franchir (ex. 1), un obstacle à franchir (ex. 2), ou encore une frontière à franchir (ex. 3). Au-delà de la variation inhérente à des emplois syntaxiquement très différents et à des effets de sens variés, le mode de fonctionnement spécifique et invariant du marqueur jump qui sera proposé mettra en avant qu’à un titre ou à un autre, Z est toujours représenté comme problématique pour le référent du sujet ; le dépassement se fait alors en passant par-dessus Z ou bien en contournant/évitant Z, que Z soit représenté comme une frontière à franchir ou autre.
Bibliographie
Culioli Antoine, 1990, Pour une linguistique de l’énonciation, t. I : Opérations et représentations, Paris/Gap, Ophrys.
Culioli Antoine, 1999a, Pour une linguistique de l’énonciation, t. II : Formalisation et opérations de repérage, Paris/Gap, Ophrys.
Culioli Antoine, 1999b, Pour une linguistique de l’énonciation, t. III : Domaine notionnel, Paris/ Gap, Ophrys.
Osu Sylvester N., 2011, Entre énonciation, phonologie et ethnolinguistique : contribution à la description de l’ikwere. Dossier de synthèse (non publié), Habilitation à Diriger des Recherches, Université d’Orléans.
Biographie
Ancienne étudiante de Paris 3 et de l’INALCO, j’ai soutenu ma thèse de doctorat en 1995 sous la direction d’Henri Adamczewski et mon HDR en 2012 en ayant Jean-Jacques Lecercle comme garant. Je suis Professeure de linguistique anglaise à l’Université de Tours et membre du Laboratoire Ligérien de Linguistique (UMR 7270, Universités d’Orléans et de Tours, CNRS, Bibliothèque Nationale de France). Mes principaux domaines de recherche sont : le lexique du vieil-anglais et son influence sur la structure lexicale de l’anglais contemporain ; la grammaticalisation et le changement sémantique ; l’approche énonciative de l’anglais contemporain (entre autres langues). Je dirige actuellement 4 thèses de doctorat et j’ai fait soutenir une vingtaine de mémoires de M2. Je donne des cours de la L2 au M2 en passant par la formation aux concours d’enseignement. Je co-dirige une équipe dans mon UMR ainsi qu’un Master recherche. Je dirige une des cinq écoles doctorales de l’Université de Tours.
Brasart Charles, L’Alternance codique : structurer le sens en conversation bilingue, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2024. ↑
Gumperz John, Discourse strategies, Cambridge University Press, Cambridge, 1982 ; Myers-Scotton Carol, Dueling languages: Grammatical Structure in Code Switching, Clarendon Press, Oxford, 1993. ↑
Altarriba Jeanette, Bauer Lisa M. et Benvenuto Claudia, « Concreteness, context availability, and imageability ratings and word associations for abstract, concrete, and emotion words », Behavior Research Methods, Instruments, & Computers, no 4, vol. 31, 1999, p. 578‑602, [https//doi.org/10.3758/BF03200738]. ↑
Myslín Mark et Levy Roger, « Code-Switching and Predictability of Meaning in Discourse », Language, no 4, vol. 91, 2015, p. 871‑905. ↑
Angermeyer Philipp Sebastian, « Lexical cohesion in multilingual conversation », International Journal of Bilingualism, no 4, vol. 6, 2002, p. 361‑393, [https//doi.org/10.1177/13670069020060040101]. ↑
Clyne Michael, « Constraints on code switching: How universal are they? », Linguistics, no 25, 1987, p. 739‑764. ↑
Zentella Ana Celia, Growing Up Bilingual, Blackwell Publishing, New York, 1997 ; Romaine Suzanne, Bilingualism, 2e éd., Blackwell Publishing, Oxford, 1995. ↑
Givón Thomas, « Iconicity, isomorphism, and non-arbitrary coding in syntax », in John Haiman (dir.), Typological Studies in Language, John Benjamins Publishing Company, Amsterdam, vol.6, 1985, p. 187‑220, [https//doi.org/10.1075/tsl.6.10giv]. ↑
Myslín Mark et Levy Roger, « Code-Switching and Predictability of Meaning in Discourse », op. cit., 2015, p. 878 et 879 871‑905. ↑
Ibid., p. 878‑879 871‑905. ↑
Eppler Eva, Emigranto: The Syntax of German-English code-switching, Braumüller, Vienne, 2010. ↑
Our study is based on a comparative study of 100 idioms in English, French, Spanish, Italian and German. ↑
Plus précisément, jump exprime le franchissement, lequel représente une forme de dépassement. Le TLFi (s.v. franchir) distingue ainsi deux séries de sens :
A. Aller, souvent avec effort, au-delà de quelque chose qui sépare.
B. Passer, traverser hardiment des endroits difficiles, de grandes étendues, de grands espaces. ↑Voici les principales expressions idiomatiques comprenant le verbe jump : jump (or go (and) jump) in the lake ; jump to the eye(s) ; jump out of one’s skin ; jump down a person’s throat ; jump to it ; jump (the) ship ; jump the points et jump the rails ; jump a bounty ; jump a claim ; jump (one’s) bill ; jump one’s bail ; jump the lights ; jump the gun ; jump the queue ; jump (someone) in/out ; jump the shark ; jump (over) the/a broom/broomstick. ↑